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    Sofia Coppola

    A l'occasion de la sortie de "Virgin Suicides", la rédaction d'AlloCiné vous convie à un tête à tête avec sa réalisatrice, Sofia Coppola, la fille du "Parrain".

    AlloCiné : Si vous n'aviez pas été réalisatrice, qu'auriez-vous fait ?

    Sofia Coppola : Je n'ai jamais pensé à cela, car tout le monde dans ma famille est dans le showbizz et le cinéma. Je ne sais vraiment pas. En tout cas, j'ai pris des cours et étudié l'art. Je voulais être peintre.

    Le premier souvenir sur grand écran

    Je crois que c'est Grease.

    Votre réalisateur de référence

    J'en ai plein la tête. C'est impossible d'en citer un. J'adore tous les films de mon père, ceux de Stanley Kubrick, Terrence Malick ou encore John Schlesinger.

    Votre meilleur souvenir professionnel

    Je crois que c'est la première fois que j'ai vu mon film, Virgin Suicides à Cannes. C'était la première fois qu'il était projeté en public. Après avoir travaillé si dur et si longtemps, j'étais très nerveuse. Le public a apprécié et rigolé aux moments où il fallait. C'était un très bon moment.

    Votre film de chevet

    Trop dur de n'en dire qu'un seul... Lolita de Kubrick. Oh, il y a tant de bons films. Darling de Schlesinger, All that jazz de Bob Fosse, Scarface...

    La rencontre déterminante dans votre carrière

    Je crois que c'est mon père.

    Comment résumer "Virgin Suicides"

    Je ne vais pas vous le résumer ; mais cela parle du fait d'être adolescent, des premiers amours et de l'obsession.

    Vous pouvez m'en dire plus ?

    Cela se passe dans un quartier d'une petite ville américaine, au milieu des années soixante-dix. Un groupe de garçons sont fous de cinq magnifiques soeurs blondes, les Lisbon. Une fascination qui va les poursuivre.

    Qu'est-ce qui vous a séduit dans le roman de Jeffrey Eugenides, "Virgin Suicides" pour en tirer une adaptation ?

    J'ai adoré le livre. C'était un de mes préférés. Je le trouve drôle, tragique et romantique. En le lisant, je l'ai trouvé assez cinématographique, et j'ai vite pensé que l'histoire pouvait être transcrite visuellement.

    Quels ont été les peurs et les défis en tant que réalisatrice d'un premier film ?

    Tout présentait un challenge et c'était effrayant, car on peut tout rater. Donc, c'est dur de faire un casting, un film en peu de temps avec si peu d'argent.

    Votre impression le premier jour du tournage

    Je me souviens avoir eu mal à l'estomac en me rendant sur le plateau le premier jour. Mais, quand le tournage a démarré, je me sentais alors chez moi, car j'ai grandi sur les plateaux. C'était très excitant de voir les acteurs arriver sur le plateau avec leurs costumes, après y avoir tellement pensé, et de les avoir imaginé dans ma tête.

    Une ambiance particulière de tournage

    Je me souviens d'avoir beaucoup ri avec James Woods ; il est très amusant et très drôle sur un plateau. Sinon, c'est tout de même assez loin. C'est dur de se rappeler...

    Mes parents sont venus un jour sur le plateau. Comme tous les parents, ils étaient très fiers ; ils regardaient partout. Et moi, j'essayais de faire mon film sur le monde des adolescents avec ma mère qui fouinait partout avec son camescope... C'était une situation peu banale (rires)

    Votre père, Francis, est producteur de votre film. Quelle influence a-t-il eu sur le film et sur vous ?

    Il est un très bon producteur, car étant lui-même réalisateur, il comprend la liberté dont a besoin un cinaste. Il m'a encouragé à faire le film que je voulais tourner et m'a donc donné cette liberté.

    Votre mari, Spike Jonze, réalisateur du détonnant "Dans la peau de John Malkovich" (1999) est aussi cinéaste. Cela vous a-t-il aidé ?

    Non, c'est juste bien d'avoir quelque chose en commun de pouvoir en parler le soir en se couchant, d'échanger des points de vue. Mais, en aucun moment, je ne lui ai vraiment demandé de l'aide.

    Comment Spike et vous vous êtes rencontré ?

    Par des amis communs , il y a environ sept ans. Il photographiait à l'époque des skateboarders.

    Songez-vous un jour travailler ensemble ?

    Peut-être mais pas de sitôt, car je ne suis pas sûre que ce soit bon pour de jeunes mariés (rires)

    Quel a été le meilleur conseil que vous a donné votre père ?

    En fait le meilleur... a été de rester près de la caméra pendant les prises.

    Etiez-vous inquiète à l'idée de montrer votre film à votre père et à votre mari ?

    Non, pas du tout. Car tous les deux m'ont beaucoup supporté. Spike faisait son premier film quand je lui ai montré le mien. Lui aussi était débutant. Donc, je n'ai subi aucune pression.

    Quelles ont été vos influences visuelles pour ce film ?

    Je me suis servi des photos de Bill Owen, qui shootait énormément ses voisins de banlieue dans les années 70. L'influence vient aussi des visuels de Takashi Homma et William Eggleston.

    Parlez-nous de votre travail avec ces cinq charmantes créatures

    Je voulais absolument travailler avec Kirsten Dunst. C'est une grande actrice, jeune, innocente mais complètement mature. J'ai beaucoup aimé les filles qui interprètent les autres soeurs. Travailler avec elles a été très intéressant. On avait toutes des choses en commun.

    Un mot sur le choix de Kathleen Turner, James Woods et Danny de Vito

    Pour Kathleen et James, je trouve qu'il est très intéressant de faire jouer à des acteurs des facettes dans lesquelles on ne les voit pas d'habitude. Kathleen a souvent joué les rôles de sex-symbol, ici c'est une mère sévère et autoritaire. Quant à James Woods, habitué aux rôles de gros dur, on voit ici son côté touchant et attendrissant. Tous les deux sont de grands acteurs, et sont donc très convaincants ; les personnages en sont d'autant plus vrais.

    Quant à Danny de Vito, il est très drôle. Il peut faire ce qu'il veut. Ici, en tant que psy pour enfants, il est tellement bon, et il transmet à merveille le ridicule du personnage.

    Pourquoi avoir choisi le groupe français "Air" pour illustrer la partition musicale du film ?

    Quand j'écrivais le scénario, j'avais acheté le premier album, "Moon Safari" de ce groupe. J'ai tout de suite accroché. J'ai ressenti l'atmosphère. ils sont très bons pour les musiques mélancoliques, et je voulais une atmosphère, une ambiance très "dreamy".

    Votre mère a réalisé un documentaire sur le tournage de "Virgin Suicides". Bien que n'étant pas réalisatrice, que vous a-t-elle appris ?

    Ma mère a toujours fait plein de choses : des documents, des livres, des photos, des oeuvres d'art. Elle a une approche visuelle très avant-gardiste. Elle m'a appris cette envie de faire des tas de choses différents, d'essayer de ne pas se cantonner à une seule chose.

    Quels sont vos souvenirs de votre expérience d'actrice dans "Le Parrain 3" ?

    C'est dur à dire, mais en tout cas, ce n'est pas du tout mon expérience préférée. Je sais que je n'aime pas trop être devant la caméra. J'y suis mal à l'aise et préfère de loin être derrière. J'ai un mauvais souvenir de ce film, notamment dans la scène où Al Pacino me fait du bouche à bouche. Je me souviens qu'il sentait vraiment l'ail et qu'il me le respirait devant la bouche. C'est de ce genre de détails que je me souviens quand je pense à mes expériences de comédienne.

    L'avenir de Sofia Coppola

    Je suis en train de lire des scénarii. J'espère avoir bientôt fini et pouvoir me lancer dans un nouveau long métrage.

    Si vous deviez stopper votre carrière demain, que regretteriez-vous le plus ?

    Je crois que tout simplement je regretterais de ne pas pouvoir faire d'autres films. Mais, après tout, il y a plein de films dans le monde ; donc, ce ne serait pas un drame.

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