Le prolongement d’une tradition
Ce n’est certes pas une nouveauté. De Conan le Barbare à Men in Black, en passant par Godzilla, Jumanji ou encore Retour vers le futur, les plus grandes franchises cinématographiques ont depuis les années 80 pris l’habitude d’être déclinées en séries animées.
Une formule qui s’applique également aux séries Disney, comprenant Aladdin, Tim et Pumbaa et d’innombrables dessins animés produits dans le seul but de capitaliser sur le succès au box-office des chefs d’œuvre du célèbre studio d’animation.
Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle tendance, bien au contraire. Toutefois, les séries animées proposées notamment sur Netflix ont pris une toute nouvelle dimension ces récentes années, en s’inscrivant désormais comme le complément officiel des franchises dont elles sont le dérivé. Pour faire clair, les séries entrent désormais dans le "canon" de ces licences, et en sont bien souvent la suite, le prequel, ou le spin-off officiel, une particularité qui ne s’appliquait pas aux séries citées plus haut.
C’est notamment le cas du dessin animé Jurassic World : la Colo du crétacé. Produit par les studios Universal, le programme suit les aventures de jeunes adolescents livrés à eux-mêmes sur l’île d’Isla Nubar ; son intrigue se déroule donc en parallèle de l’action des films Jurassic World et Jurassic World : Fallen Kingdom dont elle est le spin-off officiel.
Complémentaire à l’intrigue des films, Jurassic World : la colo du crétacé l’est également dans sa narration. Adressée à un public adolescent et familial, la série se présente à la fois comme une introduction à la saga pour les jeunes téléspectateurs, mais également comme une gourmandise bourrée de clins d’oeil à l’adresse des fans des films.
A l’inverse, Fast and Furious : Les Espions dans la course s’est construite comme une série indépendante des huit films de la franchise Fast & Furious. Ainsi, il est difficile de déterminer si le programme est à considérer comme canon ou non.
L’apparition vocale de Vin Diesel (également producteur délégué) dans le premier épisode de la série a néanmoins permis d’établir un lien avec les longs métrages, et d’assurer ainsi le passage de flambeau entre Dom Toretto et son cousin Tony (Tyler Posey), le protagoniste principal de la série animée.
Un partenariat avec Universal et Dreamworks
Ce n’est pas un hasard si de nombreuses séries dérivées des franchises Universal Studios voient le jour sur Netflix ; en 2013, la plateforme et le célèbre studio signent un accord de partenariat visant le développement de 300 heures de contenus, via le lancement de séries exclusives telles Les Aventures du Chat Potté et Les Croods : Origines, et originales comme Trollhunters : Chasseurs de Trolls.
L’accord offre à chacune des deux parties des garanties financières : pour Universal, le développement à moindre coût de ses franchises les plus lucratives, et pour Netflix l’acquisition de marques déjà établies permettant d’attirer un grand public familial.
En 2016, le studio Dreamworks Animation est racheté par le conglomérat Comcast, détenteur de la société NBCUniversal. Grâce à l’acquisition de ce nouveau catalogue, Universal renouvelle en 2018 son partenariat avec Netflix pour le développement de nouveaux contenus originaux.
Le modèle de demain pour les plateformes SVOD ?
Le partenariat avec Universal sera-t-il renouvelé ? Rien n’est moins sûr depuis le lancement de la plateforme SVOD Peacock le 15 juillet 2020 aux Etats-Unis. Il paraîtrait ainsi logique que le studio y rapatrie ses productions animées, et se réserve désormais l’exclusivité des droits de diffusion de ses nouvelles séries.
Qu’à cela ne tienne puisque Netflix semble déjà se tenir prêt à explorer de nouveaux horizons. Au Japon tout d’abord, avec des investissements de plus en plus importants pour des licences établies auprès du public, comme Godzilla : l’origine de l’invasion et Les Chevaliers du Zodiaque : SAINT SEIYA.
Après le succès rencontré par son adaptation du jeu vidéo Castlevania, la plateforme a annoncé de nouvelles séries animée inspirées de Splinter Cell, Tomb Raider et Assassin’s Creed (une série live-action est parallèlement développée).
Mais cette formule concerne également les productions originales de Netflix. Pour certaines développées dans l’idée de former des franchises, ces licences originales permettent ainsi à la plateforme de s’assurer de conserver pour les années à venir les droits de diffusion de ces programmes.
Une stratégie appliquée notamment au film Army of the Dead de Zack Snyder, prochainement suivi par la série animée prequel Army of the Dead : Lost Vegas, ou à la série de super-héros Super Crooks (coproduite par le studio japonais Bones) dans le cadre de son partenariat avec la maison d’édition Millarworld (Jupiter’s Legacy).
Précurseur des plateformes streaming, Netflix a inspiré un modèle économique à ses concurrents. Ainsi, CBS All Access n’a pas hésité à développer coinjointement des séries live-action et animées Star Trek, formule également reproduite par Disney+ avec Star Wars (The Bad Batch, Star Wars : Visions) et Marvel (What If... ?).
L’extension des franchises à succès en séries d’animation ne date pas d’hier, mais il convient de constater que le lancement des plateformes a permis à cette tendance non seulement de se confirmer mais également de prendre une ampleur plus considérable encore ; autrefois compléments non-officiels de ces licences, ces séries en sont aujourd’hui des prolongements de plus en plus indispensables.