De quoi ça parle ?
Léo vient juste de terminer ses classes à l’armée et pour sa première affectation, il écope d’une mission Sentinelle. Le voilà arpentant les rues de la capitale, sans rien à faire sinon rester à l’affût d’une éventuelle menace…
La Troisième guerre, réalisé par Giovanni Aloi, écrit par Giovanni Aloi et Dominique Baumard, avec Anthony Bajon, Karim Leklou, Leïla Bekhti... Sortie le 22 septembre 2021.
Entre réalisme et tension façon thriller
Difficile de définir en quelques mots ce qu'est ce film, La Troisième Guerre, car il repose sur un mélange des genres qui en fait sa qualité première. Ce long métrage, manifestement très documenté, séduit d'abord par son réalisme, la façon précise dont il dépeint ces hommes embarqués en mission Sentinelle.
Mais le film s'aventure assez vite sur d'autres sentiers, en travaillant son atmosphère, lorgnant par instants vers une imagerie de science-fiction, et en créant un climat de tension, à la manière d'un thriller. Le réalisateur joue avec nos repères, en nous mettant dans l'état d'intranquillité de son principal protagoniste incarné par Anthony Bajon.
"Épouser sa méfiance grandissante, c’était l’occasion de filmer Paris de manière inédite. A travers le regard de Corvard, l’idée était d’amener le spectateur à modifier sa perception des lieux familiers tels qu’il les connaît, que ce soit dans son quotidien ou dans son imaginaire", explique son réalisateur.
"L’objectif est qu’au cours du film, vous vous surpreniez à vous demander “y a-t-il un réel danger à Paris aujourd’hui ?”. La Troisième Guerre est un film sur la vision, sur l’observation, poursuit le cinéaste. Au plus près de ces soldats, chaque coin de rue abrite un terroriste en puissance, chaque voiture est potentiellement piégée, chaque fenêtre cache un tireur isolé".
Un climat qui rappelle Taxi Driver
La Troisième Guerre rappelle, à certains égards, le climat d'un film comme Taxi Driver, dans lequel le spectateur se laisse porter par le regard de son protagoniste. "L’observation de la ville à travers les yeux d’un personnage qui part à la dérive correspondait bien à une atmosphère post-attentat", précise Giovanni Aloi. Une autre référence forte du metteur en scène n'est autre que Le Désert des Tartares de Dino Buzzati : "le soldat dans l’attente qui sombre dans la folie, les états d’âme liés à l’attente, l’importance de la fatigue au même titre que l’action".
Le film réunit un casting de comédiens particulièrement en vue, d'Anthony Bajon (récemment tête d'affiche de Teddy), Karim Leklou (actuellement en salles, avec Bac Nord) et Leila Bekhti (attendue la semaine prochaine dans Les Intranquilles de Joachim Lafosse).
Un point de vue sociologique
Les comédiens sont tous très justes. Un conseiller militaire a d'ailleurs été sollicité pour apporter le maximum de précision à leurs gestes. Le personnage campé par Leila Bekhti a par ailleurs été écrit en collaboration avec une militaire, ayant vécu la même expérience qu'elle.
Sur le fond, le film captive également dans sa façon d'éclairer le parcours de ces militaires, notamment d'un point de vue sociologique. "Corvard (Anthony Bajon) est un jeune provincial issu d’une famille modeste qui monte à Paris. Il y a, dans son éducation, une défaillance familiale, un vide qu’il cherche à combler. Il est en quête de sens, il a besoin d’ordre, et cet ordre il va le chercher dans l’armée. Dans les rues de Paris, il découvre un univers hostile : il est confronté à une sociologie qui lui est étrangère et qui le regarde avec méfiance et mépris… Les soldats sont principalement issus des classes populaires, ils viennent des banlieues ou des campagnes, et beaucoup sont enfants d’immigrés. Arrivés à Paris, ils se retrouvent au cœur de la cassure de la société." analyse son réalisateur.