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    Il faut sauver le soldat Ryan : quel jeu culte est né grâce au film de Spielberg ?
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    On doit à Steven Spielberg l'idée d'un jeu qui va durablement marquer l'histoire des jeux FPS : Medal of Honor, sorti en 1999 sur Playstation. Le cinéaste eut l'idée du titre alors qu'il était justement en plein tournage de son film de guerre.

    EA

    Avec plus de 4,13 millions d'entrées en France, dont plus de 700 000 sur Paris-périphérie, le film de guerre de Spielberg fut l'un des dix plus grands succès de l'année 1998. Aux Etats-Unis, il a rapporté plus de 216 millions de dollars et plus de 480 millions au box-office mondial. A ce triomphe en salles s'ajoutait un succès critique et l'Oscar du meilleur réalisateur pour Steven Spielberg.

    Si Il faut sauver le soldat Ryan est entré par la grande porte dans l'Histoire du cinéma américain, le sujet même du film a fourni à Spielberg la matière d'un jeu qui a marqué l'Histoire de l'industrie vidéoludique.

    La Seconde guerre mondiale dans son salon

    On doit à Spielberg l'idée d'un jeu qui va durablement marquer l'histoire des jeux FPS : Medal of Honor, sorti en 1999 sur Playstation. Le cinéaste eut l'idée du titre alors qu'il était justement en plein tournage de son film de guerre. En 1997, il insista pour que DreamWorks Interactive, filiale du studio DreamWorks fondé en 1994 par le cinéaste, Jeffrey Katzenberg et David Geffen, travaille au développement d'un jeu de guerre "réaliste" ayant pour cadre la Seconde guerre mondiale.

    "Spielberg, qui était alors en pleine période de post-production de son film, est venu pitcher son idée chez DreamWorks Interactive. Il voyait "Il faut sauver le soldat Ryan" comme une expérience éducative tout autant qu'une propriété intellectuelle. Il avait beaucoup regardé son fils adolescent jouer avec ses amis à Goldeneye sur Nintendo 64. Est-ce que DreamWorks pourrait créer un shooter ayant pour cadre la Seconde guerre mondiale, qui pourrait les amener à apprendre sur cette période tout en jouant ?" raconte Jamie Russell, auteur en 2012 d'un livre, Generation Xbox: How Video Games Invaded Hollywood.

    L'ennui, c'est que les développeurs ne partagent pas vraiment l'enthousiasme du cinéaste... Pour eux, il faut aller davantage vers une orientation Fantasy (!), estimant que le cadre de la Seconde guerre mondiale est complètement dépassé et vieillot, en plus d'être faiblement attractif pour un jeu.

    Peter Hirschmann, producteur du jeu interviewé dans l'ouvrage de Jamie Russell, se souvient : "l'équipe disait que ce que les gens voulaient à ce moment-là, c'était surtout des fusils aux rayons laser. L'idée de créer un jeu s'inscrivant dans un contexte historique pertinent et dans un environnement vidéoludique Low tech était un vrai défi".

    Spielberg n'en démord pas : la précision historique pour son futur jeu est primordiale. Et pour mieux appuyer ses propos, il amène dans ses valises des conseillers techniques militaires et autres historiens, chargés de veiller à ce principe tout au long du développement du jeu. Une première à l'époque, pour une pratique qui s'est depuis largement répandue dans l'industrie du jeu vidéo.

    Un réalisme voulu dans le jeu mais dont la violence et les effets sanglants seront pourtant nettement purgés lorsque le titre sortira. La fusillade de Columbine et un énième débat sur la violence dans les jeux vidéo passèrent en effet par-là...

    Edité par Electronic Arts en 1999, l'énorme succès du titre a conduit à la création du studio Infinity Ward par des développeurs ayant travaillé sur Medal of Honor, désormais parti chez l'éditeur concurrent, Activision. Infinity Ward qui développera, comme les gamers le savent, la désormais indéboulonnable licence Call of Duty.

    En 2000, la filiale DreamWorks Interactive fut rachetée par Electronic Arts, qui popularisera encore plus la franchise des Medal of Honor avec Medal of Honor : Allied Assault sorti sur PC en 2002, et sa désormais célèbre séquence du débarquement allié tout droit inspirée de celle du film de Spielberg.

    Séquence souvenir pour les plus nostalgiques d'entre vous...

     

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