Trente ans après le film de Claude Berri, France Télévisions a choisi d’adapter Germinal en mini-série et d’en faire son premier projet majeur résultant d’une stratégie internationale conséquente. Coproduction franco-italienne de six épisodes, produits par Banijay, pour France Télévisions, la RAI italienne et la plateforme SALTO, cette nouvelle itération du classique littéraire d’Émile Zola nous replonge dans les révoltes des miniers des corons du Nord de l’Hexagone au XIXème siècle.
Et quoi de mieux que le festival Séries Mania, délocalisé à Lille dans les Hauts-de-France depuis trois ans, pour présenter Germinal en avant-première mondiale. Avec une projection spéciale à Wallers-Arenberg, un des nombreux lieux de tournage avec l’ancien site minier d’Oignies, entre autres, et des projections dans les salles de cinéma de Lille, France Télévisions et Séries Mania entendent bien faire rayonner le savoir-faire de la France en matière de série historique.
Au Nord, c'était les corons
Au vu des premiers épisodes de Germinal, dont le scénario est signé Julien Lilti (ancien journaliste et scénariste sur Hippocrate) et dont la réalisation a été confiée à David Hourrègue (Skam France), on ne peut que se réjouir du résultat ambitieux, profond et haletant.
Tout en restant fidèle à l’esprit de rébellion des mineurs du Nord contre les mesures abusives du patronat résultant de la crise économique, l’intrigue de la mini-série de six épisodes offre davantage de place aux personnages secondaires et aux voix des femmes, qui prennent également le pouvoir de la révolte.
Cette modernité bienvenue à l’œuvre universelle de Zola s’inscrit dans une vision contemporaine pertinente qui fait écho à l’actualité de la crise que traverse la France. Si l’écriture est brillante et enjouée, grâce à Julien Lilti et son équipe de scénaristes (Loïc Barrère, Chérif Sais, Samir Oubechou, Maud Garnier, Clémence Lebatteux, Mélusine Raynaud et Cheikna Sankaré), la réalisation n’est pas en reste.
David Hourrègue offre des plans époustouflants et travaillés, avec une photographie sublime de Xavier Dolléans, tant dans les scènes de la vie quotidienne dans les corons que dans les allées et venues des nantis dans leurs fastes et luxueuses demeures.
Le fabuleux travail sur l'image et le son se ressent d'autant plus dans les séquences musclées de révolte et au plus profond des mines où le metteur en scène apporte de la poésie et de l’éclat à ces visages et ces corps broyés par le labeur indécemment rémunéré.
Dès la scène d’introduction prometteuse du premier épisode, le ton est donné. La révolte se mènera tambour battant et les corons se lèveront contre l’oppression, dans un rythme effréné et sur fond de musique conquérante, composée par Audrey Ismaël, peu importe le prix, au fil des six épisodes que composent Germinal.
Comme avec l’oeuvre de Zola et avec l’adaptation de Claude Berri, on se prend une nouvelle fois de passion pour ce soulèvement choral, non sans heurts, et ses personnages déterminés, attachants et nuancés, qui vont lancer un mouvement de grève nécessaire pour espérer améliorer leurs conditions de vie et retrouver leur dignité.
Avec un casting impeccable, composé d’acteurs chevronnés (Guillaume de Tonquédec, Thierry Godard, Alix Poisson, Natacha Lindinger, Sami Bouajila) et de jeunes talents prometteurs et en train de confirmer (Louis Peres, Rose-Marie Perreault, Marilou Aussilloux, Aliocha Schneider, Max Baissette de Malglaive), Germinal est une relecture magistrale et flamboyante de l’œuvre de Zola qui se donne les moyens de ses ambitions et qui retranscrit avec force et intensité le climat de tension sociale régnant à cette époque.
Germinal sera disponible en intégralité sur SALTO dès le 1er septembre et diffusée plus tard sur France 2.