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    Physical sur Apple TV+ : "On est passé de la décennie du Nous à celle du Moi, Je"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    Diffusée sur Apple TV+, Physical est une comédie grinçante portée par Rose Byrne. Rencontre avec Annie Weisman, sa créatrice, Rose Byrne qui interprète Sheila et Rory Scovel qui joue Danny, son mari à l’écran.

    AlloCiné : Comment avez-vous donné naissance à cette série ?

    Annie Weisman : J’avais cette série Physical en moi depuis longtemps et je l’ai écrite sans commande, par passion. Elle est basée sur une expérience personnelle car j’ai longtemps souffert de troubles alimentaires et je voulais en parler. Je voulais aborder le sujet à travers quelqu’un qui s’en sort et qui s’auto-transforme. Je n’avais pas vraiment de plan pour la faire produire mais la vie en a fait autrement. Nous voici en pleine promotion du lancement de la série sur Apple  TV+. Certaines personnes chez Apple étaient fans de mon travail et ils m’ont convaincue de la porter à l’écran. C’est également grâce à Rose Byrne que tout s’est mis en place très vite. C’était vraiment l’actrice idéale pour jouer Sheila, cette femme en pleine crise existentialiste.

    Physical
    Physical
    Sortie : 2021-06-18 | 30 min
    Série : Physical
    Avec Rose Byrne, Rory Scovel, Paul Sparks
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,7
    Voir sur Apple TV+

    Est-ce que le fait d’avoir travaillé sur Desperate Housewives vous a aidé avec la mise en place de Physical ?

    Annie Weisman : Ce fut un apprentissage unique que de pouvoir travailler sur cette série légendaire. C’est là que je me suis rendue compte que le public avait une compréhension et un attachement pour des femmes loin d’être parfaites. Pas besoin d’écrire toujours des superwomen badass mais besoin de mettre en avant leur humanité, avec leurs qualités et leur défauts. Cela m’a libérée dans l’écriture de cette série et je n’ai jamais cherché à présenter Sheila sous son meilleur jour mais à la révéler avec honnêteté et sincérité. Avec ses angoisses et avec ses blessures. Ainsi, je pense qu’on la comprend mieux et que l’on peut même s’identifier à ses peines.

    Qu’essayez-vous de dire avec Physical ?

    Annie Weisman : Au cœur de la série c’est l’histoire d’une femme qui prétend en être une autre et qui excelle dans cette tentative, jusqu’à ce que son monde s’effondre. On la rencontre au moment où une crise intime explose en elle. Et pour lui permettre de ne pas imploser, elle se jette à corps perdu dans le monde de l’aérobic.

    Cela va lui permettre de se "reconnecter" avec son corps et de trouver sa véritable voie et un nouveau sens à sa vie. Cette série est une étude sur la gestion de soi-même, sur nos colères, nos appétits parfois déréglés, nos ambitions, etc. Au lieu de s’en prendre à elle-même, Sheila, va apprendre comment s’en prendre au monde et réévaluer ses relations les plus intimes.

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    Rory Scovel : Pour moi, cette série traite de sa propre indépendance d’identité. Qui voulez-vous vraiment devenir quand vous devenez un adulte. C’est également une série qui montre que l’on peut arriver à "domestiquer" son insécurité intérieure, son manque de confiance en soi et trouver peu à peu sa voie. Dans tous les cas, il s’agit de ne jamais laisser son manque de confiance paralyser votre vie et vous faire plonger dans une dépression autodestructive. Je pense que plus que jamais ce sont des thèmes d’actualité.

    Rose Byrne : De nos jours, tout le monde est un entrepreneur, tout le monde est un "influenceur" sur les réseaux sociaux. Et cette série montre d’où tout ceci vient : des années 80 où tout a commencé. C’était le début de la génération "Moi, Je" et voyez où tout ceci nous a mené.

    Cette série se déroule dans les années 80, que représentent ces années-là pour vous ?

    Annie Weisman : C’était une période de transition entre les années 70 et 90. Notamment aux USA où l’idéalisme des années 60 était enterré à jamais. Dans les années 80, on tombe dans une vision plus conservatrice, plus impérialiste et dominatrice de la société américaine. On est passé de la décennie du "Nous" à celle du "Moi, Je" ; une décennie plongée dans l’égoïsme. Sheila, qui est le produit des années 60 devient soudainement cette femme qui prend en main sa destinée, qui prend le contrôle de son corps et de son âme.

    Rory Scovel : Je suis né en 1981. Je me souviens en partie de la fin des années 80. Mon film préféré de tous les temps est Retour vers le futur et c’est vraiment le film qui représente pour moi au mieux cette décennie. J’attends juste maintenant le moment où nous pourrons faire du skate en flottant dans les airs ! C’était une expérience surréaliste que de jouer ce rôle se déroulant dans les années 80 et à l’âge que mes parents avaient à la même époque.

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    Rose Byrne: C’était une décennie assez complexe avec la fin de la grande révolution féministe et une nouvelle expression féministe qui se met en avant avec tellement de femmes "libérant" leurs corps grâce à l’aérobic. Pas mal de femmes ne savaient plus où elles en étaient, comme mon personnage Sheila. Reagan était à la Maison-Blanche et on était en pleine "renaissance" capitaliste mais aussi égoïste. Faire de l’argent semblait être l’ultime but dans la vie.

    Est-ce que ce fut un certain défi d’écrire une série se passant dans les années 80 ?

    Annie Weisman : Pas vraiment puisque j’ai vécu cette période de notre histoire. Il a donc juste fallu me souvenir des années 80 et du langage employé pendant cette décennie. J’ai donc été mon propre spécialiste historique et ce fut vraiment pratique. Je n’ai pas cherché à idéaliser cette époque mais à la rendre réaliste par rapport à ce qu’elle était, juste une autre transition, une autre évolution de notre société. Je n’ai pas non plus cherché à créer une certaine nostalgie pour les années 80 puisqu’elles ont été loin d’être parfaites. En fait, on se rend compte que toute période de notre Histoire a du bon et du mauvais, il faut faire avec et aller de l’avant.

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    De quelle manière cette série est-elle totalement d’actualité en 2021 ?

    Annie Weisman : Je pense que plus que jamais il y a énormément de pression quant à l’image de la femme avec tous les réseaux sociaux. C’est toujours plus la course à la perfection. Donc rien n’a vraiment changé depuis les années 80, cela s’est même aggravé. Je pense que cela entraîne encore plus de dépressions chez les femmes, chez les jeunes. Tout le monde retouche sans cesse ses photos et donc il y a vraiment un décalage avec le réel, avec le véritable "moi". Tout ceci est fort inquiétant. J’espère que la série redonnera confiance aux gens qui la regardent. Qu’il faut savoir ne pas trop s’auto-juger et s’accepter comme on est. Ce n’est pas simple de trouver un équilibre de vie et de corps.

    Rose, votre personnage se parle à elle-même en permanence dans la série, est-ce que vous pouvez vous identifier à ceci et est-ce qu’il y a une petite voix qui vous parle, de temps en temps ?

    Rose Byrne : Oui, je pense que nous avons tous une petite voix intérieure qui nous parle de temps en temps, que l’on soit un homme ou une femme. Je comprends totalement la crise existentialiste que traverse Sheila en ce sens. Je comprends que l’on puisse devenir un addict ou joindre une secte ou se faire souffrir d’une autre manière. La condition humaine n’est pas une chose facile à vivre ; c’est ce que dit cette série. De plus, dans le cas de Sheila, je crois que sa voix intérieure la motive et l’inspire à aller de l’avant, à confronter ses angoisses et à trouver une solution saine à ses frustrations. 

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