DE QUOI ÇA PARLE ?
La sécheresse de 1976. Sous le soleil implacable de cet été, Gus quitte l’enfance. La nature se désagrège, les sentiments s’exacerbent, le noyau familial éclate : tout craque et se fissure jusqu’à ce que l’impensable arrive. Les orages tant espérés balaieront une campagne épuisée et emporteront un monde avec eux.
Le Milieu de l’horizon écrit par Joanne Giger d’après l’oeuvre de Roland Buti et réalisé par Delphine Lehericey. Avec Luc Bruchez, Laetitia Casta, Clémence Poésy, Thibaut Evrard…
LA FIN DE L’ENFANCE
La fin de l’enfance est un sujet qui a attiré bon nombre de cinéastes. La dernière en date : Delphine Lehericey qui, dans Le Milieu de l’horizon, plonge le spectateur dans le quotidien de Gus, 13 ans, alors qu’il est en vacances d’été en 1976. Une année marquée par une sécheresse terrible qui va faire exploser le noyau familial du jeune héros. Ce dernier est incarné par Luc Bruchez, un acteur inexpérimenté mais doué qui est de quasi tous les plans du film.
Gus a beau être en vacances, il doit constamment aider son père agriculteur (Thibaut Evrard) dans les tâches quotidiennes de la ferme, mise à mal par la canicule. Une mission qui, au fur et à mesure du long-métrage, fera grandir le personnage qui se doit d’être responsable quand plus personne ne le peut autour de lui.
Mais c’est surtout en voyant ses parents se déchirer que le garçon va définitivement quitter l’enfance. Lui qui partageait une relation fusionnelle avec sa mère (Laetitia Casta) ne sait plus comment gérer ses sentiments quand il devient le témoin malheureux de la liaison extra-conjugale de cette dernière. Car Le Milieu de l’horizon est aussi une histoire de désir.
Celui de Gus, qui connaît ses premiers émois devant un magazine érotique volé ou auprès d’une jeune amie, mais également de sa génitrice.
UN VENT DE LIBERTÉ
Mère et femme aimante, le personnage joué par Laetitia Casta remet ainsi son quotidien en question après être tombée sous le charme de Cécile (Clémence Poésy).
"C’est grâce à une rencontre que Nicole se rend compte que tout un monde peut s’ouvrir à elle, au-delà de la ferme et de son rôle de mère de famille. J’ai épluché quelques archives sur les groupes de femmes qui se sont constituées de manière improvisée dans les campagnes à cette époque. Parfois, ces rencontres généraient une envie de briser le modèle familial", rappelle la réalisatrice dans le dossier de presse.
C’est d’ailleurs cette femme qui suit son coeur au risque de tout perdre qui a d’abord interessé Delphine Lehericey : "J’ai été bouleversée par ce personnage, par sa liberté. Je me suis demandé : est-ce que j’aurais eu son courage, si cela m’était arrivé dans les années 70 ? Ce qui m’a particulièrement intriguée, c’est que cette histoire est regardée du point de vue de Gus, le fils de Nicole."
Et de préciser : "C’est en s’émancipant, en faisant ses choix, et en suivant son désir que Nicole est une femme féministe. C’est en donnant cet exemple à son fils qu’il va pouvoir avoir un regard moins oppressant sur les femmes. Je vois ce film comme un film universel, qui laisse la place aux femmes de faire leurs propres choix."
LE DÉCLIN DU MONDE PAYSAN
Si les développements de Gus et Nicole sont au premier plan du Milieu de l’horzion, le film n’en oublie pas le père de famille, Jean, qui doit composer avec la canicule qui met en difficulté son exploitation et les changements qui se profilent dans le monde agricole.
Dans ces moments-là, le long-métrage rappelle certains films récents comme Petit Paysan ou Au nom de la terre, qui plongeaient déjà le spectateur dans un monde rural qui va mal, auprès de ces agriculteurs qui peinent à sortir la tête de l’eau malgré leurs meilleurs efforts.
Saviez-vous que Laetitia Casta avait aussi fait du doublage ?