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    Méandre : un film influencé par les jeux vidéos de Hideo Kojima
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.

    Méandre, le film de SF du cinéaste français Mathieu Turi sort ce mercredi 26 mai au cinéma. AlloCiné s'est entretenu avec le réalisateur qui nous parle de son film et de son héroïne interprétée par Gaia Weiss.

    Trois ans après Hostile, le jeune réalisateur français Mathieu Turi revient avec Méandre, son second long-métrage. Emmené par la comédienne Gaia Weiss, déjà vue dans les séries Vikings et La Révolution, le long-métrage est un thriller horifique de science-fiction.

    Dans Méandre, une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer… 

    Présenté dans de nombreux festivals de films de genre donc Sitges, le film sort ce mercredi dans nos salles. AlloCiné s'est entretenu avec le réalisateur.

    Méandre
    Méandre
    Sortie : 26 mai 2021 | 1h 30min
    De Mathieu Turi
    Avec Gaia Weiss, Peter Franzen, Romane Libert
    Presse
    3,5
    Spectateurs
    2,2
    Voir sur Paramount+

    AlloCiné: Pouvez-vous nous présenter Méandre, un film de genre un peu hybride ?

    Mathieu Turi : Méandre est un film de science-fiction en huis-clos dans lequel une jeune femme se retrouve enfermée dans un tube étrange. Habillée d’une combinaison futuriste et munie d’un bracelet lumineux lui indiquant un compte à rebours, elle n’a d’autre choix que d’avancer si elle veut survivre.

    Toutes les 11 minutes, le tube prend feu. Pourquoi est-elle ici ? Qui l’a mise dans ce tube ? Quel est le but de tout ça ? C’est ce qu’elle va tenter de comprendre, tout en essayant de survivre à la multitude de pièges.

    Avec mon deuxième long-métrage, j’avais cette idée de faire un huis-clos qui va à l’inverse de la convention classique de ce genre de film. Car la plupart du temps, on parle d’un personnage qui ne peut pas bouger. Ici, c’est exactement le contraire ! Si Lisa n’avance pas, elle meurt !

    Cette dynamique de mouvement perpétuel m’intéressait tout particulièrement.

    Alba Films

    En lisant le synopsis on pense forcément à Cube... Quelles ont été vos influences ?

    Bien évidemment, on se rapproche de Cube dans le concept global. J’adore le travail de Vincenzo Natali, mais j’avoue ne pas avoir revu Cube depuis que je l’ai découvert étant adolescent. Alors oui, inconsciemment, il doit y avoir quelques touches qui se rapprochent de son travail, mais pour les influences conscientes, je dirais que ça va surtout chercher du côté du jeu vidéo.

    Je suis un grand fan de Hideo Kojima (Metal Gear Solid), et j’ai eu la chance de le rencontrer suite à la sortie japonaise de mon premier long-métrage. J’admire son travail, et j’ai puisé quelques références dans l’imagerie de son dernier jeu, Death Stranding, mais aussi dans une autre œuvre du maître, appelée P.T. (ndlr : une démo horrifique conçue comme une forme de teaser du jeu Silent Hill). De manière plus métaphorique...

    J’essaie toujours d'avoir des influences plus symboliques que frontales et le déroulement de Méandre pourrait se comparer dans son ensemble au principe même du jeu vidéo à épreuves, avec un gros soupçon de gore et de violence. 

    Nous avons inventé un système de machinerie pour pouvoir tourner.

    Tourner dans des tunnels a dû être compliqué. Comment s'est déroulé le tournage ?

    C’était un véritable défi. Nous le savions dès le début avec l’équipe, donc dès la conception du décor, nous avons dû trouver des moyens pour ne pas limiter la mise en scène. Je voulais éviter à tout prix de me retrouver coincé à ne faire que des plans « simples », et de trouver le rythme et le style du film seulement au montage.

    Donc pendant la préparation, dans un premier temps, j'ai dessiné chaque plan. J’ai ainsi eu ce qui ressemble plus à une bande-dessinée qu’à un story-board, mais ça aide à communiquer avec l’équipe. Dès le début, je voulais des plans complexes, du mouvement, pour suivre le parcours de Lisa, et mettre le spectateur directement à ses côtés, et pas « dehors ».

    Nous avons dû inventer tout un système de machinerie, parfois même pour un seul plan ! Par exemple, pour les longs plans en mouvement face et dos à Lisa, la caméra était installée dans une sorte de cage montée sur roulettes, le tout surmonté d’une très longue barre de métal. Imaginez une sorte de four à pizza, et la caméra, c’est la pelle qui permet de mettre les pizza à l’intérieur.

    Vous avez maintenant une petite idée de comment nous avons pu faire certains plans, notamment celui où Lisa fonce vers la caméra et qu’on recule avec elle dans le tube, à toute vitesse, sur plus de 12 mètres.

    Alba Films

    Gaïa Weiss porte le film sur ses épaules. Pouvez-vous nous parler de sa prestation et de son entraînement pour ce film ?

    En effet, Gaïa Weiss porte le film sur ses épaules. Donc en plus d’être une excellente comédienne, il fallait aussi qu’elle soit très physique, mais qu’on garde une certaine innocence et une souffrance crédible, comme si elle découvrait le tube petit à petit.

    Nous avons beaucoup travaillé au fur et à mesure, car dès le départ, l’idée était de tourner au maximum dans l’ordre chronologique. Cela nous a permis de continuer à trouver le personnage ensemble tout au long du tournage. Ce fut une expérience très enrichissante, et je lui dois beaucoup, car en plus d’être de chaque plan, elle avait perpétuellement une caméra collée au visage… littéralement !

    Nous avons besoin de ce regard féminin sur le monde, et il est bien trop rare.

    Hostile et Méandre sont tous deux portés par des femmes, c'est encore malheureusement trop rare dans les films de genre. Est-ce important pour vous d'avoir des personnages féminins forts dans vos films ?

    Ce qui est important, c’est l’histoire, et pourquoi on la raconte. Quand j’ai commencé à écrire des scripts, je suis parti sur trois idées de films : Hostile, Méandre, et un autre projet qui ne sera pas mon prochain film, mais qui se fera sûrement un jour.

    Il se trouve que ces trois projets ont tous pour centre des personnages féminins, mais je ne sais même pas si je l’ai fait consciemment. C’est d’abord l’histoire qui guide tout ça.

    Par exemple, avec Méandre, je voulais parler de maternité et de naissance, donc ce fut assez naturel. Dès le départ, je voulais éviter le côté voyeur. Nous ne sommes pas là pour regarder une femme souffrir et se dandiner dans un tube, mais pour être à ses côtés et partager son expérience, aussi bien physique que mentale.

    Plus généralement, c’est évidemment important d’avoir des personnages féminins forts dans le cinéma, mais c’est encore plus important d’avoir des réalisatrices, autrices et productrices à qui on laisse autant de chance qu’aux hommes de s’exprimer par leur art et par leur travail.

    Nous avons besoin de ce regard féminin sur le monde, et il est bien trop rare. Ça change petit à petit, mais on est encore loin du compte.

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    Le cinéma de genre est un vecteur d'émotion puissance 1000.

    Qu'est-ce qui vous plaît dans le cinéma de genre ?

    Le cinéma de genre permet d’exprimer énormément d’idées et de parler à la part primitive qui est en chacun de nous. C’est, je pense, pour cela que ce cinéma est un vecteur d’émotion puissance mille, surtout en salle. On aime se faire peur, on aime partager cette émotion à plusieurs. C’est un cinéma tourné vers son public.

    La diversité du genre et sa capacité à sans cesse se renouveler sont pour moi l’explication du succès du genre, qui prend de plus en plus de place, entre l'expansion des plateformes et l’arrivée d’une génération de producteurs et de financiers qui ont grandi avec ce cinéma, le comprennent et l’apprécient.

    Notre live Instagram avec Gaia Weiss

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