Ce mercredi 24 avril au Gaumont Marignan, Gilles Jacob , président du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, délégué artistique et Véronique Cayla, directrice générale, confessaient à la presse leur soulagement d'avoir enfin sélectionné les films de la compétition officielle de Cannes 2002: "On y est arrivé finalement". Car cette année, ce sont 2 281 films qui ont été visionnés dont 939 longs métrages, alors qu'en 1997 seuls 861 films avaient été soumis au comité de sélection ! Et les oeuvres retenues feront forcément des mécontents car certaines zones géographiques sont moins représentées que d'autres, à l'image de l'Amérique latine ou de l'Europe de l'Est.
Plaisir en musique
L'un des maîtres mots de cette 55e édition du Festival sera le plaisir: "plaisir magique provoqué par la magie du cinéma", comme l'a souligné Véronique Cayla et concrétisé par un film de 26 minutes sur l'Histoire du Festival réalisé par Gilles Jacob. Plaisir et musique iront de paire avec un hommage appuyé à Billy Wilder, un concert composé de bandes orginales des films de Jacques Tati, et une promenade musicale matérialisée par des colonnes lumineuses qui diffuseront la musique des films qui ont fait Cannes. Un plaisir partagé puisque le public sera plus étroitement associé aux festivités grâce à la projection d'oeuvres sur la plage Macé, rebaptisée "salle des sables".
Outre ces événements, les longs métrages de la sélection officielle comportent plus de comédies que lors des éditions précédentes à l'exemple de Punch-drunk love de Paul Thomas Anderson ou encore de Hollywood ending en ouverture le 15 mai en présence de Woody Allen : une façon de répondre aux critiques qui accusaient la manifestation de se cantonner dans une tonalité tragique.
Engagement en Méditerranée
Les films "engagés" n'ont pas pour autant été écartés de cette programmation 2002. Parmi eux se trouvent le seul documentaire sélectionné en compétition, Bowling for Columbine de Michael Moore, qui évoque la tuerie perpétrée par des élèves américains dans leur propre école. La présence du réalisateur palestinien Elia Suleiman et de l'Israëlien Amos Gitaï rappellera la tragédie qui se joue actuellement au Moyen-Orient. Et la réalisatrice italienne Francesca Comencini viendra présenter hors compétition dans la salle Bunuel son documentaire sur l'assassinat d'un jeune manifestant lors du sommet de Gênes.
Cet engagement sera représenté majoritairement par des auteurs issus de pays méditerranéens : c'est l'une des grandes tendances de cette édition 2002. Sur les 33 nationalités de la sélection officielle (dont 15 en compétition), figurent l'Algérie, la Turquie, le Liban, la Syrie, le Portugal et l'Arménie.
Des stars, des inconnus, et plus d'Anglo-saxons
Après une édition 2001 qui reposait sur de grands réalisateurs habitués de la Croisette, le Festival met l'accent sur de jeunes cinéastes dont six d'entre eux présenteront leur premier film comme Fernando Meirelles (Cidado de deus). Et de nouveaux noms apparaîtront comme Im Kwon-taek (Chihwaseon) ou encore Jia Zhang Ke (Ren Xiao Yao).
Avec trois films en compétition et un dans la catégorie "Un Certain regard", le cinéma anglais revient en force à Cannes. C'est le cas également du cinéma américain avec deux films en compétition et les oeuvres de Woody Allen, le dessin animé Spirit, l'étalon des plaines, le dernier Barbet Schroeder (Murder by numbers) et les vingt minutes de Gangs of New York projetées en avant-première et qui mondiale s'acccompagneront de la venue de stars (Leonardo DiCaprio, Cameron Diaz ou Sandra Bullock).
Amélie Charnay