DE QUOI ÇA PARLE ?
Mikaël est médecin de nuit. Il soigne des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir : les toxicomanes.
Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex, sa vie est un chaos. Mikaël n’a plus le choix : cette nuit, il doit reprendre son destin en main.
LUMIÈRE SUR UN VINCENT MACAIGNE SOMBRE
Révélé par le cinéma de Guillaume Brac (Un monde sans femmes) et Antonin Peretjatko (La Fille du 14 juillet), Vincent Macaigne a marqué les cinéphiles ces dernières années avec ses rôles dans Le Sens de la fête, Doubles Vies et Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait.
Et si l’année 2021 l’a vu en haut de l’affiche de L'Origine du monde et Cette musique ne joue pour personne, c’est son interprétation de Mikaël dans Médecin de nuit, récompensé du 14e prix Jacques Deray, qui lui vaut la distinction ultime : une nomination au César 2022 du Meilleur acteur. Un rôle qui a pourtant failli lui passer sous le nez.
A l'origine, le comédien devait jouer Dimitri, le cousin du médecin finalement campé par Pio Marmaï. C’est au cours de l’écriture du scénario que le cinéaste Elie Wajeman a réalisé que son héros était devant lui : “J’ai vu en lui la possibilité qu’il puisse incarner ce type à la fois doux et violent, explique-t-il. Médecin de nuit est une sorte d’adaptation lointaine du Platonov de Tchekhov et je trouvais que Vincent serait un parfait Platonov moderne.”
CASTING SUR ORDONNANCE
Si Médecin de nuit marque les premiers pas (et quels pas !) de Vincent Macaigne devant la caméra d’Elie Wajeman, ce dernier retrouve ici de nombreux visages qu’il connaît bien, à l’image de Pio Marmaï qu’il avait fait tourner dans Alyah.
Toujours impeccable et alliant à merveille force, délicatesse, fragilité et émotion sous les traits de Sofia, la compagne de Dimitri, Sara Giraudeau connaît elle aussi bien Wajeman. Et pour cause, le réalisateur a signé plusieurs épisodes du Bureau des légendes, série qui a permis à la comédienne d’atteindre une large notoriété grâce à son rôle de l’espionne Marina Loiseau, alias Phénomène.
SOUS INFLUENCES
Fin connaisseur et admirateur du Nouvel Hollywood, Elie Wajeman avait en tête des grands classiques du genre au moment de l’écriture et de la réalisation de Médecin de nuit, suivant un personnage franchissant la loi. “Je pense à Mean Streets, au Flambeur, ou Le Parrain pour ne citer qu’eux. J’ai voulu faire un film noir qui reprendrait certains codes (l’ambiguïté morale, les dettes, une femme entre deux hommes) mais en les modernisant au maximum”, commente-t-il.
Ce ne sont pas les seuls longs-métrages qui ont influencé le cinéaste, lui qui cite aussi Les Forbans de la nuit de Jules Dassin, Bad Lieutenant d’Abel Ferrara et même Scarface d’Howard Hawks, films ayant été tournés très rapidement. “Cette adrénaline, cette vitesse correspondaient à ce que je voulais faire, c’est-à-dire un film noir”, souligne Wajeman au sujet de Médecin de nuit, tourné de son côté en 5 semaines.
CONSULTATION ET EXAMINATION
Porté par l’envie de dévoiler un Paris nocturne sombre, vibrant, suintant, Elie Wajeman a pu mettre son idée au point en centrant son film sur ce médecin parcourant la capitale la nuit. Un portrait qu’il a pu dessiner grâce à une véritable mise en situation, lui qui a suivi à plusieurs reprises un médecin de nuit qu’il connaissait.
“Nous arpentions Paris dans des quartiers populaires : 19ème, 20ème, 13ème arrondissement. Chaque entrée chez un patient était pleine de suspense. Je me demandais à chaque fois dans quel type d’appartement nous allions tomber ! Et sur qui !? Et nous avons eu plein de surprises !"
Autre grand thème du film : le trafic de médicament est une thématique abordée avec le plus grand réalisme, après que le réalisateur a fait un long travail documentaire autour des pharmaciens et du deal de Subutex : “Beaucoup ont acheté leur pharmacie trop chère, se sont retrouvés endettés, et, parfois, ne sachant pas très bien comment s’en sortir, certains ont choisi de faire des trafics. J’ai assisté à deux procès de médecins qui étaient accusés d’avoir collaboré à un trafic de Subutex.”
Médecin de nuit, d’Elie Wajeman, avec Vincent Macaigne, Pio Marmaï et Sara Giraudeau, à découvrir en exclusivité sur OCS.