De quoi ça parle ?
Solange a 13 ans, elle est pleine de vie et de curiosité avec quelque chose de spécial : elle est sentimentale à l’excès, et adore ses parents. Mais un jour, elle réalise qu’ils se disputent et commencent à s’éloigner.... l’ombre du divorce se précise. Alors Solange va s’inquiéter, réagir et souffrir. C’est l’histoire d’une jeune ado trop tendre qui voudrait une chose impossible : que l’amour jamais ne s’arrête.
Petite Solange, réalisé et écrit par Axelle Ropert, avec Jade Springer, Léa Drucker, Philippe Katerine et Grégoire Montana-Haroche.
Le divorce, du point de vue d'une jeune ado
Les enfants des années 80-90 se souviennent peut-être d'un film portant le titre Génial, mes parents divorcent. En 1991, Patrick Braoudé avait rassemblé plus de 500 000 spectateurs pour cette comédie, dans laquelle il jouait aux côtés notamment de Clémentine Célarié ou encore Patrick Bouchitey. Les diffusions télé ont ensuite connu un succès certain, et le film a même fait l'objet d'un remake (méconnu en France) aux Etats-Unis sous le nom Génial, mes parents s'aiment.
Ces films avaient la particularité d'adopter un point de vue finalement assez rare au cinéma : raconter le divorce, mais du point de vue de l'enfant. Loin de la comédie plutôt potache de Braoudé, Axelle Ropert, ici avec Petite Solange, fait le récit d'un divorce avec une infinie douceur, pudeur et tendresse.
Quels effets produit le divorce sur un enfant... C’est un sujet dont la richesse me paraît méconnue, voire méprisée
"Je fais partie d’une génération, celle des enfants-adolescents des années 80, où les parents se sont mis à divorcer en masse, un vrai phénomène sociologique, explique la cinéaste. Nos grands-parents restaient ensemble pour la vie, nos parents se séparaient... Je fais partie de cette génération à qui cette vraie « rupture » est arrivée, rupture qui fait des histoires familiales très différentes de celles du modèle d’avant. Je suis une enfant de divorcés (même si Petite Solange n’est pas du tout autobiographique), et ça m’a passionnée de raconter cette histoire qui n’a quasiment pas été montrée au cinéma : quels effets produit le divorce sur un enfant... C’est un sujet dont la richesse me paraît méconnue, voire méprisée."
Pour nourrir cette fiction non autobiographique, la scénariste et réalisatrice a lu de nombreux témoignages sur des forums : "C’était très émouvant de comprendre que, quelles que soient les classes sociales, les mêmes traumatismes d’abandon, de rupture d’un monde, de destruction, de tristesse, perdurent, même à l’âge adulte. Bizarrement c’est assez méconnu, pourtant, la fin de l’amour familial est un thème immense, et délicat à écrire, car un des enjeux était de ne surtout pas faire un film culpabilisateur envers les parents..."
Point fort du film : il prend le parti de ne pas montrer les disputes entre parents, avec un film qui peut être cruel mais aussi tendre, vibrant "dans sa façon de fouiller les blessures oubliées"...
Truffaut et Comencini en références
Ancienne critique de cinéma, la cinéaste Axelle Ropert (réalisatrice de 4 longs et plusieurs courts et moyens métrages) a truffé son récit de références, notamment à François Truffaut (le plan de fin du film est clairement un clin d'oeil) mais aussi Luigi Comencini. Elle confie être allée plutôt vers "l’âpreté paradoxalement rocambolesque du récit de Truffaut, celle d’un enfant livré à lui-même dans la grande ville, un personnage qui traverse le périmètre de son quartier comme il traverserait le monde entier", faisant référence plus précisément aux Quatre Cents Coups.
"L’autre film source de Petite Solange, c’est L’Incompris de Luigi Comencini, dont on voit une affiche dans le film, poursuit Axelle Ropert dans le dossier de presse. Il y a quelque chose autour de la lumière, la cruauté, le lyrisme d’une certaine musique italienne, et aussi la douceur de l’accomplissement implacable du cours des choses. Le fil italien me permettait de créer une filiation, et d’apporter une couleur détonante, quelque chose qui emporte quand on pense au sentiment. Quelque chose d’intense aussi, qui peut, là encore, répondre à l’idée de ce qui fait rêver une jeune fille de quatorze ans tout en intériorité."
Pour mémoire, Axelle Ropert avait déjà réalisé un film rendant hommage directement à Truffaut il y a quelques années, avec de nombreux acteurs de la nouvelle génération dont Vincent Lacoste et Adèle Haenel.
Le court métrage Truffaut au présent d’Axelle Ropert
Truffaut au présent - Un film d'Axelle Ropert from La Cinémathèque française on Vimeo.