Qui mieux que Spike Lee peut réaliser un film sur Cassius Clay dit "Muhammad Ali", boxeur et figure mythique ? Qui peut mieux que cet héritier de la "blaxploitation" raviver les souvenirs liés aux matchs mémorables de ce boxeur de talent si ce n'est Spike Lee ? Qui plus est lorsque la star Will Smith réclame le réalisateur de Malcom X à corps et à cris.
Surtout lorsqu'on connaît un peu le script de ce nouveau long métrage intitulé Ali. L'intrigue nous emporte sur les traces de Cassius Clay (interprété par Will Smith), intelligent mais dont le sang boue relativement vite, que ce soit sur ou hors du ring. Il devient professionnel de la boxe en 1960 et troque son nom d'esclave contre celui de Muhammad Ali. Rebelle parmi les rebelles, il refuse de partir pour le Viêt-Nam et devient une super star, hautement médiatisée.
Will Smith et Muhammad Ali lui-même ont assuré Spike Lee de leur soutien pour ce projet. Malgré cela, les studios hollywoodiens de la Columbia restent de marbre. Certes, les représentants des studios apprécient le travail de Spike Lee, mais ils sembleraient lui préférer Michael Mann fraîchement nominé aux Oscars pour son Révélations (avec Russel Crowe et Al Pacino). Décision qui n'a pas été facile pour Spike Lee à digérer.
Une source anonyme a déclaré au journal Daily News que le réalisateur n'avait pas été retenu pour tourner la saga de Muhammad Ali parce qu'il "affirmait que seul un homme noir pouvait rendre justice à l'histoire de Cassius Clay". D'un autre côté les studios Columbia ont annoncé être quelque peu "effrayés" par la propension de Lee à toujours faire des films à caractère anti-racial et chargés de significations politiques ou ethniques.
Cette même source, intimement liée aux studios, a ajouté que la Columbia avait été terrorisée à l'idée que Will Smith ne veuille tourner que sous la direction de Spike Lee. Le film leur paraissait devenir un outil militant et obtus alors que Michael Mann en aurait fait une oeuvre chargée d'émotion. Un des points de divergence, et pas des moindres, avait concerné le rajout, dans le film, d'une scène de lynchage que Lee avait filmé depuis longtemps.
Mais les studios, quelque soit leur renom, semblent abonnés à ce genre de frayeurs dès lors qu'ils font appel à Spike Lee. Il suffit de se rappeler les huées qu'avaient soulevé la direction de Malcom X par Norman Jewison. Spike Lee avait lourdement reproché à la Warner le choix d'un tel réalisateur pour filmer une figure emblématique de peuple afro-américain.
Il semblerait que Ali ait du mal à se trouver un réalisateur puisque avant même qu'il ait été fait mention de Spike Lee ou Michael Mann c'était à Barry Sonnenfeld, responsable (et coupable) de Wild Wild West, que les studios avaient fait appel. Le tournage est toujours prévu pour juillet 2000 et devrait sortir dans les salles obscures américaines l'année suivante en 2001.
A.L.