Il n'est pas toujours facile de mobiliser les foules concernant la question du réchauffement climatique, au-delà des manifestations que l'on a pu voir lors des éditions de la COP, cette grande conférence internationale sur le climat qui réunit les États engagés depuis 1992 par la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Pour rappel, COP signifiant Conference of parties, les “parties” étant les signataires de la Convention, soit 195 pays + l'Union européenne.
En janvier 2015, année d'ailleurs où devait se tenir la COP 21 à Paris, l'Administration américaine de Barack Obama, alors locataire de la Maison Blanche, se trouvait devant un cas de conscience : comment parler aux enfants du réchauffement climatique ? Autant dire qu'il n'était pas question d'avoir recours à une version abrégée et illustrée du rapport du GIEC, acronyme de "Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat"...
C'est là que Robert Papp, le représentant spécial du Département d'Etat pour l'Arctique, a eu cette idée, rapportée en 2015 par le site The Hill, spécialisé dans l'actualité politique américaine : pourquoi ne pas se servir du film d'animation La Reine des neiges ?
"Vous ne pouvez pas être dans ce secteur et ne pas avoir vu La Reine des Neiges !" a lâché Robert Papp lors d'une conférence baptisée Arctic Frontiers, qui se tenait en Norvège en janvier 2015, face aux personnes qui levaient la main lorsqu'il a demandé qui dans l'assistance n'avait pas vu le film de Disney. "Je l'ai vu au moins 20 fois, parce que j'ai deux petites-filles" a-t-il commenté.
Avec une collègue et amie, l'idée lui est alors venue d'utiliser le long-métrage pour sensibiliser les enfants sur la question du réchauffement climatique et ses dangers. Il s'est alors rendu au siège de Disney, en Californie.
Et de lâcher à un responsable de la firme aux grandes oreilles : "Vous avez appris à toute une génération l'existence de l'Arctique. Malheureusement, l'Arctique dont vous avez parlé aux enfants est un royaume fantastique en Norvège, où tout va bien.
Ce dont nous avons besoin c'est d'enseigner aux jeunes américains la situation dramatique des ours polaires, la fonte de la toundra, le risque encouru par les villages en Alaska de tomber dans la mer parce qu'ils n'ont plus de banquise pour les protéger".
Le responsable chez Disney lui a alors répondu : "Je ne suis pas sûr que vous compreniez. Ici, chez Disney, notre culture est de raconter des histoires optimistes, avec des fins heureuses". Présenté comme ça...
Toujours est-il que Papp assura ne pas laisser tomber sa demande : "On repense à notre scénario, est on est toujours en discussion avec Disney". Le fait est que, quelque temps après, le Département d'Etat s'est fendu d'un mail, expliquant qu'une "collaboration plus avant n'était pas prévue pour le moment". Et ne le sera finalement jamais. Dommage.
L'histoire ne dit pas si Robert Papp est revenu à la charge à l'époque de la sortie de La Reine des neiges 2, six ans plus tard. Il est vrai qu'entre-temps, Donald Trump et son administration à tendance climato-sceptique s'étaient installés à la Maison Blanche...