Quelques mois après l'arche sur le concours inter-écoles qui a marqué le départ de Clément Rémiens et a accueilli Michel Sarran en guest d'exception, Ici tout commence met une fois de plus les petits plats dans les grands cette semaine en proposant une intrigue catastrophe qui a débuté hier sur TF1 par le bal de promo tant attendu de l'institut Auguste Armand et n'a pas tardé à virer au cauchemar pour les héros de la série.
Alors que la fête bat son plein, la boule à facettes qui surplombe la piste de danse vient s'écraser au sol. C'est ensuite au tour de la structure métallique qui est accrochée au plafond de céder. La joie laisse alors place à la panique et à la peur au sein de la salle de bal. Avant que les élèves et les professeurs de l'institut ne se retrouvent coincés, sans aucune perspective d'issue. Et que le plafond ne se mette, à son tour, à leur tomber sur la tête.
Et qui dit épisodes exceptionnels dit évidemment dispositif hors norme pour le feuilleton quotidien de TF1 qui comptait bien créer plus que jamais l'événement avec cette arche de tous les dangers.
Réalisées par Jérôme Navarro, qui fait partie des réalisateurs réguliers d'Ici tout commence et travaille également sur Demain nous appartient, les séquences se déroulant au sein de la salle de bal ont nécessité une semaine de tournage à elles seules. Avec, en prime, sept jours de préparation supplémentaires pour le réalisateur et ses équipes par rapport à ce qui se fait habituellement sur la série.
Et si Jérôme Navarro n'est pas un novice en matières de catastrophes - l'incendie du mas de Demain nous appartient en 2019, c'était déjà lui ! - il avoue s'être beaucoup amusé avec les différents enjeux techniques propres au bal d'Ici tout commence. "Sur un épisode classique, on sait où on va, alors que là c’est une montage qui se met en place devant nous et tout le monde s’y met". D'autant plus que, de la chute de la boule à facettes à la fabrication d'une maquette de la salle de bal reproduite à l'identique, les défis étaient multiples.
Trois boules à facettes différentes, "deux décors" (ou presque), et beaucoup de poussière
Alors que les scénaristes d'Ici tout commence auraient pu opter pour une catastrophe instantanée, ils ont préféré y aller par étape, ce qui participe grandement au suspense et au côté imprévisibles de ces deux épisodes. Tout part de la boule à facettes, que parviennent à éviter de justesse Salomé (Aurélie Pons) et Axel (Thomas Da Costa). Et cet élément du décor, si central dans l'intrigue, a nécessité énormément de préparation.
"Quand j’ai découvert le décor, je me suis dit "Très bien, il va y avoir cette boule qui tombe, mais ensuite il faut justifier le fait que tout le reste suive". C'était un vrai défi et ça m'amusait beaucoup", explique Jérôme Navarro, qui a dessiné quasiment tous les plans nécessaires à la réalisation du bal. "Il y avait déjà eu une explosion et des incendies dans la série, mais nous n'étions encore jamais allés dans cette direction".
"On a fait plusieurs essais avec la boule à facettes. Parce que, mine de rien, il faut qu’elle s’écroule d’une certaine façon, qu’elle s’écrase et qu’on ait une impression de lourdeur. Donc on a utilisé trois types de boules différents : une première très grosse au début, qu’on voit au départ au sol, puis une deuxième qui tombe sur les comédiens et qui est donc plus légère, et enfin une troisième en maquette qui est plus petite".
Pour donner cette impression de plafond qui se fend et se morcelle avant de s'effondrer, les décorateurs d'Ici tout commence ont confectionné une maquette de la salle de bal, ce qui leur permettait de pouvoir y aller à fond dans la destruction sans avoir recours à des effets numériques.
"Dans le décor de la salle de bal, je ne pouvais pas monter avec des grues pour faire des plans serrés du plafond, je ne pouvais pas montrer des bouts de poutres qui se détachaient, sinon je ne m’en sortais pas. J’avais une semaine de tournage avec les comédiens au sol pour mettre en boîte les choses qui tombent sur les personnages notamment", révèle Jérôme Navarro au sujet des secrets de fabrication des séquences les plus impressionnantes de l'intrigue "Bal de promo".
"Pour ce qui est des inserts, des contre-plongées, ou des plans sur le plafond, lorsqu'on voit les poutres qui se détachent, j'ai tourné tout ça la semaine suivante, en fonction de tout ce qu’on avait fait avant. Une maquette avait été construite au 1/2ème, à la moitié de la dimension normale. Les équipes déco ont été géniales, elles m’ont suivi, elles n’ont pas eu peur. Elles m’ont fait un super décor, en double, de tout le plafond".
"Donc dès qu’on voit la boule de près, la boule qui se détache de près, ou une poutre qui tombe, c’est de la maquette. On a même mis de la poussière sur la maquette. Et en plus, après, il y a eu quelques effets spéciaux numériques qui ont rajouté de temps en temps de petites étincelles ou de la poussière qui tombe en avant-plan. Mais c’est très rare. C’est principalement de la maquette".
Autant de préparation et de réflexion sur ces différents éléments était évidemment primordial pour assurer le bon déroulement du tournage le moment venu, une fois sur le plateau. Et éviter que le moindre risque ne soit pris par les comédiens ou les différents techniciens d'Ici tout commence.
"Si on n’avait pas eu cette préparation, on aurait été bloqué", poursuit le réalisateur, qui a co-dirigé ces deux épisodes avec Christophe Barraud et Laurent Bourdier. "Il faut surtout ne pas prendre de risques avec les choses qui tombent. Rien que pour la boule à facettes, on a fait quatre après-midis de répétition. D’abord avec la boule toute seule, puis avec les comédiens la veille du tournage".
"Il faut répéter plein de fois et tout synchroniser. Et lorsque tout le monde est synchrone, on peut lancer le tournage. Surtout que sur une série comme Ici tout commence, on ne peut pas refaire 15 fois les prises. La poussière, qui était diffusée dans la salle à l'aide de canons, on ne peut pas la refaire deux fois. Non seulement parce que toute l’installation est lourde. Mais aussi parce que les comédiens sont tout poussiérés (rires). C’est très compliqué. Mais visuellement c’était intéressant. Je voulais absolument que, lorsque tout tombe, ils s’éclairent avec les portables. Je pense que ça marche à l’écran".
Carrie et Destination finale comme références
Au-delà des séquences impressionnantes et haletantes qui ponctuent l'épisode de ce jeudi 5 mai, Jérôme Navarro et les scénaristes voulaient également s'amuser avec les codes du genre et avec les téléspectateurs afin de faire de ce bal de promo un vrai événement inoubliable et marquant de l'histoire de la série.
"Je voulais vraiment que ce soit jouissif, qu’on s’amuse avec le spectateur. Je voulais montrer le plafond de très près, qu’on s’amuse avec les détails. Qu’il y ait un côté très fête, tout va bien au début, et puis s’amuser à voir le drame qui arrive, comme dans de vieux films comme Carrie".
Le film de Brian De Palma n'est d'ailleurs pas la seule inspiration cinématographique que l'on peut noter dans les épisodes catastrophes du bal puisque, dès la diffusion des premières images de l'intrigue sur les réseaux sociaux, les fans ont remarqué un petit côté Destination finale dans les plans où un boulon qui permet à la boule à facettes de tenir accroché au plafond tombe sur l'épaule de Salomé. Une référence qu'assume totalement le réalisateur d'Ici tout commence.
"Il y a beaucoup de films et de séries avec lesquels on a joué. Destination finale évidemment, dans la scène du boulon par exemple. On prépare le spectateur à ce qui va se passer et on s’amuse avec ça. C'est hyper jouissif pour tout le monde".
Et si "tout est plus long" sur un tel tournage, qui nécessite également de répéter des chorégraphies pour les scènes de danse, Jérôme Navarro assure que tout le monde s'est éclaté, des comédiens aux figurants, en passant par tous les membres de l'équipe technique.
"Tout le monde était embarqué avec moi. Le scénario m’amusait beaucoup. Il était assez simple sur le papier, et une fois sur le tournage ça devenait énorme. Mais il y avait de l’énergie qui venait de partout. Les figurants se sont beaucoup amusés, les comédiens aussi. Il fallait juste coordonner tout ça".
Les téléspectateurs les plus observateurs auront peut-être remarqué que l'épisode diffusé ce soir sur TF1 était plus court que d'habitude puisqu'il dure seulement 22 minutes. Et si des questions de budget peuvent évidemment y être pour quelque chose, l'idée était surtout, pour le réalisateur, de ne rien perdre de la tension qui émane de ce bal de promo tragique.
"Quand on fait des séquences comme celles-ci, c’est hyper dynamique. On savait que tout allait aller très vite", explique Jérôme Navarro à notre micro. "Je pouvais difficilement rallonger les séquences. La production le savait. On les avait prévenus et il n’y avait pas de problème par rapport à ça. Et comme les épisodes sont compliqués et chers, cela ne servait à rien de rallonger les séquences de manière artificielle. On voulait garder l’épisode tel qu’il devait l’être, c’est-à-dire très nerveux sur la fin".
Le résultat, hyper dynamique et prenant, donne raison au réalisateur et devrait sans mal ravir tous les fans d'Ici tout commence. Et si la poussière et les gravats laisseront place dans les prochains épisodes au temps de la reconstruction, les conséquences de ce bal tragique se feront certainement ressentir encore quelque temps à Calvières et au sein de l'institut.
Après tout, la main retrouvée sous les décombres par Louis (Fabian Wolfrom) pourrait bien être annonciatrice de bouleversements importants dans la vie des apprentis chefs étoilés.