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    Caroline Ducey

    Pour la sortie de "La Chambre Obscure" de Marie Christine Questerbert, l'actrice principale Caroline Ducey se livre dans "Parole de Star".

    AlloCiné : Si vous n'aviez pas été actrice, qu'auriez-vous fait ?

    Caroline Ducey : J'aurais bien aimé être une rock-star... Etre Jimmi Hendrix mais c'est impossible... Sinon, j'aurais bien aimé être médecin... Mais je ne peux rien faire d'autre que ce métier qui me plaît. Et puis la musique et la danse sont totalement compatibles avec ce que je fais.

    Le premier film que vous ayez vu sur grand écran ?

    Le premier film que j'ai vu au cinéma ? J'avais quatre ans ; c'était Rox et Rouky. C'était un grand événement cette première fois où j'allais au cinéma. Après ça du être E.T.. C'était énorme....

    Puis à l'adolescence, ça a du être Le Nom de la Rose, Autant en emporte le vent. J'ai vraiment commencé à aller au cinéma à l'âge de 14 ans. Je ne voyais pas trop de films en fait.

    Est-ce que vous vous rappelez de votre première réplique ?

    Oui, c'était "On va tout faire péter ! T'inquiète pas, de toute façon s'ils ne veulent pas te réintégrer, on fera sauter le lycée." Voilà, c'était dans Trop de bonheur de Cédric Kahn. Ma première scène, je courais donc je ne disais rien. Mais après c'était celle-ci ma première réplique. (air songeur) Il y en a peut-être une avant... mais c'est de celle-là dont j'ai envie de me souvenir (rire).

    Quelle est votre actrice de référence ?

    Gena Rowlands, Isabelle Adjani.... Je suis fasciné par Kim Basinger mais parce que je la trouve très belle. Mon actrice de référence en ce moment ? J'aime beaucoup Jennifer Jason Leigh. Je trouve très intéressant ce qu'elle fait. Parce qu'elle change tout le temps de facette, de voix. J'aime bien sa façon de travailler.

    Quel est votre plus grand souvenir professionnel ?

    Le premier film que j'ai fait [Trop de bonheur de Cédric Kahn]. Parce que je ne savais pas du tout ce qu'était un casting et que le film a un peu marché - il est quand même allé à Cannes... C'était extraordinaire parce qu'on avait tous 15-16 ans, on avait jamais fait de cinéma. Tous les films que j'ai fait, je les aime. Il y a eu Romance qui était un petit peu plus intense, mais en même temps, il correspondait à l'intensité que je pouvais apporter à l'époque. Donc c'est vrai que mon plus grand souvenir c'est quand même Trop de bonheur

    Votre plus grand regret professionnel ?

    Il y a eu des déceptions quand j'avais l'impression de dégager tout le temps des choses trop tristes... L'impression aussi de ne pas voir tirer mes personnages beaucoup plus vers le haut. Mais en même temps, les personnages que j'ai joué jusqu'à présent étaient soit des jeunes filles en révolte, assez violente, soit un peu torturées avec des émotions plutôt sombres et lourdes. Donc c'était difficile... Sinon, je n'ai pas vraiment de regret puisque j'ai donné tout ce que je pouvais.

    Quelle a été la rencontre déterminante dans votre carrière ?

    J'ai envie de dire un directeur de casting qui s'appelle Antoine Cararre. C'est le premier qui m'a fait confiance, qui m'a fait débuté. J'ai appris énormément sur Trop de Bonheur, mon premier tournage puisque en fait je faisais pas mal de théâtre déjà... Ce n'était pas franchement naturel et familier pour moi de me retrouver devant une caméra. J'ai compris quel était le plaisir fondamental d'un acteur ou d'une actrice. A savoir que c'est un moment où l'on est totalement dépossédé... La vie arrive et le personnage est là... C'est absolument extraordinaire et totalement jubilatoire. On essaye de retrouver cette sensation à chaque film...

    Quel est votre plus grand désir dans ce métier?

    Là maintenant, j'aimerais bien faire une comédie musicale, où je chante et danse, où je suis investie totalement. J'aimerais bien faire des films où physiquement il y a un investissement très fort. Soit incarner un personnage historique qui a une vie palpitante, soit trouver un réalisateur suffisamment vif, drôle et intelligent pour inventer une histoire passionnante.

    Si votre carrière s'interrompait du jour au lendemain, qu'est-ce que vous regretteriez le plus ?

    Ce serait terrible. Je regretterais le bonheur de tourner, de ne plus pouvoir faire vivre des personnages dans lesquels je crois et qui, j'espère, nourrissent les gens. Ce qui me tient à coeur, c'est d'essayer de croire que ça peut nourrir certaines personnes. C'est peut-être totalement faux mais c'est mon moteur...

    Petit exercice de style : pouvez-vous résumer La Chambre Obscure ?

    C'est une histoire de quête amoureuse. En fait, c'est une jeune fille [Aliénor] très naïve - ça se passe au XIVème siècle – qui tombe amoureuse de son ami d'enfance. Etant donné qu'il n'est pas du même milieu social, il est parti à la cour du Roi de France pour suivre son éducation. Elle va le retrouver mais il faudra qu'elle s'adapte au désir de liberté de Bertrand qui ne s'attend pas du tout à la venue de cette petite amie d'enfance.

    Parce qu'elle est très savante sur le plan médical - son père est médecin -, elle a une manière d'aborder le monde assez scientifique. Elle décrypte tout ce qui l'entoure, autant les êtres que les choses, ce qui lui permet d'aborder les difficultés d'une manière assez ludique et volontaire. C'est histoire d'une rencontre et d'un chassé-croisé entre un homme et une femme...

    Qu'est ce qui vous a séduit dans La Chambre Obscure ?

    Lorsque je suis arrivée chez la réalisatrice [Marie Christine Questerbert], elle m'a fait lire un extrait du scénario et m'a montré une partie de son travail ; cela fait pas mal d'années qu'elle travaille sur ce projet. Elle a effectué un travail de documentation absolument admirable. Le film tire en fait son originalité d'une connaissance très poussée du XIVème siècle. Tout le film est vu à la manière dont les gens se voyaient entre eux. On a l'habitude de voir le Moyen-Age d'après des oeuvres du XIXème siècle, donc d'une manière très romantique, chaotique, sombre et sale. En fait c'est beaucoup complexe. On découvre la perspective et le mystère... Il y a des couleurs nouvelles qui sont créées... Par exemple, le bleu n'existait pas avant le Moyen-Age. Pour revenir aux perspectives, on remarque que les êtres humains sont encastrés dans des maisons qui ont la même taille qu'eux. Il y a un jeu avec les perspectives qui est complètement déstabilisant, vraiment passionnant.

    Marie Christine Questerbert m'a montré tout ça... J'aime beaucoup l'histoire et, de toute façon, un film en costume ça m'a séduite immédiatement. Le texte était écrit dans une langue qui n'était ni du Moyen-Age, ni d'aujourd'hui, c'était plutôt attractif.... Le désir est arrivé dès la première rencontre. Elle m'a raconté l'histoire. Je voulais approfondir le thème de la relation amoureuse, de la voir d'une autre manière. Ca s'est passé en une séance, je l'ai rencontrée et j'ai su que j'avais envie de travailler avec elle.

    Marie Christine Questebert qualifie votre personnage d'agresseur sexuel, de vierge pudique et en même temps de jeune fille ingénieuse. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette définition ?

    Oui elle veut parvenir à ces fins. Elle est très audacieuse parce qu'il faut surmonter sa fierté... A un moment, l'amour est plus fort que tout... Elle a bien tenté de s'en défaire... Elle puise toute sa réserve. J'aime cette idée d'être acharné quand on a un désir tellement impulsif et tellement violent qu'il faut l'épuiser jusqu'à la fin pour être sûr de lâcher prise. (...) Elle comprend bien que l'objet de son amour n'est pas amoureux, simplement parce qu'il n'est pas dans cette humeur là. Il n'est pas In the Mood for Love (rires). Il est dans une autre humeur, celle de la liberté, de découvrir la vie.

    Mais elle n'est pas agresseur sexuel, je suis pas vraiment d'accord. Parce que simplement elle a réussi à sauver le roi, elle obtient une récompense : pouvoir se marier avec un sujet du Roi. Il se trouve qu'elle a la possibilité de choisir son amour d'enfance. Il la quitte le soir même de leur nuit de noces. Elle reste quand même un an voire deux ans sans le voir, en lui envoyant simplement des émissaires. Elle reste quand même très calme et très discrète mais au bout d'un moment, ça devient une question de vie ou de mort : elle va au devant de lui. C'est pas tant une agression, c'est plutôt quelque chose d'acharné tellement fort que ça en devient une question de vie ou de désespoir.

    Les dialogues sont très travaillés, à la limite du littéraire. Est-ce que ça été difficile de s'adapter à cette forme de parler ?

    C'est plutôt agréable. Sans jamais avoir joué de pièce de théâtre, j'ai quand même une formation où le texte est très présent. Là, d'un coup, c'était très agréable d'avoir un support sur lequel poser ses émotions. (...) Une fois dans les costumes et une fois dans les décors qui datent du XIVeme, vous vous investissez tellement que le texte paraît simple...

    Vous pouvez nous dire quelques mots sur votre collaboration avec Melvil Poupaud?

    (Sourire) Ca s'est plutôt bien passé. J'étais assez déconcertée au début parce que c'est quelqu'un de très professionnel. Ce n'est pas que je sois pas professionnelle mais je suis quelqu'un d'instinctif et sauvage. Melvil lui sait très bien jouer avec la technique. On était très complémentaires au début parce qu'on apportait des choses assez différentes. Ensuite, on s'est bien mis au diapason (elle rapproche ses deux index)... Il m'a appris plein de choses, et puis je crois que c'était plutôt agréable pour lui de travailler avec moi. Enfin, ça s'est très bien passé.

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