Un sentiment de révolte planait aujourd'hui sur la Mostra lors de la conférence de presse de The Navigators de Ken Loach, un cinéaste connu pour ses films engagés et ses positions politiques très "à gauche". Ardent défenseur d'une classe ouvrière anglaise laminée par le libéralisme à tout crin initié par Margaret Thatcher, Ken Loach a profité de la présentation de son film à Venise pour attaquer le gouvernement italien.
The Navigators relate l'histoire de ces travailleurs du rail britanniques qui furent confrontés à la libéralisation de leur service public. Sujet inspiré de l'histoire vraie de Rob Dawber, licencié à la privatisation de son entreprise, et qui a succombé il y a quelques mois à la suite d'un contact prolongé avec l'amiante.
"Qui organisera la résistance ?" a demandé en substance le cinéaste, qui déplore la démission des syndicats transalpins. Et de jeunes militants italiens anti-mondialisation de promettre la vie dure à Silvio Berlusconi. Plus que la politique de Silvio Berlusconi, c'est le nombre croissant de privatisations en Europe que Ken Loach entend dénoncer, car elle conduisent selon lui à la destruction du tissu social. Il en fera d'ailleurs le sujet de son prochain long métrage en prenant pour exemple des adolescents britanniques scolarisés mais obligés de travailler à mi-temps pour aider leurs parents au chômage.
Nul doute que les déclarations de Ken Loach vont alimenter les rancoeurs du gouvernement italien contre les dirigeants du Festival de Venise, qui ont eu l'audace d'inviter les réalisateurs du documentaire sur les coulisses du G-8 de Gênes qui continue de poser tant de problèmes à Silvio Berlusconi. Le calme majestueux de la cité des Doges et de ses palais aristocratiques a été rompu le temps d'une conférence de presse tumulteuse.
A.C. avec l'AFP