Comment faire une suite à la hauteur d'un film d’animation aussi révolutionnaire que l'a été Spider-Man New Generation ?
Kemp Powers : La réponse est : en fonctionnant par étapes. (rires) C’est un vrai travail d’équipe. L’histoire a été conçue par Chris Miller et Phil Lord (également producteurs délégués du film) et ce qui est fantastique avec l’industrie de l’animation, encore davantage que dans le cinéma en prises de vues réelles, c’est l’aspect collaboratif au cœur de chaque projet.
Les bonnes idées peuvent venir de n’importe qui, et c’est ainsi que n'importe quoi devrait se dérouler. Lorsque l’on raconte une histoire comme celle-ci, nous n’avons en général pas toutes les réponses dès le début, mais celles-ci nous parviennent au fur et à mesure des étapes de la production. Mais il y avait des éléments centraux qui nous ont immédiatement paru essentiels, mais dont nous ne pouvons évidemment pas encore parler !
Nous savions que ce film serait à nouveau centré sur l’histoire de Miles Morales. Il y avait des univers que nous souhaitions explorer à travers le personnage de Gwen et nous avons rapidement décidé que notre méchant principal serait The Spot. Et puis nous voulions absolument faire revenir Miguel O'Hara, alias Spider-Man 2099. A partir de tous ces éléments, nous avons construit l’histoire et très vite, avons découvert ce qui fonctionne, et surtout ce qui ne fonctionne pas dans le récit. Et c’est à partir de là que le vrai travail commence. (rires)
Le report du film vous a-t-il permis de modifier l’histoire, suite à la sortie de No Way Home qui explorait également le multivers de la franchise Spider-Man ?
Justin Thompson : Quand New Generation est sorti en 2018, nous avons été en quelque sorte les premiers à explorer ce concept de multivers, et c’est donc cool de voir d’autres personnes que nous explorer cela. Mais je pense qu’avec nos deux films (Accross the Spider-verse au cinéma le 31 mai 2023, et Beyond the Spider- Verse, quant à lui attendu pour 2024) nous proposons une vision du multivers qui nous est propre et qui est suffisamment originale pour que le public se réjouisse de l’explorer, sans éprouver l’impression de déjà-vu.
Car aucun autre film ne peut aller dans la direction que celle que nous empruntons. Parce que l’animation nous le permet, et que nous repoussons les limites de ce qui a déjà été fait. C’est donc une aventure à plus d’un titre dans le multivers de Spider-Man.
Grosso modo, les films du MCU sont des adaptations de comics destinés à un public qui n’en lit pas, alors que les films d’animation Spider-Man semblent davantage connectés aux comics.
Joaquim Dos Santos : Ce lien est l’essence même de notre film. Comme il a déjà été dit à la sortie du premier film, notre travail est une véritable déclaration d’amour aux comics Spider-Man. Quand nous avons révélé les premières images du film, nous avons mentionné plusieurs illustrateurs de comics, parce que nous n’avons pas honte d’assumer que notre principale source d’inspiration vient des bandes-dessinées, mais également parce que nous voulons nous inspirer de leurs travaux. C’est un objectif que l’on ne peut mener à bien que par le biais de l’animation, mais également en cherchant de nouveaux moyens pour repousser les limites de ce qui a été jusqu’ici établi.
Justin Thompson : Nous avons collaboré avec nos dessinateurs favoris, pas seulement pour New Generation, mais également pour cette suite. Et nous développons de nouvelles techniques d’animation en collaboration directe avec ces artistes. Notre objectif principal était de transposer le travail de ces dessinateurs dans un espace en trois dimensions. Il ne s’agissait pas de rendre un simple hommage aux comics, mais en réalité de donner vie aux comics.
Des personnages du premier film vont faire leur retour ; quels nouveaux héros et vilains pouvons-nous espérer dans ce second volet parmi les 240 nouveaux personnages annoncés ?
Kemp Powers : Cela n'est pas aussi simple que cela. Quand nous avons évoqué 240 nouveaux personnages, cela incluait les silhouettes en arrière-plan, car nous n’avons pas prévu de suivre 240 histoires en même temps ! (rires) Il était essentiel à nos yeux de ne pas trop nous éloigner de l’histoire de Miles Morales, ses aventures sont le cœur même de notre récit, et les personnages secondaires ne sont présents dans les films que pour l’accompagner.
Chaque personnage possède sa propre histoire, et les extraits que nous avons dévoilés hier ne sont que la partie visible de l’iceberg. L’un des défis de ce film a été d’intégrer ces nouveaux venus à un univers déjà établi grâce au premier film ; c’est le cœur même de notre travail. Nous sommes impatients de pouvoir révéler, le plus tôt possible j’espère, ces nouveaux personnages.
Pourquoi avoir choisi The Spot comme méchant principal : était-ce dans le but de représenter un vilain encore jamais apparu dans une production Spider-Man, ou tout simplement parce qu’il était celui qui s’adaptait le mieux à votre histoire ?
Justin Thompson : Je pense qu’il était vraiment parfait pour l’histoire d’Accross the Spider-Verse. Il est amusant de penser au potentiel visuel que représente un personnage doté de tels pouvoirs. A l'instar du personnage dans les comics, notre vision de The Spot est celle d’un personnage à l’état d’ébauche, qui n’est pas encore abouti, et à l’inverse Miles qui n’est âgé que de quinze ans est encore en train de se chercher en tant que personne. Est-il encore un enfant, ou est-il déjà en train de devenir adulte ? Au final, l’histoire de ces deux personnages a beaucoup plus de points communs qu’il n’y paraît.
Quel est votre méchant de l’univers Spider-Man favori ?
Joaquim Dos Santos : C’est difficile de choisir, il y en a tellement… (il réfléchit) Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup Scorpion. C’est vraiment un personnage très cool. J’aimais également Hydro-Man, même si avec mon regard d’aujourd’hui, je me rends que c’est juste un mec avec un t-shirt, qu’on devrait rebaptiser T-shirt-Man. (rires)
Justin Thompson : J’adore les méchants un peu ridicules. J’ai grandi avec les dessins animés Bugs Bunny et Looney Tunes, tous les trucs un peu marrants, donc j’aimais dans Spider-Man les méchants un peu nuls, des personnages comme Big Wheel (un personnage au volant d'une roue géante, ndlr) et Slyde (un ersatz de ninja, ndlr) et l’Homme-mouche Fly (sic), des méchants qui n’ont aucune chance face à Spider-Man, l’un des héros les plus puissants de l’univers, qui pourrait coller une droite à Thor sans soucis. Le voir affronter un mec coincé dans une roue, c’est donc assez hilarant et génial.
Kemp Powers : J’aime les plus connus, je crois que mon préféré est le Bouffon Vert, ainsi que le Docteur Octopus. Mais dans les comics, il y a eu beaucoup de combats mémorables entre Spider-Man et le Fléau, que l’on connaît davantage comme un adversaire des X-Men mais qui rendait régulièrement visite à Spider-Man pour lui imposer sa super-puissance.
Et puis il y a également Frog-Man, qui est vraiment un méchant stupide, mais néanmoins mémorable ; je me souviens d’une histoire qui le voyait affronter le Crapaud, et Spider-Man qui tentait désespérément de les séparer. (rires) J’aimais l’idée qu’un méchant moins puissant puisse néanmoins faire jeu égal avec lui, c’est l’un des aspects qui m’a toujours plu dans Spider-Man, le fait qu’il faille s’accrocher dans la vie pour se surpasser, à la manière de Rocky Balboa.