Rendons à Julia ce qui appartient à Julia
A l'heure de l'explosion du Net, de la Nouvelle Economie et de toute la folie du ".com" (prononcez "point com"), contrôler son image, sa notoriété et son nom de domaine sur le Web devient un leitmotiv et un combat que se livrent toutes les sociétés commerciales. Mais aussi les stars du show-biz.
C'est ainsi que la méga-star glamour, la très belle Julia Roberts vient de récupérer son nom de domaine sur la Toile, après la décision de l'OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) qui contraint un cyber-squatteur de Princeton (New-Jersey) à rendre le "juliaroberts.com" à la vedette d'Erin Brokovich.
Le contentieux concerne en effet l'enregistrement du nom de domaine juliaroberts.com. Russell Boyd, homme d'affaires de son état et internaute mercantile à ses heures perdues, avait inscrit, le premier (en novembre 1998), le nom de domaine de la Pretty Woman. Mal lui en a pris. L'actrice aux vingt millions de dollars a alors déposé plainte le 25 mars dernier auprès du Centre d'arbitrage et de médiation de l'OMPI, agence des Nations-Unies spécialisée dans les questions de marques et de propriété intellectuelle. Dans son jugement rendu le 2 juin, le médiateur, mandaté pour régler tout litige de nommage sur Internet, a jugé que l'adresse URL de Julia Roberts lui revenait de fait, et que l'actuel propriétaire, Russell Boyd, ne détenait "aucun droit ni intérêt légitime" à utiliser ce nom de domaine, enregistré "en toute mauvaise foi". Il enjoint le cyber-squatteur de transférer le nom de domaine à la plus belle femme du monde (dixit le magazine People) dans un délai de quarante-cinq jours. Boyd dispose de dix jours pour faire appel de la décision.
La plainte de Julia Roberts n'est pas isolée. Plus de 500 personnes, venues de 52 pays du monde, ont élevé le contentieux pour abus de noms de domaine auprès de l'OMPI. Ce litige met en exergue l'absence de règle juridique particulière sur l'enregistrement du nom de domaine et de l'identité sur Internet. Les noms sont ainsi accordés selon le principe du "Premier arrivé, premier servi". Près de 30 000 noms sont déposés par jour. Ce qui signifie obligation de vigileance et prévoyance, et donc enregistrer le plus vite possible son nom de marque. Avant une éventuelle appropriation par un tiers ou un cyber-squatteur, sorte de corsaire informatique s'arrogeant les signes distinctifs des entreprises sur le Net en les enregistrant puis en les monnayant aux véritables détenteurs de ces droits.
Par le passé, des sociétés comme Nike Inc, Deutsche Bank AG, Microsoft Corp ou encore Christian Dior ont ainsi retrouvé leur nom de domaine. Plusieurs autres affaires concernent des vedettes de l'entertainment, comme la tigresse Tina Turner, Jethro Tull ou feu Jim Hendrix.
L.B