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    Goldorak sur ADN : pourquoi faut-il absolument voir l'anime culte de Go Nagai ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Comme de nombreux enfants des années 80, il découvre l'animation japonaise grâce au Club Dorothée. Nicky Larson, Dragon Ball Z... autant de séries qui l'initient à la japanimation. Après l'arrêt du célèbre programme, il continuera à se passionner pour les animes jusqu'à aujourd'hui.

    Depuis le 20 juillet, Goldorak, grand classique de l'animation japonaise, est disponible sur la plateforme ADN. Pour les nostalgiques comme les néophytes, pourquoi cette série est-elle incontournable ?

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Vega, Grand Stratéguerre de la planète Stykadès, s'empare d'Euphor, une planète pacifique qu'il va ravager avec sa flotte de soucoupes et de robots géants. Durant l'attaque qui mènera à la destruction finale d'Euphor, la famille royale est exterminée. Actarus, fils du roi et prince, parvient à s'échapper après s'être emparé de Goldorak, le plus perfectionné des robots mis au point par les scientifiques de la planète, et s'enfuit vers la Terre.

    Il est recueilli par la professeur Procyon qui dirige le Centre de recherches spatiales. Poursuivant sa conquête de nouvelles planètes, Vega établit une base sur la face cachée de la Lune, à partir de laquelle il compte lancer l'offensive sur la planète bleue. Actarus se voit alors dans l'obligation d'utiliser Goldorak afin d'éviter que la Terre subisse le même sort que sa planète natale.

    Goldorak
    Goldorak
    Sortie : 1975-10-05 | 26 min
    Série : Goldorak
    Avec Jacques Berthier, Daniel Gall, Pierre Guillermo
    Spectateurs
    3,4

    GOLDORAK, GO !

    Nous sommes le lundi 3 juillet 1978. L'émission pour enfants Récré A2 se lance, portée par Dorothée et son complice, Gérard Chambre.

    "Nous avons un nouveau feuilleton qui s'intitule Goldorak. C'est un feuilleton japonais qui se passe en l'an 2884 sur une petite planète bleue et qui a un tas d'histoires. Vous allez voir, il y a des soucoupes volantes, il y a des fusées, il y a un tas de choses... Enfin, nous allons voir dans quelques instants le premier épisode", explique l'animateur.

    FORMIDABLE ROBOT DES TEMPS NOUVEAUX

    Sans le savoir, ce dernier lance le phénomène Goldorak en France ! La série devient rapidement culte et possède toujours, plus de 40 ans plus tard, une aura mythique, voire mystique.

    Créée en 1975 par le légendaire Go Nagai, Goldorak est arrivé dans nos contrées par l'intermédiaire du producteur Bruno-René Huchez, fasciné par cet anime qu'il a découvert au Japon.

    Au départ, la série n'est pas du tout respectée ; elle est reléguée dans la case "japoniaiserie". En 1981, un essai lui est même consacré pour la vilipender. À cinq ans seul avec Goldorak, écrit par la psychologue Liliane Lurçat, critique de manière virulente l'influence de la série sur la jeunesse, lui reprochant notamment sa violence.

    Au fil du temps, les thèmes abordés par Go Nagai et la profondeur de son message parviennent à transcender ces préjugés. Au-delà de son aspect "mecha", Goldorak est bien plus qu'un anime mettant en scène un robot géant qui se bat contre des méchants.

    AU-DELÀ DU MECHA

    En sous-texte, le mangaka japonais parle de la manipulation psychique et n'hésite pas à faire mourir des personnages importants, rendant son récit très dramatique et impactant. Les robots ne sont qu'un prétexte pour critiquer les failles du genre humain. C'est aussi une gigantesque épopée avant-gardiste, mettant en avant une certaine idée de l'écologie. Il nous mettait aussi en garde contre les avancées technologiques, terrifiantes si elles sont entre de mauvaises mains.

    De génération en génération, Goldorak s'est transmis de parents à enfants, continuant à perpétuer sa légende. Sarah Hatchuel, auteur de l'ouvrage Goldorak, l'aventure continue (avec Marie Pruvost-Delaspre), évoquait l'anime au micro du Point en 2018.

    UN HÉROS VULNÉRABLE

    "Contrairement au cliché d'usage, beaucoup de petites filles étaient fans de Goldorak. J'ai des souvenirs précis de ces premières images, de ces couleurs très saturées, contrastées, chatoyantes, très différentes de celles d'un Albator que je n'aimais pas vraiment, trop ténébreux. Goldorak, c'était l'espoir et l'optimisme de la vie. Et puis j'étais emportée par cette mélancolie, ce ton parfois poignant de la série et la nostalgie d'Actarus pour son paradis perdu Euphor. Un héros très vulnérable avec sa blessure radioactive au bras", analyse l'auteur.

    Sarah Hatchuel rappelle également que Goldorak mettait aussi en scène des personnages féminins captivants et développés, comme Phénicia, la sœur d'Actarus, "qui n'a rien à envier aux héroïnes actuelles."

    Goldorak convoque aussi le traumatisme d'Hiroshima et de Nagasaki. "Ce thème du nucléaire est omniprésent dans Goldorak, qu'il s'agisse de la planète d'Actarus ravagée par les radiations ou ces Golgoths qui finissent toujours par exploser dans d'immenses champignons atomiques", confie l'universitaire.

    Toei Company

    POURQUOI UN TEL CARTON ?

    Pourquoi Goldorak a-t-il été un tel phénomène ? Pour Sarah Hatchuel, "on n'avait jamais vu ça. Pour la première fois, les enfants découvraient une série animée feuilletonnante avec des rebondissements et un enjeu capital, la protection de la Terre On avait enfin l'impression qu'une histoire nous prenait au sérieux, qu'il en allait de l'avenir de la planète et nous, petits enfants, suivions une histoire qui avait une importance énorme", explique-t-elle.

    Selon l'auteur, Goldorak était un vrai drame familial, avec l'idée du paradis perdu d'Euphor pour Actarus. Les parents ne comprenaient pas, ils voyaient juste des combats horribles entre Goldorak et les Golgoths et restaient insensibles à cette épopée qui touchait au grandiose, au mythe, avec des préoccupations très écologistes

    "Dans Goldorak, il faut protéger la Terre comme écosystème. Il y avait une véritable intensité dramaturgique et une progression de l'intrigue. Dans notre ouvrage, Guillaume Soulez évoque l'importance du robot d'acier pour les jeunes garçons, avec cette idée de la métamorphose du corps. Go Nagai a dit aussi que, selon lui, Goldorak permettait aux enfants de se sentir plus puissants que leurs parents", analyse l'écrivaine.

    UN DOUBLAGE DE QUALITÉ

    Si l'anime a tant marqué les esprits dans l'Hexagone, c'est aussi grâce à sa VF dirigée par Michel Gatineau (Voix du professeur Procyon et de Charles Ingalls dans La Petite Maison dans la prairie).

    Selon Sarah Hatchuel, ils ont fait un travail extraordinaire. "Il y a une vraie qualité d'interprétation mais aussi le travail d'adaptation des textes qui font presque de la VF de Goldorak une œuvre parallèle au modèle d'origine. Gatineau a donné aux humains des noms liés aux étoiles (Procyon, Antarès, Rigel…), tandis qu'il a emprunté aux mythologies grecques et romaines pour les forces de Vega, comme Hydargos et Minos."

    Quant à Actarus, il est le seul alien à porter, comme les humains, un prénom faisant référence à une étoile, "pour mieux symboliser son lien avec nous. Dans la version japonaise, les personnages avaient davantage des consonances anglophones, tel Hydargos qui s'appelait le Commander Blaki. Au Japon, les armes légendaires de Goldorak avaient aussi des noms anglophones."

    FULGUROPOING !

    Cornofulgure, Fulguropoing, Clavicogire... ces noms d'armement ont quand même sacrément la classe !

    "Leurs équivalents japonais respectifs étaient le Space thunder, le Crusher punch et le Shoulder boomerang. Michel Gatineau se livrait à un vrai brainstorming avec les acteurs, notamment Daniel Gall (Actarus), pour trouver ces noms. Goldorak, en revanche, a été trouvé par le distributeur Jacques Canestrier, en mixant Goldfinger et Mandrake", explique Sarah Hatchuel.

    N'hésitez pas et foncez aux côtés d'Actarus dans Goldorak sur ADN. Les 26 premiers épisodes (sur 74) sont disponibles en VF depuis le 20 juillet.

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