Qui aurait pu deviner que derrière les images de Drame au Far-West se cachait en réalité un trésor ? C'est sous ce nom que sommeillait depuis les années soixante-dix, dans les cellules des Archives du film du Centre National de la Cinématographie, A l'assaut du boulevard réalisé par John Ford.
Un film perdu
A l'assaut de broadway est le dernier film réalisé par Jack Ford en 1917. John Martin Feeney, qui n'en est alors qu'à ses débuts de réalisateur, ne prendra le nom de John Ford qu'en 1923. Jusqu'ici, seuls huit des soixante-dix films muets qu'il avait réalisé étaient disponibles, dont Straight shooting tourné la même année et redécouvert il y a près de dix ans à Prague.
Le film a été retrouvé dans les archives du CNC, sous le titre Drame au Far-West. Ce n'est qu'après s'être aperçu qu'Harry Carey était le héros de ces quatre bobines que l'équipe chargée de l'inventaire s'est aperçue de l'erreur d'étiquetage. Restait alors à comparer l'histoire de ce western muet à la production américaine de l'époque et à la filmographie de l'acteur pour lui restituer son véritable titre...
Un long travail de restauration
La découverte d'un nouveau film de John Ford était un événement suffisamment important pour mettre en chantier un long et difficile travail de restauration, initié par le service des Archives du film et du dépôt légal du Centre National de la Cinématographie. Cet organisme fondé en 1969 a pour mission de gérer le patrimoine accumulé depuis des décennies : près d'un million de bobines sont ainsi conservées et répertoriées.
La restauration d'A l'assaut du boulevard a demandé un travail particulier, l'unique copie retrouvée du film étant très endommagée. Il a donc fallu corriger les rayures et la stabilité des images : le film a bénéficié pour cela des avancées de la technologie, et la restauration s'est faite dans son intégralité sur un support numérique permettant notamment de recréer une meilleure qualité d'image.
A l'assaut du boulevard sera à nouveau visible dès les 13 et 18 octobre prochains à New York, dans le cadre du Festival Film Preservation organisé par le musée d'art moderne (MoMa).
Boris Bastide