ÇA PARLE DE QUOI ?
Sam et Tusker s'aiment depuis 20 ans. À bord de leur vieux camping-car, ils rendent visite à leurs amis et famille et retournent sur les lieux de leur jeunesse. Depuis que Tusker est atteint d'une grave maladie, tous leurs projets ont été suspendus. Le temps est compté et être ensemble est désormais la chose la plus précieuse. Cependant, ce dernier voyage va mettre leur amour à rude épreuve.
L'AMOUR À MORT
Et si les plus belles larmes de votre rentrée cinéma se cachaient là, dans les 94 minutes que dure Supernova ? Réalisé par l'acteur anglais Harry Macqueen (vu dans Orson Welles & moi), qui signe son deuxième long métrage en tant que metteur en scène après Hinterland, ce drame est aussi émouvant qu'il fait preuve d'une grande délicatesse dans le traitement de sujet. Quand il privilégie les gestes, regards et non-dits aux effusions dignes d'un mélodrame.
La maladie qui touche Chester (Stanley Tucci) n'est par exemple jamais clairement nommée, même si les futurs effets de sa démence sont évoqués au détour d'un discours aussi sobre que bouleversant. Et plus d'un spectateur se demandera si Harry Macqueen n'a pas mis un peu de vécu dans son film, au vu de la justesse de l'ensemble.
Le cinéaste s'est en réalité inspiré de trois histoires vraies : celle d'une collègue, licenciée après être devenue de plus en plus distante et incompétente, et décédée six mois plus tard ; et celle d'un ami proche qui, quelques jours après, a été contraint de placer son père en maison de retraite alors que celui-ci venait de fêter ses 65 ans.
Enfin, un documentaire sur un homme se rendant dans une clinique en Suisse pour mettre légalement fin à ses jours l'a également ému en plus de lui inspirer l'un des enjeux centraux du long métrage : la divergence d'opinion entre Sam, qui tient à être auprès de son compagnon jusqu'au dernier instant, sans avoir peur des moments difficiles, et Chester qui refuse de devenir un fardeau alors qu'il n'est plus le conducteur mais le passager d'une vie qui l'emmène sur une route qu'il ne voulait pas emprunter.
Initialement envisagé pour le rôle de Sam, Stanley Tucci incarne finalement Chester. Et il est parfait dans la peau de ce personnage assez inédit au sein de sa riche carrière. Le couple qu'il forme avec Colin Firth nous frappe d'emblée par sa sensibilité et la complicité qui les unit, même si l'homosexualité n'est pas le sujet principal du film.
"C'est l’histoire de deux personnes qui s’aiment - et il s’avère qu’ils sont gays", explique Harry Macqueen dans le dossier de presse. "Il pourrait s’agir d’un couple hétérosexuel et cela n’aurait aucune importance. Le fait qu’il s’agisse d’un couple gay ajoute tout de même une dimension particulière et je crois que c’est important de le montrer." Le cinéaste décrit également son opus comme "une histoire d’amour romantique, originale et moderne. C’est un conte intime qui tourne autour de l’une des plus grandes questions que l’on puisse se poser : comment peut-on continuer à vivre, à aimer et à rire, alors qu’on se sait condamné ?"
A défaut de donner une réponse claire, Supernova ne tombe jamais dans le pathos et le misérabilisme, pas plus que ses acteurs ne cherchent la performance. Simple et sobre, le long métrage nous plonge dans une bulle de douceur où il sait très vite nous toucher en plein cœur.