Le parlement roumain aime prendre ses rêves pour des réalités. Il avait annoncé lundi que Leonardo DiCaprio (La Plage) investirait le palais de Ceausescu à Bucarest pour le tournage de quelques scènes de Librium. Deux jours après, le studio roumain Castel Film annonçait que le nom de la star la plus convoitée d'Hollywood n'avait été jeté à la figure des députés que pour obtenir leur accord pour tourner dans l'édifice.
La nouvelle fit son effet. La star du cinéma américain par excellence s'invitait dans un des grands temples du communisme soviétique ! Le lendemain de l'annonce de la nouvelle, les journaux roumains faisaient leur Une sur le sujet.
Miramax avait dû s'y prendre à deux fois avant d'obtenir l'aval des parlementaires. La première demande du studio avait échoué sur une fin de non-recevoir, justifiée par "une possible distorsion de leur image". Puis, invoquant le fait que la présence de DiCaprio pourrait donner un coup de pouce salutaire au tourisme, le studio a réussi à faire changer d'avis les élus.
Le bureau permanent de la chambre basse du Parlement a alors accepté d'entrer en négociations sur les conditions de location d'une partie du bâtiment. Et avait consenti à ce que deux semaines sur les huit semaines de tournage en Roumanie aient pour décor le palais, qui abrite aujourd'hui le siège des députés. Le tournage a du même coup accès à d'autres institutions.
La nouvelle était tout de même énorme. A la hauteur des dimensions du palais, Maison du Peuple qui abrite aujourd'hui le Parlement. Au centre de Bucarest, installé sur une artère de Bucarest comparable aux Champs-Élysées, l'édifice de 500.000 mètres carrés devait accueillir le Comité central du parti communiste. Dans sa mégalomanie, Nicolae Ceausescu avait fait équiper les quatre sous-sols d'abris anti-atomiques. Et fit ainsi de la Maison du peuple de Roumanie le deuxième plus grand bâtiment du monde... après le Pentagone.
Pour Librium, le palais faisait figure de déor idéal. Film de science-fiction des années 2070, Librium met en scène une société qui empêche les individus de manifester toute émotion, en leur administrant de force une drogue (le librium).
Au coeur de cette société, l'agent John Preston, chargé d'inoculer les doses aux individus, est victime d'un revirement spirituel qui va le mettre en opposition avec son patron. Coproduit par Miramax et sa filiale roumaine Castel Films, Librium sera réalisé par Kurt Wimmer. Mais le Parlement dupé voudra-t-il encore que le tournage se déroule dans ses murs ?
M.C.B.