De quoi ça parle ?
Paris, années 80. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile. Talulah découvre la chaleur d’un foyer et Matthias la possibilité d’un premier amour, tandis qu’Elisabeth invente son chemin, pour la première fois peut-être. Tous s’aiment, se débattent... leur vie recommencée ?
Un film qui produit les mêmes sentiments que l'écoute d'une chanson aimée
Après Amanda ou encore Ce sentiment de l'été, le réalisateur et scénariste Mikhaël Hers signe un nouveau long métrage atmosphérique, nous plongeant dans l'ambiance toute particulière des années 80. L'histoire du film commence au début de cette décennie, et se déploie sur 7 ans, avec une narration empruntant aux codes de la saga, tout en gardant le ton d'une chronique familiale, sentimentale et sur fond d'élection présidentielle. "C'est vrai que cette concomitance (avec les élections) est un peu hasard des calendriers. On a forcément cela à l'esprit en voyant le film. C'est étonnant de retomber sur cette élection de 80. Cela résonne forcément particulièrement."
Comme dans ses précédents films; la grande réussite des Passagers de la nuit tient à ce sentiment de mélancolie ou plus euphorique qui s'en dégage, provoquant les mêmes sensations qu'une chanson qu'on aimerait écouter et réécouter. "Quand on écoute une chanson ou une mélodie, soit on est pris dedans et on est touché, on aime. Ou on est un peu sur le côté, on ne prend pas le flow. Tout se passe d'une manière très instinctive et très sensorielle dans la façon de recevoir une chanson", explique Mikhaël Hers, à notre micro.
"C'est vrai que jai toujours eu le fantasme qu'on pouvait recevoir les films comme ça, comme une chanson. Cela fait travailler l'intellect, évidemment, mais aussi que ce soit quelque chose de plus de plus sensoriel, et qu'on puisse se lover dedans comme dans une chanson, s'y sentir bien comme dans une chanson."
Comme l'illustre la bande-annonce du film, et en particulier le rôle tenu par Emmanuelle Béart, l'univers des Passagers de la nuit se déploie notamment dans le monde de la radio de nuit. Monde qui a d'ailleurs donné son titre au film. Ce titre ne se veut pas un écho au précédent long métrage du même nom, mais une sorte d'hommage aux noms que portaient ces émissions, très en vogue dans les années 80.
La radio véhiculait un imaginaire fort
"Il y a toujours la radio aujourd'hui. Mais c'est vrai qu'il y avait ce côté de simultanéité, où tout à coup on entendait une voix. Avec la molette, on passait d'une radio à l'autre une station FM et on tombait sur un récit comme ça, ces voix, un partage d'expériences, d'intimité... Puis, on s'imaginait que d'autres personnes, au même moment, entendaient la même chose à un autre endroit. Ça créé comme ça une espèce de constellation, comme des passerelles, et c'était un lien, un autre rapport, une autre façon d'habiter l'espace temps et une autre communion."
Revisiter une époque, à l'aune du présent
Et de poursuivre : "Maintenant, il n'y a plus vraiment ça, avec la possibilité d'écouter quand on veut un programme, un podcast. C'était comme un film qu'on regardait à la télé le samedi soir. On pouvait s'en parler le lundi dans la cour de récré. Il y avait quelque chose comme ça qui fédérait. Après, je n'ai pas fait ce film là dans une perspective nostalgique, mais c'est un fait. Cela véhiculait un imaginaire fort. Cela passait par la voix, mais je trouve qu'il y avait plein d'images avec."
Si la mélancolie est bien présente dans le film, il n'est pas question de nostalgie. "Je voulais éviter ça. Avec la nostalgie, il y a quelque chose qui est résolument tourné vers le passé. Pour moi, il s'agit plutôt de revisiter une époque, mais à l'aune du présent et continuer de voir ce qui essaime dans le présent, plutôt que l'idée du paradis perdu."
Les Passagers de la nuit, avec Charlotte Gainsbourg et Emmanuelle Béart, est à l'affiche ce mercredi.