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    Euphoria saison 2 : la claque attendue ?
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Après une première saison grandiose, Euphoria est de retour sur OCS pour une nouvelle salve d’épisodes. Cette saison 2 est-elle à la hauteur des attentes ? Notre avis, garanti sans spoilers.

    Pour sa première série pour ados, HBO avait frappé fort en 2019 avec Euphoria. Cette libre adaptation de la mini-série israélienne du même nom, coproduite entre autres par Drake, est également basée sur la jeunesse de son créateur Sam Levinson. Impulsé par son film Assassination Nation, qui dessinait déjà les contours de ce que serait Euphoria, le scénariste et réalisateur avait mis un coup de pied fracassant au genre du teen drama.

    Euphoria
    Euphoria
    Sortie : 2019-06-16 | 60 min
    Série : Euphoria
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    4,2
    Disponible sur MAX

    Portrait au vitriol de la génération Z, la première saison d'Euphoria (et ses deux épisodes spéciaux) avait séduit par son casting, ses sujets traités avec une criante vérité et sa direction artistique inspirée. Rien d’étonnant à ce qu’elle ait été plébiscitée par la critique et le public et que son actrice principale et coproductrice, Zendaya, ait été récompensée d’un Emmy Award pour sa prestation magistrale de Rue Bennett, une lycéenne toxicomane et narratrice des bouts de vie d’adolescents en perdition et en proie à des névroses dangereuses.

    Que vaut la saison 2 d'Euphoria ?

    Autant dire que la saison 2 d’Euphoria était attendue au tournant. Et Sam Levinson et ses équipes ne déçoivent pas. Ces nouveaux épisodes placent le curseur encore plus loin et n’épargnent pas ses personnages ni son public avec une intrigue sex, drugs & rock'n'roll qui va à 1000 à l'heure, avec quelques full frontal au passage. Poussés dans leurs derniers retranchements, les adolescents de la série sont complètement broyés par un mal qui les ronge de plus en plus.

    Capture d'écran / HBO

    Derrière les paillettes, l’esthétique léchée, la fausse image renvoyée, l’assurance superficielle, Rue et les autres doivent affronter la sempiternelle question "Qui suis-je ?", doublée d'une triste réalité ressentie par beaucoup d'adolescents : le manque d’estime de soi. Comment avancer quand on pense être la pire personne du monde, n’avoir aucune valeur et ne pas mériter de vivre ? Que peut-on espérer quand la souffrance semble n’être que la seule amie valable ?

    On tombe toujours plus et on s’enfonce dans une noirceur qui semble presque apaisante. Certains des personnages vont apprendre à leurs dépens que vivre avec ses démons et essayer de savoir qui on est vraiment n’est pas qu’un signe d’un mal être adolescent mais qu’il s’agit d’un poids qui nous poursuivra même à l’âge adulte.

    L'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage

    Sam Levinson offre une seconde saison plus sombre et peut-être plus mature que la précédente. Les personnages prennent du recul et font un examen de conscience en se délestant de leur apparat et en embrassant leur vulnérabilité. Les tenues et les maquillages sont moins tape-à-l'oeil (mais toujours iconiques !), les visages sont plus graves et les dialogues sont plus moroses, sans pour autant que l'identité propre des personnages ne soit altérée et en évitant habilement de tomber dans un certain manichéisme.

    Et parfois, au milieu de cette obscurité, une lumière jaillit. Dans l'esprit et à l'écran. La force de se relever, d’avancer, de dire "non", d’apprendre de ses erreurs, de grandir, de pardonner et de se remettre une question. L’atterrissage peut-être doux dans une chute qui paraissait pourtant interminable. À travers des problématiques différentes, - l’addiction, l’identité sexuelle, le deuil, la trahison amoureuse, l’image de soi, la structure familiale,... -, n’importe qui pourra s’identifier aux personnages et à ce qu’ils traversent, comme c'était déjà le cas dans la première saison.

    Capture d'écran / HBO

    Dans cette saison 2 douce amère, Sam Levinson creuse encore plus l’existence et le passé de ses personnages, avec des flashbacks violents, parfois cruels et d'une profonde tristesse, mais aussi d'une mélancolie étrangement agréable qui apportent des réponses essentielles. Il offre plus d’épaisseur à ses protagonistes et des récits toujours plus authentiques et dans l’air du temps qui retournent l’estomac, pincent le cœur et permettent des nouvelles dynamiques passionnantes.

    Surtout, le showrunneur d’Euphoria laisse encore plus libre cours à son imagination et à sa créativité en proposant des tableaux d’une originalité folle, à l’esthétique pulp et survitaminée, naviguant entre ombre et lumière grâce à l'utilisation du film inversible couleur Ektachrome que Kodak a recréé spécialement pour Sam Levinson afin qu'il puisse tourner sur pellicule 35mm. On sent qu’il se fait plaisir dans la forme de sa série et joue, tel un virtuose, avec les genres et avec une mise en scène méta qui permet des séquences spectaculaires, quasi théâtrales et extrêmement maîtrisées.

    Pour sublimer et apporter du corps à son propos, Sam Levinson peut compter sur les prestations toujours aussi percutantes et inspirées de sa troupe de comédiens, qui se glissent avec une aisance déconcertante dans les baskets de leurs personnages. On note aussi la proposition intéressante de la nouvelle recrue Dominic Fike, qui va chahuter la relation entre Rue et Jules (Hunter Schafer), toujours aussi juste et magnétique.

    Capture d'écran / HBO

    Maude Apatow (Lexi), Jacob Elordi (Nate), Eric Dane (Cal) étonnent tandis qu’Alexa Demie (Maddy), Sydney Sweeney (Cassie) et Barbie Fereirra (Kate) continuent de briller. De leurs côtés, Storm Reid (Gia), Nika King (Leslie) et Angus Cloud (Fez) touchent par leur sensibilité presque enfantine. Les voix et prestations d'Austin Abrams (Ethan) et Colman Domingo (Ali) raisonnent par leur sagesse bienvenue.

    Toutes et tous suivent une partition hypnotisante, menée d’une main de maître par Sam Levinson, mais c'est une nouvelle fois Zendaya qui sort du lot et qui continue de toucher les étoiles en livrant sa performance la plus organique et la plus aboutie jusqu’alors.

    À la fin du visionnage des sept épisodes sur huit proposés à la presse, la claque est bel et bien prise. La saison 2 d’Euphoria, toujours bercée par une bande son enivrante, - entres les mélodies de Labrinth et le mélange de musiques classiques et actuelles -, est plus qu’à la hauteur des attentes. Ne reste plus alors que la longue et agonisante attente avant de pouvoir découvrir le final qu’on espère au moins aussi épique que celui de la saison inaugurale.

    La saison 2 d'Euphoria est disponible sur OCS en US+24 à raison d'un épisode par semaine.

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