Pionnière dans la réalisation des films sous-marins et de la recherche sur les requins, l’œuvre de la vie de Valerie Taylor est devenue la base d’une grande partie de ce que nous savons aujourd’hui sur les squales. À travers de remarquables images d'archives et des entretiens avec Valerie elle-même, Face aux requins est un documentaire retraçant son parcours.
AlloCiné s'est entretenu avec la réalisatrice Sally Aitken et la productrice Bettina Dalton de ce film documentaire passionnant, disponible sur Disney+, qui suit la trajectoire de cette audacieuse exploratrice de l'océan, championne de chasse sous-marine et passionnée de protection des requins, qui inspirera Steven Spielberg lui-même pour la réalisation du culte Les Dents de la mer.
AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce documentaire ?
Bettina Dalton (productrice) : Pour moi ce fut Valerie Taylor qui est le sujet principal du film, en plus des requins. La première fois que je l’ai découvert elle faisait la couverture du magazine Américain “National Geographic”. Elle était dans un combinaison “armure”, faites de maillons en acier, avec un requin mordant son bras ! Elle apparaissait comme une super-héroïne des océans.
Ensuite, il y a 20 ans, j’ai eu la chance de produire une série de documentaires sur elle et son mari, Ron. Et récemment, enfin, j’ai vu qu’un film avait été fait sur l’activiste Jane Goodall. Cela m’a donné l’idée de faire un film sur Valerie qui est une femme tout aussi extraordinaire et qui s’est toujours battue pour l’environnement. De plus je savais qu’il y avait énormément d’images d’archives sur Valérie depuis les années 50 qui n’avaient jamais été utilisées pour un film.
Tristement, Ron, le mari de Valerie, ne lui a pas survécu. Mais Val a accepté que l’on fasse un film sur elle. D’ailleurs, en se marrant, elle m’a dit : “Pourquoi cela a-t-il pris tant de temps à venir avec cette idée magnifique ?”. Nous nous sommes donc mis au travail immédiatement.
Sally Aitken (réalisatrice) : J'ai rejoint le projet avec un peu d’appréhension car je voulais vraiment faire un film qui honore le travail magnifique de Valerie. Je tenais à rendre Bettina et Valerie fières de mon travail. Je ne viens pas du milieu du documentaire typique de National Geographic, j’ai donc dû m’adapter à cet environnement.
Mais j’ai tout de suite été prise de passion pour ce personnage mythique qu’est Valerie Taylor. Quelle femme extraordinaire avec sa passion dévouée aux requins ! Je voulais avec ce film que le spectateur “plonge” vraiment avec Valerie au coeur de l’océan et parte à la rencontre de ces créatures majestueuses. Je tenais aussi à ce que l’on découvre cet univers à travers ses yeux et ses aventures.
À la fin du film, j’espère que vous aurez la même empathie que Valerie pour ces squales. Pour elle, ce sont plus des chiens qui aiment jouer que des créatures à la réputation fatale.
À travers les décennies elle a eu un énorme impact sur tellement de personnes, c’est incroyable. Un peu comme votre Commandant Cousteau en France. Elle n’est pas prête de s’arrêter là, elle continue de se battre pour toutes les créatures qui habitent nos océans, sans relâche et avec persévérance.
Qu’avez-vous découvert avec Valérie en faisant "Face aux requins" ?
Sally Aitken : Ce qui est formidable c’est que je découvre tous les jours, même en faisant cette promotion de notre film, des choses, des histoires fantastiques à propos de Valerie. En fait, je ne la connaissais guère. Dès le premier jour de notre collaboration, j’ai été éblouie par son parcours fantastique. En faisant ce film j’ai renoué avec l’océan, que je connais bien depuis l’enfance vu que je vis entre la Nouvelle Zélande et l’Australie, mais que j’avais un peu négligé.
Valerie m’a donné un regain d'amour pour le monde marin. Je me sens beaucoup plus responsable en ce qui concerne l’équilibre écologiste des océans qu’auparavant. J’espère que les gens qui regardent ce film vont aussi se sentir concernés et vont aussi soutenir les efforts nécessaires pour préserver nos océans.
Bettina Dalton : Même si je connais très bien Valerie depuis longtemps, je découvre aussi, tous les jours, des choses sur elle que je ne savais pas. Comme par exemple le fait qu’elle ne sait pas nager ! En fait elle m’a expliqué qu’il suffit de se sentir bien dans l’eau et de plonger avec des palmes, le reste suit. Ce qui m’a aussi surpris c’est le fait qu’elle soit toujours aussi connue par les nouvelles générations de jeunes gens passionnés par l’océan et ses mystères.
À travers les décennies elle a eu un énorme impact sur tellement de personnes, c’est incroyable. Un peu comme votre Commandant Cousteau en France. Elle n’est pas prête de s’arrêter là, elle continue de se battre pour toutes les créatures qui habitent nos océans, sans relâche et avec persévérance. C’est une force de la nature !
Sally Aitken : J’aimerais rajouter que Valerie a également un sens de l’humour incroyable. Malgré le sérieux de sa mission, elle sait rigoler tout le temps et elle ne se prend jamais, elle-même, au sérieux. Je pense que ce qui motive Valérie est son sens de l’action, son sens du devoir pour sauver ce précieux environnement et toutes les créatures qui y habitent.
Je pense que sa passion vient du fait qu’à l’âge de 12 ans elle s’est retrouvée immobile en attrapant la polio. Je crois qu’en retrouvant sa mobilité elle a développé le sens extrême d’être toujours en mouvement et dans le feu de l’action. Certains disent même que c’est de l’énergie cinétique à l’état brut. Rien ne peut l’arrêter !
Quel impact espérez-vous créer avec ce film documentaire ?
Bettina Dalton : Comme Valerie, j’espère que les gens regardant ce film voudront s’impliquer dans toute action possible pour sauver les océans et leurs habitants marins. Nous avons vraiment besoin du soutien de tout le monde pour sauver nos océans. Il n’est pas encore trop tard. Dans tout les cas, mettez votre maillot de bain et plongez à l’aventure des fonds sous-marins.
Sally Aitken : J’espère surtout que notre audience aura un dépaysement complet avec ce film. Comme Bettina, j’espère aussi que la conscience environnementale du monde sous marin fera surface dans l’esprit du public et que ce dernier voudra s’impliquer dans un processus de préservation tellement crucial, surtout en ce moment.