Le 28 mai dernier. Environ 5 000 paysans de Dahab, une île dans les quartiers sud du Caire, ont manifesté sur le pont autoroutier de Mounib, qui traverse le Nil au dessus de leur île. Ils protestaient contre les menaces d'expulsion du gouvernement égyptien, qui selon eux, a des projets touristiques à Dahab.
L'île de Dahab, très agricole, s'étend sur environ cinq kilomètres. 55 000 paysans y habitent. Selon le journal gouvernemental Al Ahram, les expropriations ont été décidées par le Premier ministre, pour permettre de réaliser "un projet d'intérêt général", dont la nature n'est pas précisée.
"Je n'ai pas envie de voir des gratte-ciel au milieu du Nil. Cette île est un poumon dans la ville. Depuis plusieurs années, il y a une volonté délibérée de ne pas développer les infrastructures sur Dahab", a expliqué le cinéaste égyptien Youssef Chahine.
Le réalisateur du Destin et de L'Emigré veut faire un film pour "dénoncer nommément" les responsables de ce projet. "Quelle différence y a-t-il entre Ariel Sharon (le Premier ministre israélien) et notre Premier ministre (Atef Ebeid)? Les deux sont en train de chasser les gens de leur terre", s'est emporté Youssef Chahine.
Mais avant de s'attaquer à ce projet, le cinéaste égyptien achève son nouveau long métrage, Silence, on tourne, une production franco-égyptienne qui devrait sortir en septembre. "C'est une histoire d'amour, un amour dangereux, entre une artiste et un arriviste", a-t-il expliqué. La chanteuse tunisienne Latifa, qui vit en Egypte, y tient le rôle principal. "Une voix prodigieuse, que je vais faire redécouvrir", a-t-il déclaré.
"Le Festival de Venise est intéressé, mais je ne présente plus mes films dans les compétitions. J'ai été primé, place aux autres !", affirme Youssef Chahine, qui a reçu en 1997 le Prix du cinquantenaire du Festival de Cannes, pour l'ensemble de son oeuvre.
M-C.H. avec AFP