Au mois de mai 1986, quand sort dans les salles américaines le long métrage Top Gun, personne, à part peut-être les producteurs Don Simpson et Jerry Bruckheimer, ne se doute vraiment que l'histoire d'un jeune as du pilotage, tête brûlée d'une école réservée à l'élite de l'aéronavale US, va provoquer une véritable onde de choc dans la culture populaire. Car l'affaire ne semble alors pas vraiment bien engagée...
Après qu'un changement de direction chez Paramount a finalement sauvé le projet (les précédents boss étant échaudés par l'échec d'une série télé sur l'aviation), l'accueil du film, lors d'une avant-première à Houston, est pour le moins frisquet en raison du récent accident de la navette spatiale Challenger, ainsi que le note Jerry Bruckheimer au micro de Variety. Ce qui ne donne pas franchement confiance pour la suite, même si le taux de satisfaction de l'audience est finalement très bon...
Et si le public qui a le privilège de découvrir le film avant les autres apprécie, la critique, elle, se montre mitigée. Difficile, donc, d'imaginer un succès mondial, d'autant que l'acteur principal, Tom Cruise, qui est certes un jeune comédien en devenir après avoir été révélé par Risky Business, n'est pas à l'époque une star du calibre de John Travolta ou Michael J. Fox, qui faisaient partie de la longue liste des comédiens en lice pour le rôle de Pete Mitchell. Et pourtant...
Pourtant, Top Gun devient un véritable phénomène, pas seulement aux Etats-Unis mais dans le monde entier. Produit pour environ 15 millions de billets de verts, le long métrage de Tony Scott rapporte plus de 350 millions de dollars de recettes. En France, il séduit plus de 3,5 millions de spectateurs. Et Tom Cruise devient une star planétaire, sa carrière décollant aussi vite qu'un F-14 Tomcat.
Inspiré de l'article Top Guns d'Ehud Yonay, publié en 1983 dans le magazine California, Top Gun est un parfait mélange d'action et de romance, un blockbuster qui prend aux tripes mais sait aussi toucher la corde sensible. Emmené par le tube oscarisé Take My Breath Away composé par Giorgio Moroder et interprété par le groupe Berlin, le film séduit par ses incroyables séquences aériennes, avec des caméras embarquées qui donnent véritablement l'impression aux spectateurs d'être dans le cockpit.
Mais le succès de Top Gun ne se limite pas au nombre d'entrées dans les salles obscures. L'impact de l'oeuvre est tel que la Navy enregistre un bond des recrutements de plus de 500%, beaucoup désirant devenir pilote après avoir vu cette aventure inédite en haute altitude. Et ce n'est pas tout ! Tom Cruise permet en effet de booster de 50% les ventes des lunettes Aviators de la marque Ray-Ban qu'il porte dans le long métrage.
Culte au point d'être souvent parodié, comme avec le délirant Hots Shots! emmené par Charlie Sheen (qui fut un temps pressenti pour jouer dans le film de 1986 !), Top Gun a très vite failli se voir doter d'une nouvelle mission sur grand écran. Mais le projet capota, à la fois pour des questions logistiques et en raison du cachet demandé par Tom Cruise. Il aura fallu attendre plus de trois décennies pour que la fameuse suite du film phénomène, intitulée Top Gun: Maverick, débarque dans les salles obscures.
Faux Raccord : les gaffes et erreurs de "Top Gun"