Le cinéaste, comédien, scénariste et producteur portugais Joao César Monteiro est décédé ce lundi 3 février à l'âge de 64 ans, des suites d'une longue maladie. Artiste expérimental et sulfureux, célèbre notamment pour sa perversité et sa lubricité, chantre de son propre style (le "montérisme"), volontiers schizophrène (son alter-ego, Joao de Deus apparaît dans certaines de ses oeuvres), il est devenu en une vingtaine de films l'un des plus grands noms du cinéma portugais.
Né en 1939 à Figueira de Foz, Joao César Monteiro exerce d'abord la profession de critique de cinéma, avant de partir vers l'Angleterre pour y suivre des études à la London School of Film Technique. Après plusieurs courts métrages (Sophia de Mello Breyner Andresen, 1968 ; Celui qui attend des souliers du défunt meurt pieds nus, 1969 ; Qui court après les souliers d'un mort meurt nu-pieds ; 1971), il signe en 1975 son premier long, Chemins de traverse, suivi des Chemins deux ans plus tard.
En 1986, il se met une première fois en scène dans A fleur de mer, puis en 1989 dans la comédie dramatique Souvenirs de la maison jaune, récompensée par le Lion d'argent au Festival de Venise. Suivront L'Eau : le dernier plongeon / Le Dernier Plongeon en 1992, puis La Comédie de Dieu en 1995, dans lequel il incarne un vieux vendeur de glace obsédé par ses jeunes employées (Grand Prix Spécial du Jury et nomination au Lion d'or au Festival de Venise). Le Bassin de J.W. (1997) et Les Noces de Dieu (1999) lui permettront de diriger à nouveau le personnage de Jean de Dieu (Joao de Deus), avant d'aborder sa dernière oeuvre, des plus controversées : le désormais célèbre Blanche-Neige en noir et noir, constitué de 75 minutes d'écran noir et de quelques images...
Yoann Sardet avec AFP