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    Décès de l'acteur Dirk Bogarde

    L'acteur britannique Dirk Bogarde, l'inoubliable interprète de "Mort à Venise", s'est éteint à l'âge de 78 ans.

    Le célèbre acteur britannique Sir Dirk Bogarde est mort samedi à son domicile londonien à l'âge de 78 ans, d'une crise cardiaque, a annoncé son neveu Brock Van den Bogaerde.

    Il avait mis sa présence fascinante et son goût de la perfection au service de personnages complexes, qui ont fait sa renommée.

    Valet cynique et pervers, compositeur interdit et rongé devant la beauté d'un jeune adolescent, ou encore ancien bourreau nazi, Dirk Bogarde a incarné des personnages qu'il refusait de qualifier d'"ambigus" mais dotés d"une profondeur de jeu à plusieurs niveaux".

    Quasiment absent des écrans depuis 1977, l'acteur vivait à Londres depuis treize ans, où il était devenu romancier après plus de soixante films et une quasi-retraite de vingt années près de Grasse (sud de la France) en compagnie de ses chats et de ses livres.

    Il décidera de revenir en Angleterre quand son manager et ami lui apprendra qu'il a un cancer incurable, souhaitant alors mourir près des siens.

    Derek Niven Van den Bogaerde, de son vrai nom, est né à Londres le 28 mars 1921, d'une mère hispano-écossaise, comédienne, et d'un père d'origine hollandaise, dessinateur et critique artistique au "Times".

    Après des études à Glasgow puis Londres, Dirk Bogarde, porté vers les arts plastiques et le théâtre, travaille comme accessoiriste puis souffleur tout en suivant des cours au Royal College of Arts.

    Il fait ses débuts sur les planches dans un petit théâtre londonien en 1939 pour remplacer un acteur malade. Mais la seconde guerre mondiale surgit et Dirk Bogarde part servir dans l'armée de terre comme aide de camp d'un général, puis major.

    Un événement majeur dans sa vie, rappelait-il, comme le jour où il dû se rendre dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, le lendemain du départ des nazis.

    Plus tard, il retrouve les planches londoniennes et, en 1947, se taille un beau succès dans l'adaptation anglaise d'"Orphée" de Jean Cocteau.

    Cette pièce lui ouvre les portes du cinéma. Des producteurs remarquent ce jeune premier au visage romantique et le font aussitôt tourner dans Esther Waters (Dalrymple). "Pendant douze ans, j'ai joué quatre films par an. J'étais devenu le jeune premier le plus populaire d'Angleterre", racontait Dirk Bogarde.

    Le metteur en scène Michaël Winner dira de lui qu'il était "le Léonardo di Caprio du Royaume uni de l'époque".

    Mais en 1961, après 40 films, Dirk Bogarde accepte d'interpréter un avocat homosexuel dans Victim de Joseph Losey, un rôle qui désoriente une grande partie du public traditionnel britannique.

    C'est le début d'une carrière internationale qui lui vaudra de jouer avec les plus grands metteurs en scène - Losey, Visconti, Cavani, Resnais - pour lesquels il incarnera des personnages mystérieux, parfois pervers, toujours subtils.

    "Il y a des acteurs qui agissent, d'autres qui pensent. Je fais partie de cette deuxième catégorie", expliquera-t-il. "Parfois même, j'ai l'impression d'être trop subtil...".

    En 1963, Dirk Bogarde reçoit le prix du meilleur acteur britannique avec The Servant puis, en 1971, la Palme d'or du Festival de Cannes pour Mort à Venise de Visconti. "La solitude du personnage m'a marqué à jamais. Après le tournage, je suis resté cinq mois sans parler à personne".

    Au milieu des cigales et des champs d'oliviers de son mas provençal, il entreprend alors la rédaction de ses Mémoires "Une enfance rêvée".

    Quelques réalisateurs parviendront à lui faire quitter son havre, comme Liliana Cavani en 1973 pour Portier de nuit, Alain Resnais pour Providence en 1977 et, un an plus tard, Fassbinder pour Despair qui fut un échec.

    En 1990, après douze ans d'absence, il accepte d'être le Daddy nostalgie de Bertrand Tavernier avec Jane Birkin, son dernier film.

    Voici les principaux succès de la carrière cinématographique de Sir Dirk Bogarde, riche de plus de soixante films:

    • The Woman In Question (1950, "La femme en question" d'Anthony Asquith)
    • Hunted (1952, "Rapt" de Charles Crichton),
    • The Gentle Gunman (1952, "Un si noble tueur" de Basil Dearden)
    • They Who Dare (1953, "Commande à Rhodes" de Lewis Milestone)
    • The Sleeping Tiger (1954, "La bête s'éveille" de Joseph Losey)
    • The Sea Shall Not Have Them (1954, de Lewis Gilbert)
    • Simba (1954, de Desmond Hurst)
    • Cast A Dark Shadow (1956, "L'assassin s'était trompé" de Lewis Gilbert)
    • I'll Meet by Moonlight (1957, "Intelligence Service" de Michael Powell)
    • A Tale Of Two Cities (1958, de Ralph Thomas)
    • The wind Can't Read (1958, "Le vent ne sait pas lire" de Ralph Thomas)
    • Libel (1959, "La nuit est mon ennemie" de Anthony Asquith)
    • The Angel Wore Red (1960, "L'ange pourpre" de Nunally Johnson)
    • Song Without An End (1960, Le bal des adieux" de Charles Vidor et George Cukor)
    • The Victim (1961, "La victime" de Basil Dearden)
    • The Password Is Courage (1962, "Mot de passe: courage" de Andrew L. Stone)
    • The Servant (1963, prix du meilleur acteur britannique, de Joseph Losey)
    • King and Country (1964, "Pour l'exemple" de J. Losey)
    • Darling (1965, prix meilleur acteur britannique, de John Schlesinger)
    • Modesty Blaise (1966, de J. losey)
    • Accident (1967, de J. Losey)
    • The Fixer (1968, "L'homme de Kiev" de John Frankenheimer)
    • Oh! What A Lovely War (1969, "Dieu que la guerre est jolie" de Richard Attenborough
    • Justine (1969, de George Cukor)
    • The Damned (1969, "Les Damnés" de Luchino Visconti)
    • Death In Venice (1971, "Mort à Venise" de Luchino Visconti)
    • The Night Porter (1974, "Portier de nuit" de Liliana Cavani)
    • The Serpent (1973, "Le serpent" d'Henri Verneuil)
    • Providence (1977 d'Alain Resnais)
    • A Bridge Too Far (1977, "Un pont trop loin" de R. Attenborough)
    • Despair (1978 de Rainer Werner Fassbinder)
    • Daddy Nostalgie (1990, de Bertrand Tavernier), son retour à l'écran après 12 ans d'absence).

    A.F.P

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