Maria Felix est sans aucun doute la star mexicaine la plus connue. Et a fait de sa vie un véritable roman fleuve et a incarné son propre rôle tout au long de son existence. Française de coeur, comme elle l'avoue elle-même, elle partage son temps entre Mexico et Paris. Elle se consacre à l'élevage de pur-sang et reste assidue dans les champs de course.
La carrière de Maria Felix commence dans l'ombre. La légende veut qu'un ami de son père, un ingénieur très lié au milieu du cinéma, la remarque et lui propose d'être présentée aux plus grands noms du film mexicain. Son premier film, El Penon de las Animas en 1943, est une adaptation très "mexicanisée" de Roméo et Juliette.
Mais c'est cette même année qu'elle décroche son premier vrai grand rôle dans Dona Barbera. Elle sera plus connue sous le pseudonyme de La Dona que sous son véritable nom après ce film.
Maria Felix a joué dans plus de 47 films, dont la plupart, il faut bien l'avouer, n'ont pas marqué au fer rouge l'histoire du cinéma. Ses prestations les plus fameuses sont La belle Otero de Richard Pottier en 1954, French Cancan de Jean Renoir en 1955, aux côtés de Jean Gabin, ou encore Les héros sont fatigués de Yves Ciampi en 1959 avec Yves Montand et Gérard Oury.
Elle a su cultiver, à travers ses différents personnages, l'image de la femme fatale, croqueuse d'hommes. La fiction rejoint la réalité puisqu'elle s'est mariée quatre fois. Cette actrice au tempérament de feu est allée à l'encontre de toutes les règles de la bienséance latine. Elle s'est construite en opposition par rapport à la femme soumise et bienveillante et de son rôle traditionnel en Amérique du Sud.
Sa personnalité a souvent devancé sa popularité. En conséquence Maria Felix a toujours refusé d'apprendre l'anglais, cantonnant ainsi sa carrière aux seuls pays d'Amérique du Sud et quelques pays européens comme la France, l'Espagne ou encore l'Italie. Sa dernière apparition date de 1970, dans un mélodrame mexicain intitulé La Generala et un rôle dans une série télévisée, La Constitucion.
Celle qu'on a surnommée la "superbe plante au jeu sensuel" a souvent fréquenté les grands de ce monde. Ses chemins ont croisé ceux de Jean-Paul Sartre, Jean-Paul Belmondo, Jean de Genet, le baron Guy de Rotschild, Alain Delon ou encore Salvador Dali.
Sa filmographie impressionnante lui a valu déjà trois prix de la meilleure actrice, en 1947, 1949 et 1951, qui lui ont été remis par le jury des Mexican Academy Awards. C'est en 1997 que lui a été décerné la Légion d'honneur. Elle a été décorée mercredi soir par le ministre de l'Education Nationale Claude Allègre. Cette consécration suprême vient couronner près de trente ans de carrière.
A.L.
