Lors d'une conférence à Paris organisée le mardi 11 décembre par le Club de la presse arabe sur le thème "Faire du cinéma après le 11 septembre", le réalisateur Youssef Chahine a partagé, trois mois jour pour jour après la destruction du World Trade Center, son ressentiment vis à vis des Etats-Unis depuis cette date fatidique. Il s'est violemment opposé à une montée de la stigmatisation d'une population par Washington. "Après avoir diabolisé le Japonais et le Russe : l'Arabe (...) Ils ont lié, et c'est très, très dangereux, terroriste et musulman", a déclaré le réalisateur de Silence... on tourne.
En substance, le cinéaste égyptien a souhaité briser la vision manichéenne, qui depuis trois mois trouble la compréhension des événements internationaux. Il s'est insurgé de façon violente contre l'insolence du gouvernement Bush qui se permet d'accaparer le monopole de la justice alors que leur politique étrangère dans le monde arabe n'a jamais été exemplaire.
La peur d'autrui
Pour ce cinéaste qui a lutté contre l'obscurantisme à travers ses films, les préjugés et la méconnaissance de tous bords attisent la haine en Amérique, en Afghanistan, en Israël en Palestine ... Il a fait remarquer que c'est la peur d'autrui qui l'inquiète le plus vis à vis de la politique américaine. "Ils n'ont jamais éprouvé la nécessité de savoir qui est l'autre", a t-il affirmé. Cependant, il a nuancé ses propos en rappelant que la corruption de nombreux pays orientaux ainsi que la lâcheté des Arabes face au cas d'Israël contribuaient tout autant à envenimer le conflit.
Est-ce que cette rancoeur nourrira la Colère le prochain projet de Youssef Chahine, où il racontera sa relation avec les Etats-Unis et comment cette dernière a évolué jusqu'au 11 septembre 2001 ?
David Custodio avec AFP
