DE QUOI ÇA PARLE ?
Berlin, aujourd'hui. Francis, 30 ans, est un réfugié de Guinée-Bissau qui se retrouve dans la capitale allemande après avoir traversé illégalement la Méditerranée sur un bateau. Seul survivant du voyage, il se rend vite compte que gagner sa vie honnêtement en tant que réfugié apatride sans papiers est pratiquement impossible. Francis s'efforce d'abord de rester sur la bonne voie, même après avoir rencontré le trafiquant de drogue allemand Reinhold. Mais il sera inexorablement happé par le monde souterrain de Berlin et perdra peu à peu le contrôle de son existence.
Berlin Alexanderplatz réalisé par Burhan Qurbani avec Welket Bungué, Jella Haase, Albrecht Schuch…
UNE RELECTURE MODERNE
Roman culte de Alfred Döblin paru en 1929, Berlin Alexanderplatz a déjà eu droit à deux adaptations : un film dans les années 30 et une célèbre série réalisée par Rainer Werner Fassbinder en 1980. Mais contrairement à ces deux œuvres, la version du réalisateur germano-afghan Burhan Qurbani s’éloigne du matériel d’origine en proposant une relecture contemporaine de l’histoire.
Dans ce Berlin Alexanderplatz, Francis, le personnage principal, est un immigré bissaoguinéen qui souhaite vivre le plus honnêtement possible. Mais sa rencontre avec un charismatique dealer nommé Reinhold va l’entraîner dans les bas-fonds de Berlin. Un monde dont il est difficile de sortir indemne.
En plaçant l’intrigue de son film de nos jours, le cinéaste se permet d’aborder des thèmes nouveaux par rapport au roman. “Il était important pour moi que le protagoniste du film soit un réfugié africain”, confie-t-il dans le dossier de presse du long-métrage.
Et d’expliquer : “Je voulais mettre l’accent sur la parole de l’un d’entre eux. Francis est le visage mais également la voix et l’histoire de tous ces hommes venus d’Afrique. Berlin Alexanderplatz n’est pas tant un film sur les réfugiés mais plus un récit sur les conditions qui poussent ces immigrés à quitter leur pays.”
Mais malgré ce changement majeur, le film de Burhan Qurbani reste assez fidèle au texte de Alfred Döblin et respecte dans les grandes lignes le parcours de son héros, raconté en cinq parties.
UNE QUÊTE DE RÉDEMPTION TRAGIQUE
Au travers d’une mise en scène maîtrisée et très stylisée, le cinéaste propose un film fleuve passionnant qui explore en profondeur la psychologie d’un homme.
Si Francis (Welket Bungué) répète régulièrement qu’il veut être bon, il est constamment mis en difficulté, notamment par sa relation avec Reinhold, mais aussi par la pulsion de mort qui l’habite. Tiraillé entre deux parties de lui, le personnage ne fait pas toujours les bons choix, tombe, se relève, puis tombe encore plus bas.
Parmi les personnes qu’il rencontre sur son chemin, deux figures sortent du lot. Le troublant Reinhold d’abord, superbement interprété par Albrecht Schuch, vu l’an dernier dans Benni. Presque diabolique, celui-ci ne cessera de toujours entraîner Francis vers le bas. La touchante Mieze (Jella Haase) ensuite, qui, elle, tentera d’amener celui qu’elle aime vers la lumière et de l’extirper de sa relation toxique avec Reinhold…
Si quelques maladresses parsèment cette adaptation de Berlin Alexanderplatz, notamment dans le traitement des personnages féminins, bien trop souvent victimes ou réduits à des objets sexuels, le film happe le spectateur, qui ne peut qu'espérer que Francis parvienne à trouver sa rédemption.
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