Salman Rushdie goes to Hollywood ?
La vie de Salman Rushdie, l'écrivain "blasphématoire" des Versets Sataniques, ressemble à celle d'une star. Obligé de vivre calfeutré, entouré en permanence de cerbères charpentés aux oreillettes depuis la fatwa (sentence religieuse) que l'ayatollah Khomeyni a prononcé un jour de St Valentin en 1989, l'écrivain était devenu (in)volontairement célèbre. Un artiste maudit, contreversé, pourchassé, la tête mise à prix (2.5 millions de dollars) mais célèbre. Une célébrité lourde à payer. Bref, une star traquée.
Mais, depuis que le gouvernement iranien de Khatami en septembre 98 a officiellement déclaré que son pays "n'enverra pas de commandos pour le tuer", l'enfant de Bombay reprend, à 53 ans, quelque peu espoir. Loin de la clandestinité londonienne et de ses trente identités. Une nouvelle vie s'ouvre à lui. Avec sa nouvelle compagne, Padma Lakshmi, ex-top model indien de l'agence Ford et de 25 ans sa cadette ; un visage retapé par une opération plastique, et par son nouvel appartement à New York dans le quartier de Manhattan où il s'est installé.
Et voilà que l'auteur de La Terre sous les pieds, son dernier ouvrage où il croque à pleines dents et à coups de stylos sur le star-system et la société médiatique, rêve de devenir acteur. Dans un entretien accordé au New York Post, Salman Rushdie s'est déclaré intéresser par une carrière de comédien. En effet, sa prestation dans le dramatique Dirty Pictures, un téléfilm de Frank Pierson diffusé sur le network HBO, où il joue son propre rôle aux côtés de James Woods, l'a, semble-t-il, convaincu. Et souhaite renouveler l'expérience, espérant ainsi que cela ne soit pas un simple coup d'essai. "Je suis un acteur frustré ; cela n'aurait voulu rien dire de me mettre en avant alors que ma tête était mise à prix. Maintenant, j'espère définitivement à jouer" a-t-il déclaré au quotidien new-yorkais.
Une nouvelle étoile est-elle née ? Avec un physique ressemblant étrangement au mythique Stanley Kubrick, il ne reste qu'à convaincre producteurs, scénaristes et réalisateurs. Seule l'avenir le dira...
L.B