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    Stranger Things 4 : on a vu les 7 épisodes XXL... c'est long, mais c'est bien !
    Emilie Semiramoth
    Emilie Semiramoth
    Cheffe du pôle streaming, elle a été biberonnée aux séries et au cinéma d'auteur. Elle ne cache pas son penchant pour la pop culture dans toutes ses excentricités. De la bromance entre Spock et Kirk dans Star Trek aux désillusions de Mulholland Drive de Lynch, elle ignore les frontières des genres.

    C’est le jour J, le volume 1 de la saison 4 de Stranger Things arrive enfin sur Netflix. En version poids lourds avec sept épisodes XXL et pleins d’aventures !

    Trois ans d’attente. Depuis le lancement de la saison 3 le 4 juillet 2019, les fans de Stranger Things ont dû s’armer de patience. Avec un budget plus élevé – 30 millions par épisode ! – un territoire agrandi et des séquences d’horreur assez bluffantes, la nouvelle saison du hit Netflix est l’évènement de la semaine.

    Un avertissement cependant s’impose. La très longue durée des épisodes, avec une moyenne tournant autour d'1h15 par épisode, et la lenteur de déploiement des intrigues rend toute forme de binge-watching indigeste.

    Stranger Things
    Stranger Things
    Sortie : 2016-07-15 | 55 min
    Série : Stranger Things
    Avec Millie Bobby Brown, Finn Wolfhard, Gaten Matarazzo
    Presse
    3,7
    Spectateurs
    4,4
    Voir sur Netflix

    3 ans = 6 mois

    La notion de temps a toujours été une chose un peu délicate dans la ville fictive de Hawkins, où des portails tout visqueux vers des dimensions parallèles cauchemardesques sont connus pour s'ouvrir occasionnellement, mais cela prend une nouvelle signification alors que Stranger Things 4 rattrape ses héros devenus… adolescents !

    Trois ans pour nous – et accessoirement pour les acteurs – mais il ne s’est passé que six mois pour la bande depuis la bataille du centre commercial de Starcourt. Elle a été d’une telle intensité qu’Eleven (Millie Bobby Brown) s’est retrouvée à la fin sans ses pouvoirs.

    Elle est ainsi partie vivre avec Joyce (Winona Ryder), Will (Noah Schnapp) et Jonathan (Charlie Heaton) en Californie, tandis que Mike (Finn Wolfhard), Dustin (Gaten Matarazzo), Max (Sadie Sink), Lucas (Caleb McLaughlin) et Steve (Joe Keery) sont restés à Hawkins.

    Présumé mort, mais bien vivant, Hopper (David Harbour) est prisonnier dans un goulag russe secret. Et même à des milliers de kilomètres de Hawkins, il n’en a pas tout à fait fini avec l'Upside Down...

    Eparpillés façon puzzle

    Stranger Things 4 ressemble aux saisons précédentes dans sa manière de rester dans le canon culturel et pop des années 80 avec son lot d’hommages au cinéma de genre de l'époque. Dans ce quatrième opus cependant, Stranger Things assume plus son identité propre en devenant autre chose qu'un hommage stylisé aux créatures et aux grands classiques qui remplissaient les salles dans les années 80.

    Cette saison est clairement plus ample, plus gore aussi et plus intense que les précédentes. Mais cela suit aussi l’évolution naturelle de cette épopée tentaculaire que les frères Duffer racontent depuis le début.

    "La vie normale" pour Eleven, Will, Jonathan, et la mère des garçons Joyce Byers c’est jouer à la famille américaine moyenne, du moins en apparence, s'installer dans une nouvelle vie ordinaire en Californie où tout le monde espère que Jane – c’est le vrai prénom d'Eleven – pourra prendre un nouveau départ.

    Netflix

    Pour la jeune fille, évoluer dans ce nouveau cadre, sans ses pouvoirs et sans son père adoptif Jim Hopper toujours porté disparu, c’est apprendre à exister simplement en tant qu'adolescente ordinaire. Et c’est à la fois un défi et une angoisse pour elle. Mais l’enthousiasme sincère d'Eleven couplé à la mise en veille apparente de l’Upside Down depuis leur départ de Hawkins confortent les Byers dans leur nouvelle vie dans l'Ouest.

    Cette saison trouve le reste de la bande à Hawkins en plein essor alors que les lycéens se préparent pour leur fameux "spring break", les vacances de printemps. Désormais Lucas consacre plus de temps à l'équipe de basket-ball du lycée. Max continue de faire face tant bien que mal à la mort de son frère Billy. Quant à Mike et Dustin, ils se trouvent de nouveaux amis au Hellfire Club – un groupe de nerds qui jouent à Donjons & Dragons sous la supervision d’Eddie Munson (Joseph Quinn) un lycéen redoublant, beaucoup plus âgé.

    En séparant la bande d’origine en groupes de plus petite taille et en introduisant de nouveaux personnages, comme le capitaine de l'équipe de basket-ball Jason Carver (Mason Dye) et le livreur de pizza Argyle (Eduardo Franco) nouveau meilleur ami de Jonathan, cette saison 4 établit le changement comme l'un de ses thèmes déterminants de la saison. Il y a une rupture actée aussi bien dans la forme que dans le fond, même si ces groupes éclatés œuvrent chacun de leur côté pour une seule et même cause.

    Plus psychologique

    Si un certain dépaysement se fait ressentir au début, on s’habitude à cette nouvelle géographie narrative à mesure que les épisodes s’appliquent à creuser la psychologie des personnages. Bien que Stranger Things continue de tourner autour d'Eleven et de son lien avec l’Upside Down, cette saison joue avec l'idée que Hawkins est un endroit maudit et que la ville, à sa façon, fait bouger les lignes intérieures des personnes qui connaissent ses secrets.

    Alors que la plupart des ados sont occupés à affronter la puberté et, éventuellement, à assurer leur vie scolaire, nos héros sont également confrontés au poids de savoir quels types d'horreurs le laboratoire national de Hawkins a déchaînés sur le monde. Et s’ils sont clairement trop jeunes pour cela, ils gagnent très vite en maturité, largement aidés sur ce point par leur apparence désormais de jeunes adultes.

    Netflix

    Bien que cette saison présente un nouveau monstre issu de Donjons & Dragons – partageant une forte ressemblance avec Freddy Krueger des Griffes de la nuit  – celui-ci revêt une importance particulière. Car sa présence répond en partie à certaines des plus grandes questions de la série.

    C’est dans ces circonstances qu’on sent que la fin de Stranger Things approche. On le sait, la saison 5 sera la dernière. C’est peut-être la raison pour laquelle les épisodes de cette partie 1 sont outrageusement longs. On devine que les frères Duffer ont envie de tout raconter, de n’épargner aucun détail. Mais il reste l’impression qu’au lieu de parachever le tissage d’une narration complexe, ils délayent dans un surplus de scènes qui auraient pu rester en salle de montage.

    Il n’en reste pas moins quelques fulgurances. Tout comme l’Upside Down qui nous apparaît toujours plus grand, Stranger Things opère une mue et sort avec ces nouveaux épisodes du statut classique de série. En présentant un long métrage par épisode, elle se transforme en méga-série dont le caractère hyper-feuilletonnant en fait un objet série-film à part entière. Bref, c'est long mais c'est bien quand même.

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