Fritz Lang, roi de la coupe ? Découvrez ces moments du Retour de Frank James coupés avant même leur tournage, car inutiles à l'intrigue ou un peu lourds.
Toutes les scènes mentionnées ci-dessous proviennent du scénario de tournage du film annoté par le réalisateur Fritz Lang et se trouvant dans le fonds consacré au réalisateur à la Cinemathèque française. Elles ont été consultées par l'auteur de cet article.
1- La vision de la potence
Par deux fois, la potence destinée à pendre le domestique noir Pinky est mentionnée dans le scénario et supprimée.
- C'est d'abord une séquence durant le procès de Frank dans la dernière partie du film, où Clem demande à Eleanor si son témoignage en faveur du frère James changerait la donne du procès. Elle lui répond qu'il n'y a rien qu'il ou elle puisse faire et le garçon s'emporte, reprochant à la journaliste d'être responsable de la situation. Ceci figure dans le film, mais la suite a été coupée : pensive, bouleversée, Eleanor s'asseyait sur un banc et repensait à ce que Clem venait de lui dire. Ses yeux se focalisaient sur la potence érigée pour Pinky et elle portait une main à sa bouche pour ne pas crier.
- Le deuxième moment est la description du bureau du shérif. Une phrase mentionnait : "À l’extérieur, le son d'un martellement se fait entendre et par la fenêtre, on voit l'ébauche d'un cadre de potence en construction".
La volonté de couper une vision de gibet est probablement une volonté de garder un ton léger de pur divertissement comme était le film précédent sur les frères James, Le Brigand bien-aimé, sorti en 1939.
2- Garder l'effet de surprise intact
Frank et Clem se font surprendre à l'hôtel par Runyan le policier, qui finit par se faire attacher. Le scénario détaille par le menu comment les deux bandits bâillonnent, lient, puis attachent le policier au portemanteau du placard.
Cette séquence est rayée et annotée d'un "Out". À l'écran, la scène se termine par un fondu sur les bandits commençant à ligoter l'homme de loi, et passe directement à la scène d'Eleanor qui s'habille et que son père vient visiter.
Cela permet de créer un effet de surprise, car lorsque plus tard dans le film, la femme de chambre vient faire les lits, elle entend d'abord un bruit qu'elle prend pour quelqu'un frappant à la porte, pour petit à petit comprendre que cela vient du placard et découvre ainsi en même temps que le spectateur, que le policier y a été enfermé par Clem et Frank.
3- Pas de larmes pour la famille James
Sont également coupées les séquences d'atermoiement sur la peine de la famille James. AInsi, lorsque Frank visite le "Major" (l'éditeur du journal local), la phrase déplorant que McCoy ait tué d'abord sa mère puis son frère est coupée.
De même, est rayé le fait que le Major montre à Frank un extrait du journal du lendemain disant "Le sale petit lâche qui a tué M. Howard et conduit le pauvre Jesse dans sa tombe". Frank constatait à cette occasion le bon travail du major.
L'insistance sur le parti pris du Major a été évitée à juste titre puisque ce personnage est constamment un soutien de Frank tout au long du film, le défend à son procès, on pouvait donc narrativement se passer de cette scène.
4- Pas d'amour pour Frank James
Un regard langoureux de Frank James à la journaliste qui l'interviewe est supprimé du scénario final. Selon le réalisateur Bertrand Tavernier dans les bonus du DVD édité chez Calysta Films et Sidonis Productions, cette référence a été coupée sur demande du producteur Darryl Zanuck.
La veuve de Frank James était toujours vivante à l'époque et il n'a pas voulu prendre le risque d'un procès contre la Twentieth Century Fox. Il a donc fait limiter les allusions à une éventuelle amourette entre Eleanor et le bandit.