Adaptation du roman Hannibal Rising signé Thomas Harris, paru en France en 2007, Hannibal Lecter : les origines du mal est sorti en salle la même année.
Le réalisateur du film, Peter Webber, résumait ainsi le récit, en le plaçant dans le contexte de la saga consacrée au mythique tueur : "Cette histoire raconte la naissance d'un monstre, la genèse du personnage. Hannibal est donc le rôle central du film, alors qu'auparavant il n'était que secondaire.
Dans Le Silence des agneaux, Lecter n'apparaît à l'écran que 18 minutes, alors qu'il sera ici au centre de 90 % des plans. Mais surtout, dans les films précédents, il était déjà un monstre. Or, personnellement, il me semblait plus intéressant de montrer comment le personnage est devenu ce monstre."
Grosse contre-performance au box office mondial - à peine plus de 82 millions $ -, alors que le budget était estimé à l'époque au-delà de 50 millions $, la carrière du film dans les salles françaises n'a pas tout à fait brillé au firmament, avec à peine plus de 691 000 spectateurs.
Si l'on parle du film, c'est parce qu'il a malgré tout constitué une expérience importante pour le regretté Gaspard Ulliel : il s'agit en effet de son tout premier long métrage tourné en anglais. Il n'avait d'ailleurs pas tout de suite accepté. La pression hollywoodienne, l'inévitable comparaison avec Anthony Hopkins et la barrière de la langue freinèrent ses ardeurs. Mais très vite, la rencontre avec le réalisateur, d'une sensibilité très européenne, et leurs discussions sur le script, achevèrent de le convaincre.
Le choix du comédien pour le rôle principal d'Hannibal jeune était logiquement un point critique du film. Le producteur Dino De Laurentiis (décédé en 2010) expliquait ainsi avoir longuement cherché le comédien : "Nous recherchions avant tout une physionomie mystérieuse que nous ne trouvions pas. Nous voulions un jeune homme charmant qui soit crédible en assassin."
Gaspard Ulliel venait de terminer Un Long dimanche de fiançailles quand Dino De Laurentiis l'a remarqué, sur les conseils du producteur Tarak Ben Ammar, qui avait proposé le projet à l'acteur lors d'une soirée peu de temps auparavant.
"J'ai tout de suite compris que nous tenions notre Hannibal en le voyant ! Nous avons rencontré Gaspard à Paris, puis le réalisateur Peter Webber lui a fait tourner un essai à mon domicile, et le résultat à l'écran était époustouflant. Tout était là, sous nos yeux : cette intensité, ce regard. Je me souviens avoir dit alors à Gaspard qu'il était né pour incarner Hannibal Lecter."
"Je refuserais sans doute le film aujourd'hui..."
En 2018, dans un long échange passionnant avec Pierre Murat, Gaspard Ulliel était notamment revenu sur cette expérience. "Je trouvais le script très faible. C'était clairement le type de film où les producteurs essayent de tirer un peu plus d'argent d'une franchise, et avaient essayé de convaincre Thomas Harris d'écrire un nouvel opus. Il était d'accord, mais avait aussi demandé à écrire le scénario.
On s'est donc retrouvé avec un script écrit par un romancier, qui n'était pas du tout pensé en termes de cinéma. On se retrouvait par exemple à découvrir des scènes en devant jouer avec six accessoires dans les mains, des dialogues qui ne se répondaient pas... C'était assez compliqué comme tournage. [...] Mais ça m'a permis d'avoir un aperçu d'un tournage "de studio"".