ÇA PARLE DE QUOI ?
1937 : Shanghaï est encerclé par l'armée japonaise. Huit cents soldats chinois se sont retranchés dans un entrepôt en plein coeur de la ville, et refusent d'abandonner la position. Commence alors le combat de leur vie, eux qui devinrent les héros d'une nation...
"La Brigade des 800" réalisé par Hu Guan - Disponible en VOD le 16 juin, et en DVD/Blu-Ray le 23 juin.
HÉROS DE GUERRE
Le voici donc le film qui a devancé Bad Boys For Life, Tenet ou encore Sonic pour s'offrir la tête du box-office mondial en 2020, mettant fin à cinq années consécutives pendant lesquelles la couronne passait de Marvel à Star Wars, et inversement.
Le rôle de la pandémie, qui a mis le tout-Hollywood à l'arrêt, n'est bien sûr pas à minimiser, puisqu'elle a empêché les blockbusters de tout détruire sur leur passage. Mais les faits et les chiffres sont là, et La Brigade des 800 s'est imposé avec 461 391 628 dollars, quasi-intégralement engrangés dans son pays d'origine.
Personne n'aurait parié sur cette issue le 1er janvier 2020, et cela fait écho au contenu du film de Hu Guan (qui a également co-signé The Sacrifice, le dixième plus gros succès mondial de l'an passé). Celui-ci revient en effet sur un moment clé de la guerre entre la Chine et le Japon (1937 - 1945) : la résistance face à l'envahisseur des 800 soldats chinois réfugiés dans un entrepôt de Shanghai, au début du conflit.
L'héroïsme est donc le maître-mot de ce long métrage aussi épique que patriotique, où l'on peut entendre des dialogues tels que "Longue vie à la nation chinoise" ou "La Chine vaincra", tandis qu'une observatrice du combat avoue que "Si nous étions aussi braves, les Japonais n'auraient jamais osé."
Mais cela n'a pas suffi pour éviter de faire grincer des dents dans le pays, car les soldats au cœur du récit n'appartenaient pas à l'armée de Mao Zedong (qui avait pourtant salué les actes des 800 à l'époque) mais au parti Nationaliste, son opposant politique. Initialement prévue en 2019, la sortie a même été repoussée à août 2020 car trop proche des festivités du 70è anniversaire de la République Populaire de Chine.
Une polémique qui n'entache en rien le spectacle proposé pendant près de 2h30. Produit pour 80 millions de dollars (un record en Chine), le premier film local entièrement tourné avec des caméras IMAX parvient à conjuguer souffle épique et moments plus intimistes et humains, qui nous permettent de respirer et mettre des visages sur quelques-uns des héros. Quitte, parfois, à vouloir aborder trop de sujets et donner naissance à quelques longueurs.
Mais ces baisses de rythme sont compensées par la virtuosité, la lisibilité et l'ampleur des scènes d'action. Et ce alors que le film enrichit son propos en montrant la légende qui s'écrit et s'imprime sur pellicule grâce aux caméras et observateurs occidentaux présents sur place.
Une mise en abyme qui fait autant écho au point de vue de Hu Guan qu'aux images d'archive que l'on voit dans le générique de fin. Comme une manière de faire se rejoindre l'Histoire et le cinéma à l'issue d'un opus qui, à défaut d'avoir pu passer par nos salles, se révèle impressionnant sur petit écran.