Après le déjanté En liberté, sorti en 2018, Pierre Salvadori est de retour avec La Petite bande, sa nouvelle comédie loufoque.
Cette troupe qui donne son nom au film, c’est Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s’embarquent dans un projet fou : faire sauter l’usine qui pollue leur rivière depuis des années.
Mais dans le groupe fraîchement formé les désaccords sont fréquents et les votes à égalité paralysent constamment l’action. Pour se départager, ils décident alors de faire rentrer dans leur petite bande, Aimé, un gamin rejeté et solitaire.
Aussi excités qu’affolés par l’ampleur de leur mission, les cinq complices vont apprendre à vivre et à se battre ensemble dans cette aventure drôle et incertaine qui va totalement les dépasser.
CINQ GAMINS ET UN KIDNAPPING
Après le braquage farfelu dans En liberté, Pierre Salvadori met cette fois en scène un kidnapping qui tourne au fiasco, le tout mené par des ados de 12 ans !
À l’origine, le film ne devait pas être porté par des enfants. Il se centrait sur un petit groupe d’adultes "incompétents et maladroits". Le réalisateur a changé son fusil d’épaule car il trouvait cela rebattu.
"J’ai glissé vers les enfants pour des raisons de dramaturgie. J’étais tout à coup beaucoup plus intéressé par leur sens de l’improvisation, du mensonge, de la débrouille.
Ce qui me plaît c’est de voir ces gosses se mettre en marche pour aller vers l’engagement, explorer leurs idées de la justice et de l’injustice, montrer comment des enfants s’inventent", explique le cinéaste.
LA COMÉDIE DE L'ÉTÉ ?
La Petite bande est le film parfait pour passer un bon moment au cinéma avec les enfants en ces temps de fortes chaleurs ! Le film, qui se déroule en Corse, apporte son lot de paysages magnifiques, le tout dans une ambiance rafraîchissante, grâce à l'énergie et la vitalité de ce groupe d'ados.
Toutefois, à cause de certaines scènes un peu difficiles liées à l'intrigue du kidnapping du patron d'une usine, La Petite bande est conseillé à partir de 10 ans.
Pierre Salvadori est parvenu à réunir une jolie troupe de jeunes acteurs talentueux, de Colombe Schmidt à Mathys Clodion-Gines en passant par Aymé Medeville, Redwan Sellam et Paul Belhoste. Ce dernier tire son épingle du jeu, absolument hilarant dans le costume d'Aimé, souffre-douleur du collège.
Selon l'acteur, ce personnage est à la base une poule mouillée. Mais pour trouver des amis, il est courageux. C’est aussi le genre de personne à tout de suite vouloir faire le chef, à vouloir s’impliquer même s’il ne connaît pas bien les personnes avec qui il se retrouve, ni la situation.
"Pour moi, un nouvel arrivant dans une bande ne peut pas comme ça se mêler de tout ! Il devrait se calmer et ce n’est pas du tout le cas d’Aimé qui propose directement des trucs. C’est aussi quelqu’un qui fait comme les autres pour s’intégrer", souligne le jeune comédien de 12 ans.
Durant le casting, Pierre Salvadori a retenu des "personnalités attachantes, intéressantes. Je voulais aussi des enfants qui aient envie de jouer, qui aient du plaisir à le faire. Qui puissent s’intéresser à un personnage même s’il est très loin d’eux."
UN RÉALISATEUR INVESTI
Pour mettre à l’aise ces apprentis comédiens, le metteur en scène a donné de sa personne : "Je me suis ridiculisé à escient : j’ai joué tous les rôles, le petit garçon, la petite fille, je me suis roulé dans la poussière !" En n’ayant pas peur de se ridiculiser, il a voulu les encourager à s’abandonner devant la caméra.
Redwan Sellam n’avait jamais joué la comédie jusqu’à ce qu’il participe à un court-métrage pour un festival de sa ville. Sa grande sœur, qui le filmait, a ensuite parcouru les annonces de casting et l’a inscrit à celui de La Petite Bande.
Colombe Schmidt, Paul Belhoste et Mathys Clodion-Gines faisaient déjà du théâtre. Ce dernier avait joué dans une comédie musicale et un court-métrage canadien.
Enfin, Aymé Medeville a envoyé une vidéo de lui pour le casting, car il ne pouvait pas se rendre à Paris : "J’avais choisi de parler de ma passion : l’Histoire. Je suis vraiment passionné par la Seconde Guerre mondiale et par le cinéma, en particulier les films de propagande de cette époque", a-t-il confié.
UN FILM ÉCOLO ?
Par ailleurs, La Petite bande sensibilise sur le thème de l'écologie sans être donneur de leçons, une chose que voulait à tout prix éviter Pierre Salvadori en écrivant le film.
Le cinéaste se défend d’avoir fait un film "édifiant ou lénifiant sur l’écologie". Se méfiant des oeuvres à sujet, il a écrit des personnages qui ne sont pas à l’origine dans une démarche militante mais qui ont toutefois conscience des problèmes environnementaux.
Selon lui, les enfants d’aujourd’hui "savent bien que leur habitat est menacé, ils ont conscience de la possibilité d’une finitude mais ça ne les accable pas. Il y a cette forme d’amnésie propre à l’enfance qui les rend encore disponibles aux jeux, aux inventions...
C’est comme s’il existait une nouvelle race d’enfants "hybrides", en qui cohabitent innocence et conscience, légèreté et abattement", analyse-t-il.
Dans ce village corse, les enfants sont lâchés dans la nature. Ils ont leurs sentiers, leurs repères, leurs trésors, leurs grottes et leurs arbres. Ils vivent dans et avec la nature. "Mais j’ai fait très attention à ne pas avoir un discours qui me rattrape", explique Pierre Salvadori.
"J’ai un avis personnel sur tout ça bien sûr mais je n’aime pas les films programmatiques où les personnages sont des porte-paroles, tout y est désincarné.
Les personnages doivent prendre le dessus avec leurs contradictions, leur humanité tout simplement. Après, les choses se prolongent, leurs idées s’affinent. L’histoire du film est cette longue délibération", a-t-il conclu.
La Petite bande est en salles depuis le 20 juillet.