Polémique autour du Festival de Marrakech. L'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun s'en est violemment pris à Pedro Almodovar, qui a décliné l'invitation du Festival pour un hommage spécial. Dans une lettre ouverte publiée le 17 septembre dans le quotidien catalan La Vanguardia, Tahar Ben Jelloun accuse le cinéaste espagnol de céder aux "pressions médiatiques et politiques" alors que les relations entre l'Espagne et le Maroc sont encore tendues après la crise de l'îlot Persil, que convoitent les deux pays, en juillet dernier.
Pour le romancier, Pedro Almodovar "choisit le conformisme propre à un héritier du franquisme et grossit ainsi les rangs d'une majorité d'Espagnols pétris de préjudices anti-arabes, qui pratiquent un racisme vulgaire et qui justifient l'occupation de villes marocaines comme Ceuta et Mellila" (enclaves espagnoles en territoire marocain, NDLR).
Almodovar se défend
Des accusations réfutées par le metteur en scène de Parle avec elle, qui a qualifié l'intervention de Tahar Ben Jelloun "d'absurde, stupide, insultante, irréelle et injuste. J'ai du mal à croire qu'il ne s'agit pas d'une plaisanterie de mauvais goût", ajoute-t-il le 19 septembre dans le même quotidien La Vanguardia.
Pedro Almodovar affirme avoir pris "seul la décision de ne pas aller à Marrakech, en fonction de mon agenda et des circonstances professionnelles et personnelles, sans aucune interférence extérieure, et encore moins de pressions médiatiques ou politiques". "Je déplore que mon absence soit utilisée comme un argument supplémentaire au service de la confrontation culturelle que le monde vit actuellement", ajoute-t-il, avant d'exprimer son admiration "pour le peuple marocain et Marrakech".
Thomas Colpaert avec AFP