"Ouragan" littéraire pour le Caine ?
Formidable et subtil acteur, propriétaire de six restaurants (cinq à Londres et un à Miami), Michael Caine ajoute une nouvelle corde à son arc : la littérature.
En effet, le légendaire Charlie Croker de The Italian Job (1969) s'active, entre deux tournages, à l'écriture d'une nouvelle – un thriller (au titre encore secret). Un exercice stylistique et créatif périlleux puisque l'acteur vient d'avouer à la presse britannique qu'il réécrit le début de son histoire après s'être aperçu que l'un des protagonistes se voyait offert deux fois un aller simple vers la Maison Mère.
Toutefois, il ne se prive pas d'ironiser en déclarant qu'il n'y avait aucun auteur comme Martin Amis (The Information) ou d'autres grands qui tremblaient à l'idée de le voir débuter sa carrière d'écrivain. Cette expérience l'amuse énormément et espère qu'elle séduira le plus grand nombre.
Elémentaire, mon cher Caine
En quarante-trois ans de carrière et quelques quatre-vingt films à sa boutonnière, le so british Michael Caine (né Maurice Micklewhite) se révèle au grand public dans le milieu des années soixante grâce à deux rôles : en Harry Palmer, agent secret solitaire et mesquin dans Ipcress, danger immédiat (de Sidney Furie – 1965) ; et en Don Juan de bas-étages dans Alfie (de Lewis Gilbert - 1966). Interprétations qui lui valent ses premières nominations aux Oscars et Golden Globes.
Se succèdent alors maintes prestations dans des longs métrages aussi inégaux que diversifiés (Trop tard pour les héros, Le chat croque les diamants, La vallée perdue, La loi du milieu...).
Ses performances dans Le limier (de JL Mankiewicz – 1972) et L'Homme qui voulut être roi (de John Huston – 1975) le consacrent, malgré ses récurrents excès alcoolémiques, comme un des acteurs les plus subtils et talentueux de sa génération. Avec une dimension toute shakespearienne.
Dès lors, il enchaîne aussi bien des longs métrages d'aventure (L'île sanglante, Le dernier secret du Poséidon, A nous la victoire) que des drames (Ashanti, The Hand, Pulsions, Piège Mortel, Le Consul Honoraire, Mona Lisa, Blood and Wine). Mais, ce sont ses interprétations comiques et d'autodérision dans des divertissements qui le popularisent (C'est la faute à Rio, L'éducation de Rita, Ouragan sur l'eau plate, Cordes et discordes, Business oblige, Le plus escroc des deux, Elémentaire mon cher Lock Holmes...).
En 1986, il décroche l'Oscar du Meilleur Second Rôle pour Hannah et ses soeurs (de Woody Allen) où il interprète le sympathique "beauf" Elliot. Quelques films, récompenses, restaurants et deux premiers ouvrages (une autobiographie, What's it all about ?, et une réflexion sur l'art du comédien Acting in film) plus tard, il est honoré pour l'ensemble de sa carrière au dernier Festival du film américain de Deauville.
Son honnête prestation en promoteur de boîte de nuit miteux, véreux et quelque peu ringard dans Little Voice (de Mark Herman - 1998) lui vaut un Golden Globe comme meilleur acteur dans une comédie.
Bientôt à l'affiche (8 mars 2000) dans l'adaptation du roman de John Irving, L'oeuvre de Dieu, la part du Diable de Lasse Hallstrom où il se met dans la peau de Wilbur Larch, obstétricien et philosophe-avorteur des années quarante, Michael Caine est sur les plateaux de tournage avec Sylvester Stallone dans le remake de La Loi du milieu (Get Carter en VO), le polar des seventies où il interprétait un caïd en soif de vengeance après la mort de son frère. Cette fois, il est dans le camp adverse puisqu'il joue le rôle du bad guy. Etonnant. L.B