Dans le premier volet de la saga Harry Potter orchestré par Chris Columbus, Ron et Harry se trouvent dans le grand hall de Poudlard, et y disputent une partie de Wizard Chess. Un jeu d'échecs magique, dans lequel les pièces bougent toutes seules, en fonction des indications de la commande vocale. Quand une pièce adverse est prise, elle est dégagée sans ménagement par son attaquante ; littéralement fracassée en fait.
Séquence souvenir, à revoir ci-dessous, où la Reine, en rouge, fracasse le chevalier...
Vous l'ignorez peut-être, mais ces pièces d'échecs sont une reproduction fidèle de très célèbres et surtout authentiques pièces d'échecs, baptisées figurines de Lewis. Découvertes en 1831 dans la baie de Uig, sur l'île de Lewis, une des îles Hébrides en Écosse, ces pièces datent du XIIe siècle ! Probablement de fabrication scandinave, presque toutes les pièces de la collection (93 au total, dont 78 pièces de jeu d'échec) sont gravées dans de l'ivoire de morse, et quelques-unes sont faites à partir de dents de baleine. Les pièces de ce jeu furent séparées lors d'une vente, et le British Museum en acheta 67 pièces et 14 pions.
Si le set de pièces utilisé par Ron et Harry dans le film est une copie, ce n'est pas n'importe quelle copie ! Il s'agit du jeu personnel d'Irving Finkel. Assistant au British Museum en écrits de l'ancienne Mésopotamie, spécialiste du cunéiforme au département du Moyen-Orient, le septuagénaire étudie également l'Histoire des jeux de société.
L'intéressé raconte d'ailleurs avec gourmandise et plein d'humour dans une vidéo l'origine de ces pièces célèbres, mais aussi comment il a acheté, année après année, ses propres pièces pour se faire un jeu complet. Et surtout comment il s'est retrouvé à prêter son jeu d'échec à la production du film.
Celle-ci cherchait un jeu d'échec pour cette séquence. La responsable et créatrice des costumes, Judianna Makovsky, s'est alors rendue au British Museum pour obtenir une réplique de ces figurines de Lewis. Elle était en terrain connu d'ailleurs au sein du musée : son père et son grand-père furent en effet les gardiens de ce musée !
Mais elle a vite déchantée : aucune réplique n'était en vente dans la boutique de souvenirs du musée. Elle a donc eu l'idée de contacter Irving Finkel, pour lui demander s'il accepterait de prêter son jeu déchec personnel.
La vidéo est à voir ci-dessous. Elle s'adresse quand même aux plus anglophones d'entre vous, même si des sous-titres anglais sont disponibles :