Sorti en salles en août dernier, Bac Nord est diffusé pour la première fois sur Canal+ ce vendredi soir. Le film, qui plonge le spectateur dans les quartiers Nord de Marseille aux côtés d'une brigade de terrain, sera l'une des attractions des prochains César, où il est nommé à sept reprises. Mais à moins de deux mois des élections présidentielles, c'est également par la récupération politique dont il fait l'objet qu'il se distingue.
Au Festival de Cannes, Bac Nord avait déjà été interrogé sous l'angle politique, accusé de favoriser la poussée de l'extrême-droite. Et depuis plusieurs mois, alors que l'échéance présidentielle approche à grand pas, le polar de Cédric Jimenez se voit cité, au sein de débats sur la sécurité, par des figures politiques de droite.
En octobre dernier, Cédric Jimenez, au micro du Parisien, s'offusquait de cette récupération politique. "Elle est déplorable et, malheureusement, on la subit", déclarait-il. "Zemmour et Le Pen déforment le propos du film, ils font des raccourcis lamentables. Je n'ai pas fait une radiographie des quartiers Nord de Marseille, j'ai montré la cité dans un contexte très particulier."
"J'ai choisi de faire un film du point de vue de ces trois flics de la BAC", poursuivait le cinéaste. "Ce que j'ai voulu raconter, c'est la façon dont des individus se sont retrouvés broyés par la machine. C'est d'ailleurs le thème de tous mes films."
César 2022 : Illusions Perdues, Bac Nord... Où voir les meilleurs films de l'année ?En 2022, "année présidentielle", la récupération politique de Bac Nord se poursuit. Ainsi, le 18 janvier, Valérie Pécresse conseillait-elle de voir le film sur le plateau de l'émission BFM TV La France dans les yeux. "On parle de reconquête républicaine de quartiers minés par l’ultraviolence, je vous conseille d’aller voir Bac Nord, vous comprendrez ce que je veux dire", déclarait-elle.
Le film emmené par Gilles Lellouche, François Civil et Karim Leklou était par ailleurs présenté au début du mois, sans l'accord de son réalisateur, lors d'un événement organisé par le syndicat policier Alliance. Un "grand oral sur la sécurité" auquel ont participé Valérie Pécresse, Eric Zemmour, Marine Le Pen ou encore le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Bac Nord : l’histoire vraie du scandale policier qui a inspiré le film de Cédric Jimenez"S'il y a une récupération politique à chaque fois que le propos d'un film touche à quelque chose de politique, ça veut dire qu'il ne nous reste plus qu'à faire des comédies familiales. Des choses qui sont vraiment très, très inoffensives. C'est inquiétant de façon générale, pas juste pour mon cas", regrettait Cédric Jimenez au micro de France Inter après cette présentation de Bac Nord.
"Si on fait du cinéma, c'est bien parce qu'on a choisi de ne pas faire de la politique", poursuivait-il. "Je ne suis pas exaspéré, le mot est un peu fort, je suis plutôt un peu halluciné de voir ça. Il n'y aurait pas mieux à faire ? J'espère quand même qu’il y a d’autres solutions pour parler des problèmes des fonctionnaires de police, pour parler des problèmes sociaux dans les cités."
Avec 2,2 millions de spectateurs en salles dans un contexte pandémique difficile, Bac Nord, deuxième plus gros succès hexagonal de l'année passée, a plus que réussi son rendez-vous avec le public. Le film est inspiré de l'affaire de corruption qui secoua en 2012 les forces de l'ordre marseillaises. Dix-huit membres de la brigade anti-criminalité avaient été déférés en correctionnelle pour trafic de drogue et racket.
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