ÇA PARLE DE QUOI ?
Au même moment en France, un couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock, un ministre est soupçonné de fraude fiscale, une jeune adolescente rencontre un détraqué sexuel. Une longue nuit va commencer. Les chiens sont lâchés.
QUELLE INTERDICTION ?
En France, les comédies françaises interdites aux moins de 12 ans sont très rares. Mais 2021 nous en a offert deux coup sur coup : après Barbaque, Oranges sanguines rejoint en effet Bernie ou Tenue de soirée dans ce club très fermé.
MAIS POURQUOI EST-IL AUSSI MÉCHANT ?
Si vous êtes dans une recherche de confort, passez votre chemin. Car vous ne le trouverez pas dans l'acide Oranges sanguines. Cinq ans après son premier long métrage, Apnée, Jean-Christophe Meurisse passe la seconde avec un jeu de massacre dans lequel il n'épargne rien ni personne. En suivant à la fois ces retraités au bord du gouffre financier, ce ministre de l'économie soupçonné de fraude fiscale et cette jeune adolescente, c'est toute la France qui en prend pour son grade devant sa caméra.
C'est évidemment méchant. Très méchant. Trop méchant ? La seconde moitié pourra en effet faire grincer quelques dents, lorsque l'horreur s'invite à la fête et que la satire prend des allures de croisement entre Le Silence des Agneaux et Délivrance, qui appuie un peu le propos développé. De même, le fait de passer d'un segment à l'autre, sans que ceux-ci ne se croisent, donne parfois le sentiment que le récit s'éparpille et vise plusieurs cibles en même temps.
Heureusement, il fait souvent mouche et la scène d'ouverture emmenée par Vincent Dedienne donne le ton avant que le personnage incarné par Denis Podalydès ne résume le crédo du réalisateur au détour d'un dialogue évoquant un refus du politiquement correct. Avec Blanche Gardin et Patrice Laffont, ils font partie des guests du long métrage mais ne prennent pas le pas sur les acteurs principaux : Alexandre Steiger (vu également dans The French Dispatch à Cannes), Christophe Paou (L'Inconnu du lac), les ex-Deschiens Lorella Cravotta et Olivier Saladin, ou encore la révélation Lilith Grasmug.
Avec son humour grinçant, sa noirceur absolue et son refus quasi-total du happy end, Oranges sanguines ne devrait pas manquer de marquer les esprits. Âmes sensibles, s'abstenir. Spectateurs de moins de 12 ans également.