Situé à l'Est des États-Unis, l'État de Géorgie héberge de nombreux tournages hollywoodiens. Décor idéal pour les productions en tout genre, il devait également accueillir l'équipe du nouveau film d'Antoine Fuqua, Emancipation, avec Will Smith dans le premier rôle. Pourtant, une loi électorale promulguée par le gouverneur républicain Brian Kemp suscite l'indignation de nombreuses personnalités et contraint l'équipe du film à réagir.
Le texte, qui fait suite aux dernières élections présidentielles, vise à lutter contre la fraude en durcissant les contrôles d'identité des électeurs qui votent par correspondance. Cette loi restreint notamment l'accès aux urnes aux communautés minoritaires et principalement aux électeurs afro-américains. Une atteinte à la liberté de vote qui force la production d'Antoine Fuqua à boycotter le territoire et à tourner dans un autre État.
"Alors que la Nation se réconcilie avec son histoire et tente d'éliminer les vestiges du racisme institutionnel pour une meilleure justice raciale, nous ne pouvons pas, en toute conscience, apporter un soutien économique à un gouvernement qui vote des lois régressives promulguées pour restreindre l'accès des électeurs", ont déclaré le réalisateur et Will Smith dans un communiqué partagé par l'Agence France Presse.
Un État controversé
Le tournage d'Emancipation devrait finalement se dérouler en Louisiane, mais ce changement de programme a un coût : 15 millions de dollars. L'État de Géorgie, qui dispose de rabais fiscaux avantageux pour les productions, avait déjà suscité la colère de la Mecque du cinéma en 2019 en renforçant sa loi sur l'avortement.
Scénarisé par William N. Collage, le thriller signe la première collaboration entre Antoine Fuqua et Will Smith. Ce dernier incarnera un esclave qui fuit sa plantation située en Louisiane pour rejoindre l'Armée de l'Union. Le film est inspiré de faits réels et notamment du destin de Peter - aussi appelé Gordon -, un esclave dont le dos fouetté avait été photographié et publié dans les pages de The Independent en mai 1863. Ce cliché insoutenable, aujourd'hui mondialement connu, était devenu l'illustration même de la barbarie subie par les esclaves durant la Guerre de Sécession.