Stars on TF1
La Une nous a prévenu : la fiction reste la priorité de la chaîne en 2000 et dans les années à suivre. "L'atout maître du prime-time", comme l'a annoncé le vice-président Etienne Mougeotte lors d'une présentation aux médias de leurs programmes au MIP-TV (le Marché international des programmes) qui tient salon jusqu'au 14 avril à Cannes.
En consacrant 15% de son chiffre d'affaires annuel, soit un peu plus de 1.2 milliards de francs, à la production audiovisuelle, et augmentant ses investissements de 100 millions de francs par an, TF1 veut à tout prix conserver son Audimat, lui le leader hégémonique et incontesté sur le marché du "prime-time" en matière de fictions.
En espérant parvenir à 150 soirées de fictions d'ici deux à trois ans (contre 104 actuellement), TF1 a décidé de mettre la barre très haut. L'objectif : "Développer une fiction ambitieuse, capable de raconter de belles histoires, de captiver 7,8 à 9 millions de spectateurs".Cela se traduira par l'arrivée de nouveaux héros, mais surtout de l'apparition de vedettes de cinéma comme Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Michel Boujenah ou Patrick Bruel, qui viendront ainsi jouer pour la première fois les acteurs dans la petite lucarne. Bref, des productions de prestige.
Parmi les projets que développe TF1, il y quelques surprises, et non des moindres : un rôle de composition pour Alain Delon interprétant Fabio Montal, flic marseillais épicurien, gauchiste (!) et gourmand de femmes. Un héros né de la plume du feu Jean-Claude Izzo, auteur de romans noirs, rendu célèbre par sa trilogie Total Kheops, Chourmo et Solea. C'est José Pinheiro (Parole de Flic) qui s'attèlera à la réalisation de ces trois épisodes.
Ou encore Jean-Paul Belmondo reprenant le rôle du banquier, tenu par Charles Vanel, dans un remake (en trois épisodes) de L'aîné des Ferchaux de Jean-Pierre Melville. Le plus étonnant serait un Patrick Bruel en escrimeur dans une nouvelle version bondissante de Fanfan la Tulipe (de Christian-Jaque), dont la réalisation pourrait être dévolue à Philippe de Broca. Et Michel Boujenah en Mathieu Corot, flic père et célibataire.
Michel Leeb en professeur de collège ("C'est un clin d'oeil car Michel a été prof avant de faire la merveilleuse carrière qu'on sait" dixit Etienne Mougeotte), Sophie Duez en psychiatre, Véronique Jannot en médecin de famille, Christophe Malavoy en flic (dans "Cévennes"), Philippine Leroy Beaulieu en ancien médecin devenu fliquette rurale (dans Sandra et les siens) ou Marlène Jobert en véto rejoignent aussi les rangs de TF1 pour ses prochaines cases fictions.
Toutes ses stars du Septième Art auront pour mission de séduire les téléspectateurs, et surtout les ménagères-de-moins-de-cinquante-ans. Car la guerre entre la Une et France Télévision en matière de "prime-time" continue pour conquérir les fameuses parts de marché.
France 2 vient de s'offrir les moyens de battre à plats de couture sa rivale en matière de fiction ("la première production de grande envergure depuis longtemps pour le service public" a déclaré Michèle Cotta, directrice de France 2). En débauchant tout simplement le mastodonte Gérard Depardieu, habitué aux fabrications dayanesques de feuilletons industriels pour TF1 (Le Comte de Monte-Christo, Balzac, et prochainement Les Misérables), pour le lancement en 2002 d'une co-production internationale : Napoléon (d'après l'oeuvre de Max Gallo et adapté par Didier Decoin).
Avec comme têtes d'affiche : Christian Clavier en Empereur, Depardieu en Caulaincourt (médecin de l'époque napoléonienne) et certainement John Malkovich dans la peau de Talleyrand. Jean Reno serait préssenti pour être Murat. Un casting de choix. Et ambitieux. La chaîne publique n'a pas hésité à mettre la main au portefeuille, le budget total pour les quatre fois 90 minutes oscillera entre 150 et 200 millions de francs. Entre Alain Delon et Gérard Depardieu, y'a pas photo ?
L.B