Gaspard Ulliel est mort ce mercredi à l'âge de 37 ans des suites d'un accident de ski. Retour sur six films incontournables du comédien français, de Saint Laurent à Hannibal Lecter : les origines du mal en passant par Juste la fin du monde. Avec des rôles devant les caméras de Jean-Pierre Jeunet, Bertrand Bonello ou encore Xavier Dolan...
SAINT LAURENT (2014)
Pour Bertrand Bonello, Gaspard Ulliel se glisse en 2014 sous les traits du célèbre couturier français Yves Saint Laurent. Un biopic sobrement intitulé Saint Laurent qui se concentre sur une décennie précise de la vie du créateur de mode, entre 1967 et 1976.
Afin d'incarner cette légende à l'écran, Ulliel a beaucoup travaillé sa voix et sa diction. "Pour notre première séance de travail, Bertrand m’avait envoyé des interviews disponibles sur les archives de l’INA", racontait-il. "Il insistait sur la diction particulière de Saint Laurent, une grâce qui était, disait-il, de la fragilité sans être de la féminité. Quelque chose d’assez difficile à saisir et à reproduire".
Le comédien a également été amené à perdre 12 kilos pour le rôle d'YSL, afin que sa carrure soit ressemblante à celle du créateur de mode. "Yves avait une grande silhouette avec de longs bras, il était longiligne tout en ayant des joues", notait le comédien. "J’ai maigri afin de me rapprocher de cette silhouette. Je crois qu’à l’époque les hommes étaient plus fins qu’aujourd’hui."
UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES (2004)
Dans Un long dimanche de fiançailles, Gaspard Ulliel incarne Manech, le fiancé de Mathilde (Audrey Tautou) disparu durant la Première Guerre mondiale et qu'elle va tenter par tous les moyens de retrouver. Un homme qui serait l'un des cinq soldats jugés en cour martiale puis mis en première ligne sur le front et abandonnés à l'ennemi.
Pour sa prestation dans le long métrage de Jean-Pierre Jeunet adapté du roman de Sébastien Japrisot, Gaspard Ulliel a séduit ses pairs. En 2005, l'acteur français a en effet obtenu le César du Meilleur espoir masculin pour sa prestation.
HANNIBAL LECTER : LES ORIGINES DU MAL (2007)
Hannibal Lecter : les origines du mal offre à Gaspard Ulliel le redoutable priviège d'incarner à l'écran l'un des personnages les plus culte du septième art. Un long métrage qui pose une question : comment un petit garçon comme les autres est-il devenu l'un des criminels les plus fascinants qui soit ?
Gaspard Ulliel savait pertinemment qu'il serait jugé par rapport à la prestation d'Anthony Hopkins dans Le Silence des agneaux, Hannibal et Dragon Rouge. "La perspective de prendre la relève d'Anthony Hopkins est terriblement excitante", déclarait-il. "J'ai beaucoup visionné les autres films pour observer ses mouvements et son interprétation, sa façon de cligner des yeux."
Et l'acteur de poursuivre : "J'ai beaucoup appris de sa performance, mais j'ai aussi réalisé que je ne devais pas m'en tenir à une imitation, qu'il me fallait garder certains détails de ses rôles et simplement les ajouter à mon personnage. J'ai été chercher le personnage au fond de moi, et je l'ai rendu différent."
JACQUOU LE CROQUANT (2007)
Avec Jacquou Le Croquant, film d'aventures adapté d'Eugène Le Roy, le jeune Gaspard Ulliel prend une nouvelle dimension. Il devient le jeune premier dont on scrutera la carrière.
Pour ce rôle extrêmement physique - Jacquou est sans cesse en mouvement -, le comédien se soumet à un entraînement exigeant. Ironie du sort, le rôle devait initialement être tenu par Jocelyn Quivrin, autre comédien disparu prématurément.
LES ÉGARÉS (2003)
Les Egarés est le film qui révèle Gaspard Ulliel au grand public. Pourtant, il ne s'agit pas de sa première apparition au cinéma, l'acteur ayant déjà une demi-douzaine de longs-métrages à son actif lorsqu'il tourne pour André Téchiné.
Incandescent et d'une beauté sidérante, Gaspard Ulliel subjugue la Croisette, où le film est présenté en Compétition en 2003, et ne laisse pas insensible l'Académie des César, qui lui offre une nomination comme Jeune Espoir.
JUSTE LA FIN DU MONDE (2016)
Son regard perçant et hypnotique inspire un autre grand réalisateur : Xavier Dolan. Dans Juste la fin du monde, adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Gaspard Ulliel prête ses traits à Louis. Jeune écrivain à succès, il rentre dans sa famille après une longue absence pour leur annoncer une terrible nouvelle.
À l’écran, l’acteur n’a jamais été aussi grand. Son personnage parle peu mais toute la puissance de son jeu est cristallisée dans ses yeux et cette scène muette partagée avec Marion Cotillard. Grand film sur les non-dits, l’apparence et le désordre familial, Juste la fin du monde remporte le Grand Prix à Cannes en 2016 et permet à Gaspard Ulliel de remporter son second César, celui du Meilleur acteur.
Sur scène, c’est Xavier Dolan qui récupère le prix - la star était en tournage lors de la cérémonie. Dans une lettre rédigée par ses soins et lue par le réalisateur, il écrivait ces mots : “Merci, je te dois tant. Merci d'offrir à tes acteurs ce qui est hors du commun pour raconter l'ordinaire."