Dans Black Panther, le film de l'écurie Marvel mis en scène par Ryan Coogler, l'acteur Michael B. Jordan prête ses traits à Erik Killmonger, l'antagoniste principal du film, qui s'oppose à T'Challa, joué par le regretté Chadwick Boseman.
En juin 2019, l'AFI, l'American Film Institute, honorait la carrière du grand comédien Denzel Washington, en lui décernant un Life Achievement Award bien mérité. Dans cet exercice bien rôdé, divers talents et amis ayant travaillé avec la personne récompensée viennent se fendre d'un petit discours hommage sur un pupitre. Michael B. Jordan était de ceux-là.
Selon les propos rapportés à l'époque par le site Indiwire, Michael B. Jordan a évoqué le rôle que tenait Denzel Washington dans le très grand film Glory, d'Edward Zwick. Il y incarnait le soldat rebel Trip, au dos ravagé par les coups de fouets, rappelant qu'il fut un ancien esclave avant d'être un soldat dans cette authentique histoire du premier régiment Noir, qui se déroule durant la guerre de Sécession, en 1863. Livrant une fantastique composition, Washington fut récompensé à juste titre par l'Oscar du Meilleur second rôle.
L'acteur de Black Panther s'est ainsi inspiré de ce qu'avait fait Washington dans Glory pour construire son propre personnage. "J’ai entendu une histoire autour de Glory [...] Dans la scène autour du feu de camp, tu ne devais pas être torse nu mais tu avais quand même tes cicatrices dans le dos.
Pour que tu puisses les sentir, savoir qu’elles représentaient ce que ton personnage avait dû traverser. Je te le dis ce soir, mon frère, [ce rôle-là] c’est la seule raison pour laquelle j’ai joué Killmonger. J’avais moi aussi ces cicatrices, même si on ne les voyait pas, alors je voulais te remercier pour cela."
Une scène d'une très grande puissance émotionnelle
Un fort bel hommage effectivement, qui permet d'ailleurs de revenir sur cette séquence du film, d'une grande charge émotionnelle. C'est lors du tournage de la fameuse séquence où Denzel Washington subit la terrible humiliation d'être fouetté devant tout le régiment. Une scène très tendue à tourner.
"Les experts nous ont dit qu'en entrant dans ces camps, on voyait parfois des gars attachés à des roues. C'était leur punition. On vous attachait, on vous fouettait, et on vous laissait là. Rien à voir avec la couleur, c'était une punition militaire" expliquait Morgan Freeman, également tête d'affiche du film.
"Le fait de fouetter un homme en Géorgie, où tant d'autres avaient été fouettés auparavant, ça réveillait des démons" expliquait quant à lui Edward Zwick; "je ne savais pas vraiment ce que ça allait donner. J'ai cherché avec l'accessoiriste un moyen de faire la scène. Il avait une lanière de cuir sur laquelle il a mis de la couleur pour que ça ressemble à du sang. Il a dit : "ça piquera un peu, mais ça ne fera pas mal".
Et Denzel, qui un jour pareil est prêt à tout et rentre à fond dans la peau du personnage, ne voulait pas en parler. Je sentais un truc que Denzel n'avait pas envie d'explorer, et c'était l'humiliation la plus profonde, le vol de sa dignité.
J'ai dit à l'opérateur de mettre une bobine de 300 m sur la caméra, et j'ai dit au chef opérateur de ne pas s'arrêter, j'ai laissé tourner, jusqu'à ce que Denzel y arrive. Ce qu'il a découvert, c'est la perte de contrôle. Et ce qui s'ensuit est l'un des moments les plus forts que j'ai vu au cinéma".
Ci-dessous, la scène en question, d'une terrible et poignante intensité...