Déjà apparu sur le petit écran dans Plus belle la vie, Théo Curin a fait ses premiers pas de comédien pour les besoins du téléfilm Handigang, tourné avant sa participation au feuilleton de France 3 mais qui arrive seulement ce soir à 21h10 sur TF1. Au micro d'Allociné, il se livre sur sa décision d’arrêter les compétitions sportives pour se tourner vers de nouveaux domaines comme la comédie. Quels sont ses futurs projets ? Quelle a été son expérience sur Handigang ? Réponse.
Allociné : Nous vous connaissons tous en tant qu’athlète. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette nouvelle carrière d’acteur ?
Théo Curin : Tout simplement car l’opportunité s’est présentée. J’ai commencé dans Vestiaires sur France 2 mais j’incarnais mon propre rôle. Ce n’était pas vraiment du grand cinéma car je devais être moi-même. Pendant le premier confinement, j’ai été contacté par un agent de cinéma et j’ai accepté car c’était une chance.
Puis il y a eu Handigang et Plus belle la vie. J’ai accepté car le cinéma me faisait rêver et me semblait inaccessible. Je viens de la campagne, mes parents n’avaient pas les moyens de m’offrir des cours de théâtre, et personne dans mon entourage n'est artiste. Alors, quand j’ai su que je devais passer des castings, j’étais content que cela se concrétise et j’ai découvert en ce métier une véritable passion.
On n’a pas besoin d’être handicapé pour faire passer des messages sur le handicap, pareil pour la cause LGBTQ+
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter ce rôle ?
Déjà, l’opportunité est extraordinaire : c’est un prime-time sur TF1, en tant que premier rôle, c’est incroyable. En lisant le scénario, même si je n’ai pas envie d’être le porte-parole des personnes en situation de handicap, le sujet m'a touché.
J’ai été touché par l’histoire de Sam. Je n’ai jamais fait de crise d’adolescence car je suis parti de chez mes parents à 13 ans pour être en sport-étude à Vichy à presque 500 kilomètres d’eux. Je n’ai jamais fait de grosse bêtise, et c’est ce que j’ai aimé dans ce scénario : l’opportunité de faire des choses que je n’avais jamais faites. Ce qui me plaît dans le cinéma, c’est d’incarner des personnes que je ne suis pas.
Finalement, ce film est le prolongement de ce que vous faites depuis des années en utilisant un autre format...
C’est pour cela que j’ai accepté le projet. Ce film est sur la différence, on parle de handicap mais aussi d’homosexualité par exemple. On parle de toutes les différences et c’est le message que je tente de faire passer depuis des années. Et puis, on n’a pas besoin d’être handicapé pour faire passer des messages sur le handicap, pareil pour la cause LGBTQ+… du moment qu’on est motivé !
Le mieux est quand on se rassemble ! C’est vraiment le message que j’ai envie de faire passer et ce film en est l’exemple. Évidemment, il est basé sur l’adolescence d’une personne en situation de handicap mais il parle donc aussi d’homosexualité, c’est une subtilité très importante. Vincent (joué par Arthur Legrand) souffre plus de son homosexualité que de la mucoviscidose par exemple.
C’était aussi l’opportunité d’embrasser un homme pour la première fois de ma vie [rires]. Pour l’anecdote, cette scène a été tournée dès le deuxième jour de tournage. Je ne connaissais pas encore Arthur, c’était très drôle, cette séquence nous a liés.
J’ai envie de me détacher de mon image de nageur
Vous ne nagez pas dans le téléfilm, cela peut être surprenant pour vos fans...
Justement, ce qui est sympa dans le téléfilm, c’est qu’il raconte l’histoire de Sam et pas celle de Théo. J’ai envie de me détacher de mon image de nageur. Après, si pour une suite on me le propose, je le ferai. Mais, il était important de planter le décor d’une autre manière.
Sur quels points vous identifiez-vous à Sam ?
Dans le fait de vouloir faire bouger les choses tout simplement et le fait d’oser aussi. Sam ose, comme moi, casser les codes, dire ce qu’il pense, répondre aux professeurs ou encore être autonome. La première chose que je souhaitais en sortant de l’hôpital, c’était d’être autonome. Je ne supportais pas que mes proches m’aident car je savais que je pouvais le faire seul, même si cela a nécessité des entraînements. Sam supporte de moins en moins que sa mère l’aide.
A-t-il été compliqué de vous exposer autant ?
À aucun moment ! À partir du moment où les personnes autour de toi sont bienveillantes, le tour est joué. Le tournage peut paraître impressionnant mais les personnes qui ont participé à ce projet savaient que ce n’était pas seulement un téléfilm.
Appréhendiez-vous la scène de bagarre ?
Non. À la première lecture, je n'aimais pas beaucoup cette séquence parce que j’étais inactif. Je poussais seulement quelqu'un à un moment donné. J’ai donc dit à Stéphanie Pillonca (la réalisatrice du téléfilm) que je voulais me battre également et elle a dit "Ok". Elle a fait venir un cascadeur et une équipe qui ont écrit une chorégraphie pour moi.
C’est l’une des scènes où Stéphanie a le moins regardé le combo parce qu’elle avait peur qu’il nous arrive quelque chose
Nous avons travaillé dessus toute une matinée, je m’en souviendrai toute ma vie. Il me semble que c’est l’une des scènes où Stéphanie a le moins regardé le combo parce qu’elle avait peur qu’il nous arrive quelque chose.
Finalement, c’est une scène très forte parce qu’elle peut se produire dans la vraie vie. La force de Stéphanie est qu’elle sait jauger les choses. Pour la bagarre, on est allé chercher quelque chose de nouveau qui n’avait jamais été vu.
Vous êtes-vous reconnu dans cette relation fusionnelle mère-fils ?
Oui, et c’est ce que j’ai aimé avec Stéphanie car elle a ajouté des scènes que je lui ai proposée. Je trouvais qu’il manquait une scène de contact entre les deux personnages car mes parents m’ont beaucoup aidé quand j’étais jeune avec mes prothèses par exemple. Quand on tournait avec Alessandra Sublet, je voyais vraiment une maman en face de moi. Pendant les scènes où elle m’aidait, c’était simple et facile, naturel. Il y avait beau avoir plusieurs caméras autour de nous, c’était très naturel.
Avez-vous déjà fait face aux mêmes problématiques que votre personnage pendant votre scolarité ou ailleurs ?
Pas vraiment en ce qui concerne les problèmes d’accessibilité, parce que j’ai très vite remarché avec mes prothèses. Par contre, j’ai des amis en fauteuil roulant et je vois bien les difficultés qu’ils ont à Paris ou dans d’autres villes en France. Le problème dont j’ai souffert au début, mais plus maintenant, était le regard des autres. Pourquoi tout le monde me regardait comme ça, comme si j’étais un extraterrestre du jour au lendemain ?
Puis un jour, j’ai compris que le regard des autres était humain. Il m’arrive aussi de regarder les autres. Par exemple, aujourd’hui, si je croise une personne dans la rue avec les cheveux bleus, je vais la regarder non pas parce que je la juge mais parce que je n’ai pas l’habitude de voir ça. Et quand les gens me regardent dans la rue c’est pareil, il n’y a pas spécialement de jugement. Lorsque j’ai compris ça, j’ai recommencé à vivre tout simplement.
Qu’avez-vous ressenti pendant votre retour au lycée pour ce tournage ?
Honnêtement, c’était sympa. En plus, il y avait de vrais élèves qui faisaient les figurants. Ça m’a fait rire de retourner au lycée, même si je détestais ça à l'époque. En fait, je crois que je préfère aller au lycée pour les besoins d'une fiction.
On parle de plus en plus des personnes atteintes de handicap...
Parlons-nous assez de l’inclusion des personnes atteintes de handicap en France ?
On en parle de plus en plus. Je suis très positif à ce sujet.
Il y a plusieurs mois vous traversiez le lac Titicaca, aujourd’hui vous êtes le premier rôle dans un téléfilm. Quelle est a prochaine étape ?
Il y a mon prochain défi sportif, la course "Santa Fe-Coronda" qui se déroule en Argentine [57 km à faire à la nage]. J’aimerais aussi décrocher d’autres rôles, et la télévision me passionne aussi. J’aimerais avoir un jour ma propre émission de télévision et pouvoir faire les deux : de la comédie et de l’animation.
Vous avez déclaré arrêter les compétitions sportives. Comptez-vous vous concentrer totalement sur votre carrière d’acteur ?
Non, parce que je vais continuer à me lancer des défis sportifs, de temps en temps. J’ai décidé d’arrêter la compétition parce que je faisais face à des problèmes de classification mais c’est vrai que maintenant ça me laisse le temps pour d’autres sollicitations, passer des castings, tourner un film ou une série, imaginer des projets à la télévision. C’est plus simple maintenant.
Si j’associais tout ça, je n’avais plus une minute à moi. J’ai 22 ans, je ne veux pas m’épuiser et n’avoir plus goût à rien arrivé à 30 ans. C’est important de trouver un équilibre. Aujourd’hui, je suis très épanoui, j’aime la diversité de ma vie. Pendant un mois, j’étais en pleine promotion de mon livre, maintenant je suis sur Handigang et à côté de ça je m’entraîne. Actuellement, j’écris aussi un court métrage avec un ami, il sera tourné cet été et je jouerai dedans.
Mon rêve est de décrocher un rôle qui ne nécessite pas d’être handicapé et mon deuxième rêve serait un film avec encore plus de cascades, même si je joue une personne avec un handicap
Pour finir, quel serait le rôle parfait pour vous, celui que vous rêvez de jouer ?
Franchement, je pense qu’il y a un milliard de rôles qui m’intéresseraient. Petite anecdote, une fois, j’ai eu une discussion avec un producteur, je disais que ce n’était pas normal que les personnages handicapés du film soient joués par des personnes valides. Et ce producteur m’a dit quelque chose de très intéressant et de vrai selon moi. Il m’a dit que c’était ça aussi le travail d’un comédien, d’incarner des choses et des gens que l’on n’est pas forcément. Être comédien, c’est savoir jouer la comédie, la tristesse, l’euphorie… mais c’est aussi jouer une personne aveugle, en fauteuil roulant, paraplégique… Puis, je me suis fait la réflexion... Si l'on voit les choses sous cet angle alors ça veut dire que l’on peut me voir aussi incarner quelqu’un de valide ou en tout cas, dans un rôle normal.
Un de mes rêves est de passer un casting pour un homme assez grand avec les cheveux bouclés et voilà. Évidemment, mon handicap va se voir, mais je m’en fiche, et il faut que le réalisateur soit dans le même état d’esprit. Après, il faut que j’assure, que j’aie les qualités pour jouer le rôle. Et inversement, j’aime aussi incarner le rôle d’une personne en situation de handicap comme on l’a fait avec Handigang car cela nous permet d’ajouter encore plus de vérité.
Donc, mon rêve est de décrocher un rôle qui ne nécessite pas d’être handicapé, et mon second rêve serait un film avec encore plus de cascades, même si je joue une personne avec un handicap. Le jour où l’on a tourné la cascade pour le film a été mon préféré du tournage, je n’avais jamais fait ça de ma vie et j’ai adoré.