De quoi ça parle ?
Cette famille pense avoir connu le pire avec l'incarcération de son plus jeune fils, mais ses malheurs sont loin d'être terminés...
Courage et sentiments
Dans A Sun, le réalisateur taïwanais Chung Mong-hong suit le quotidien d’une famille ordinaire. Le père (Chen Yi-wen) est instructeur d’auto-école, la mère (Samantha Shu-Chin Ko) est coiffeuse dans ce qui ressemble à un club de strip-tease. Ensemble, ils ont deux fils que tout oppose. L’aîné (Greg Han-Hsu) est étudiant en médecine. Son plus jeune frère, A-Ho (Wu Chien-ho), est un petit délinquant au caractère farouche.
Mouton noir de la famille, A-Ho est ignoré par son père qui n’a d’yeux que pour son aîné. A fleur de peau, le jeune homme paie cher une faute dont il n’est pas totalement responsable. Pour son cinquième long métrage, Chung Mong-hong injecte un combo de tendresse et de violence dans ce récit où les émotions ne s’expriment que par éclats.
La famille entière se retrouve à devoir lutter pour sa survie, lorsque les deux fils prennent des décisions dévastatrices qu’on ne révélera pas ici pour ne pas gâcher l’effet de surprise. Dans ce drame émouvant, Chung Mong-hong pose une question philosophique, que chacun est susceptible de rencontrer une fois dans sa vie : est-il possible de survivre en étant une bonne personne dans ce monde perfide ?
Ce drame qui fait réfléchir est un peu long mais bien rythmé. Plein d'incidents surviennent de manière chaotique, à l’image de la vie. Certains tragi-comiques, d’autres vraiment dramatiques. Magnifié par des performances nuancées, A Sun se rapproche à sa manière des familles aimantes mais désordonnées de Ken Loach.
Passé inaperçu
Ce drame qui chamboule tous ceux qui l’ont vu est pourtant passé quasi inaperçu. Y compris aux yeux de Netflix qui le diffuse. Le critique américain Peter Debruge de Variety le classe à la première place de son top des films de l’année 2020, mais cela n’a guère suffi à sa notoriété.
Difficile de comprendre pourquoi et comment ce film, d’un réalisateur établi, présenté au Festival International du Film de Toronto, récompensé du prix du meilleur film dans son propre pays a pu être à ce point ignoré…
A une époque où le monde est inondé de "contenus", certaines des plus belles œuvres peuvent sombrer dans l’oubli avant même d’avoir été remarquées. Grâce aux plateformes de streaming, les films n’ont jamais été aussi faciles d’accès, mais en même temps, ils deviennent invisibles…
Il serait vraiment dommage que ce superbe A Sun reste plus longtemps ignoré.