De quoi ça parle ?
Pour Anna, qui a le cœur brisé, les jours se suivent et se ressemblent. Elle s'assoit avec un verre de vin, regarde par la fenêtre et voit la vie se dérouler sans elle. Mais quand un charmant voisin s'installe de l'autre côté de la rue avec sa fille, Anna commence à voir le bout du tunnel. Jusqu'au jour où elle est témoin d'un meurtre horrible... ou pas ?
La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre, une série créée par Rachel Ramras, Hugh Davidson et Larry Dorf avec Kristen Bell, Tom Riley, Mary Holland… Sur Netflix
Subtile parodie
On ne va pas vous dire que La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre est une parodie avec le même degré d’intensité que La Cité de la peur par exemple. Néanmoins voir Kristen Bell, qui avale des pilules et du vin, est curieusement une bouffée d’air frais dans cette parodie de ces thrillers psychologiques très très mystérieux.
Vous vous souvenez de ce film Netflix sorti en mai dernier, La Femme à la fenêtre avec Amy Adams ? Réalisé par Joe Wright, réalisateur respectable et respecté, il met en scène une femme qui a le cœur brisé, vit seule dans une grande maison et a la main lourde sur la bouteille. Et qui est témoin d’un meurtre, mais personne ne veut la croire…
Malgré son joli casting, le film de Joe Wright est un cliché ambulant du thriller hitchcockien qui-veut-faire-pareil-mais-qui-n’y-arrive-pas. C’était franchement très mauvais au point que ça aurait pu être une parodie.
Mais heureusement, la vraie parodie de ces romans à succès adaptés en film avec une héroïne véritable survivante d’une tragédie et qui boit trop et qui est témoin d’une autre tragédie – coucou La Fille du train – est enfin arrivée.
C’est gentiment absurde et ça place le curseur juste au bon endroit pour ne pas tomber dans la farce grotesque. On pourrait même dire que c’est joyeusement offensant. Mais cet humour borderline passe comme une bonne raclette au retour d’une randonnée tout ça grâce au talent de Kristen Bell.
En restant toujours sur sa ligne, elle offre une interprétation parfaite d’Anna, meurtrie de douleur après le décès de sa fille et le départ de son mari. Son tour de force et celui des auteurs ? Réussir à nous faire rire de la tragédie d’Anna. Comme dans cette scène où elle parle à sa fille qui joue dans sa chambre et lorsqu’elle lui réclame un câlin, la petite répond qu’elle ne peut pas puisqu’elle est morte.
Retour caméra sur Kristen Bell / Anna. "Mais comment je fais pour oublier à chaque fois ?" Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’humour déployé par la série. Ses verres de vin (énormes verres, soit dit en passant) sont toujours remplis à ras bord. Son fauteuil est tâché à force de verres renversés.
Cet état de délabrement n’échappe à personne dans le quartier et l’entourage d’Anna, mais la compassion n’est pas au rendez-vous pour autant. Donc quand Anna assiste à la mort brutale de la petite amie de son nouveau voisin d’en face – veuf, très séduisant et avec une adorable petite fille – personne ne la croit.
Elle décide alors d’enquêter elle-même mais elle s’enfonce encore un peu plus dans un monde où elle ne parvient plus à distinguer le vrai du faux. Comme quand elle hallucine et qu’elle parle à sa fille. Bien sûr, à mesure qu’avance son enquête, la liste des suspects s’allonge et l’intrigue se complexifie au point de devenir inepte.
Autre running gag, assez inestimable. Dans La Femme à la fenêtre, le personnage d’Amy Adams souffrait d’agoraphobie et restait donc cloîtrée chez elle. Ici, Anna souffre d’un autre mal : l’ombrophobie. Soit la peur de la pluie. Donc à chaque fois qu’il pleut et qu’elle est dehors, elle s’évanouit. Si ce trouble existe vraiment et doit être compliqué à vivre pour les personnes qui en souffrent, Kristen Bell qui s’effondre au milieu de la rue le bras tendu vers sa destination, c’est irrésistible !